L'Ange bleu (1930) : le test complet du DVD

Blaue engel, Der

Réalisé par Josef von Sternberg
Avec Marlene Dietrich, Emil Jannings et Kurt Gerron

Édité par Films sans Frontières

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Le 22/07/2001
Critique

Professeur intransigeant avec ses élèves, M. Rath (Emil Jannings) apprend que ceux-ci passent leurs soirées dans un bar, « L’ange bleu », faisant la cour à une chanteuse envoûtante, Lola Lola (Marlene Dietrich, sublime). En les suivant dans cet établissement pour leur faire passer le goût de se coucher tard, le professeur Rath va tomber sous le charme de Lola Lola. Tomber n’est pas un faible mot, puisque cet amour va le faire sombrer dans la déchéance.

A l’instar du nom de la chanteuse, le film se compose de deux parties quasiment identiques, comme un reflet renvoyé par une glace. La césure est stigmatisée par l’unique mouvement de caméra de ce film très statique : un travelling arrière sur une classe vide (image réutilisée à la toute fin du film). Tous les détails qui vous semblaient anodins dans la première partie du film se teintent d’ironie.

Soudain tout s’éclaire, l’envoûtante et trouble Lola expose son vrai visage et nous nous demandons comment le professeur Rath a-t-il pu se laisser berner et surtout comment avons-nous pu NOUS laisser berner ? Étant, en tant que spectateurs, mis au même niveau que Jannings, la descente aux enfers de son personnage n’en est que d’autant plus poignante. Quand on le voit habillé en clown, humilié et hébété, on repense à cette scène où, poupon adulte, il se faisait recoiffer par Lola : il n’était en fait qu’un pantin grotesque entre les mains de cette déesse des bas quartiers.

Le coup de génie de Joseph Von Sternberg pour ce film, outre cette superbe mise en abîme, est d’avoir confié le rôle à Marlene Dietrich, qui nous hypnotise par son charisme et son sex-appeal. Elle deviendra fort justement une star, dont le nom reste encore mythique de nos jours. Von Sternberg tournera quatre autres films avec la star, travaillant sur la lumière pour mettre en valeur celle qui fut sa muse.

Quant à Emil Jannings (de son vrai nom Theodor Friedrich Emil Janentz), il était un des plus grands acteurs d’avant-guerre. On a pu le voir dans « le Dernier des hommes », de Murnau. En 1927, il décroche le premier oscar du meilleur acteur. N’étant pas à l’aise avec l’anglais, après « L’ange bleu » sa carrière décline. Populaire en Allemagne, il deviendra acteur d’État et tournera surtout des films de propagande pour le IIIe Reich. Arrêté après la guerre, il sera finalement relâché et finira ses jours en Autriche.

Présentation - 3,0 / 5

Un menu fixe et muet, qui prend la forme d’un photomontage en noir et blanc, une navigation sobre mais fonctionnelle.

Bonus - 3,0 / 5

Une note déroulante sur le film et riche en enseignements, plus deux filmographies : l’une sur Joseph Von Sternberg et l’autre sur Marlene Dietrich. Un entretien avec un historien auquel un réalisateur aurait apporté un peu de vie à un ensemble un peu trop didactique…

Image - 3,0 / 5

Correcte dans l’ensemble, l’image présente de nombreuses puces, des rayures, et quelques déchirures, plus un manque de profondeur de champs dus au tournage en studio. Enfin, un contraste peu prononcé. Heureusement, la compression est sublime.

Une restauration s’impose pour que ce chef-d’oeuvre soit encore admiré dans les décennies à venir.

Son - 4,0 / 5

Premier film parlant allemand, « L’ange bleu » bénéficie d’un son très bon malgré des voix cahotantes (typiques des premiers parlants), du souffle (très peu dérangeant), et quelques petits craquements ici ou là. Pour une bande-son vieille de soixante-douze ans, c’est un bon état de conservation, surtout que le DVD ne fait aucune mention de restauration.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Samsung 16/9 70 cm
  • Sharp DV-560S
  • Pioneer 609 RDS
  • Pack JBL SCS 75