Réalisé par Paul Verhoeven (II)
Avec
Lutz Moik, Hanna Rucker et Paul Bildt
Édité par Artus Films
Le jeune Peter Munk vit chichement de la vente du charbon de bois qu’il produit dans la Forêt-Noire. Barbouillé, en guenilles, il est la risée de tous et sans grand espoir d’obtenir la main de la belle Lisbeth, la reine du bal organisé pour la fête du village. Il va demander l’aide du bon esprit de la forêt qui réalise ses deux voeux, devenir riche et bon danseur…
Coeur de pierre (Das kalte Herz), réalisé en 1950 en Allemagne de l’Est par l’acteur et cinéaste allemand Paul Verhoeven (1901-1975, sans aucun lien de parenté avec l’auteur néerlandais de Total Recall), réalisateur prolixe d’une quarantaine de films et d’autant de téléfilms.
Le scénario de Coeur de pierre est l’adaptation de Der kleine Muck, un des contes de fée publiés par Wilhelm Hauff, un an avant sa mort à l’âge de 24 ans, dans le Märchenalmanach auf das Jahr 1826.
En associant deux genres, le Heimatfilm, avec folklore, musique et danses bavaroises, et le fantastique, avec deux « esprits de la forêt », Holländermichel (Michel Le Hollandais), un géant fauteur de catastrophes, l’incarnation du mal, et Glasmännlein (le Petit homme de verre), un bon sorcier, Coeur de pierre, produit par la prétendue République Démocratique Allemande, délivre clairement son message anticapitaliste : l’argent durcit le coeur de l’honnête travailleur et ne peut faire que son malheur et celui de ses proches.
Si les acteurs principaux, Lutz Moik, dans le rôle de Peter Munk, et Hanna Rucker, dans celui de Lisbeth, sont un peu fades, l’atout majeur de Coeur de pierre est la photographie de Bruno Mondi, un des chefs-opérateurs de Les Trois Lumières (Der müde Tod, Fritz Lang, 1921) à ses débuts et de plus d’une centaine d’autres films, dont La Ville dorée (Die goldene Stadt, Veit Harlan, 1942), associé à Ernst Kunstmann, créateur en 1927 des effets visuels du Metropolis de Fritz Lang.
Coeur de pierre, un film à découvrir, vient enrichir le filon des films fantastiques de patrimoine venus de l’Est du catalogue Artus Films, presque tous inédits en vidéo en France, tels Le Vieux Khottabych (Gennadiy Kazanskiy, 1957), deux films d’Aleksandr Ptushko Le Géant de la steppe (1956) et Le Conte du tsar Saltan (1967), Morgiana (Juraj Herz, 1972), Trois noisettes pour Cendrillon (Václav Vorlíček, 1973)…
Coeur de pierre (104 minutes) et ses suppléments (29 minutes) sont supportés par un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un Digipack à deux volets, glissé dans un étui.
Le film est proposé dans sa langue, l’allemand, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Linear PCM 2.0 mono.
Le Petit charbonnier et les esprits de la forêt : présentation du film par Christian Lucas (2024, 23’). Deux contes populaires de Wilhelm Hauff ont été plusieurs fois adaptés à l’écran, Zwerg Nase (Nez de gnome) et, surtout, Le Petit Muck. La guerre suspendit en 1944 la production par la UFA de Coeur de pierre que relancera la DEFA (Deutsche Film AG) en 1950 en lui allouant le confortable budget de 4 millions de Deutsch Mark. Ce fut le premier film est-allemand en couleurs, photographié par Bruno Mondi, futur chef-opérateur de Sissi (Ernst Marischka, 1955) dont la virtuosité est révélée dès le début du film par un plan-séquence au milieu de la foule réunie pour la fête du village. L’énorme succès commercial de Coeur de pierre suscita la production de nombreux films de contes de fée en Allemagne.
Galerie photos : diaporama (3’) : affiche, lobby cards et photos du film.
Bande-annonce (2’44”, VO).
L’image, au ratio de 1.33:1 (1.37:1 au dos de l’étui), réencodée au standard 1080p AVC, a été soigneusement débarrassée des marques de dégradation de la pellicule. Une bonne résolution a été obtenue, mais au prix d’un complet lissage du grain qui dénature la texture du 35 mm et donne aux acteurs des visages de statues de cire. L’étalonnage, s’il restitue assez bien la palette peu saturée de l’Agfacolor, manque aussi de cohérence, avec des visages virant occasionnellement au gris.
Le son non compressé Linear PCM 2.0 mono, très propre, sans souffle, situé dans la bande élevée du médium, parfois un peu agressif, délivre dialogues, musique et ambiance dans un bon équilibre.
Le doublage en français, au même format, propre lui aussi, mais gâché par des dialogues trop en avant et manquant terriblement de naturel, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.
Crédits images : © Deutsche Film