Viridiana (1961) : le test complet du DVD

Réalisé par Luis Buñuel
Avec Silvia Pinal, Francisco Rabal et Fernando Rey

Édité par Films sans Frontières

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Le 22/07/2001
Critique

Dans l’Espagne franquiste, Viridiana, retirée dans un couvent, va rendre visite à son oncle, un fétichiste hanté par le souvenir de sa femme, à laquelle Viridiana ressemble comme une goutte d’eau. Troublée, la jeune femme décidera de rester dans la maison familiale après le suicide de son oncle. Elle se tournera vers les pauvres, les accueillant dans les dépendances de la vaste demeure occupée désormais par son cousin, adepte des plaisirs de la vie.

C’est une charge sans concession à l’encontre de la religion que Buñuel nous livre avec ce film. La douce et pieuse Viridiana se révèle être une bigote ridicule, voire une pharisienne, effrayée par le contact des pis (phalliques) d’une chèvre, et se promenant suivie de ses pauvres comme le Roi Soleil suivi par sa cour (des miracles).

Elle utilise son statut pour recueillir des mendiants, sans chercher pour autant à les réintégrer en leur offrant du travail ; elle se contente de les entraîner dans les champs telle une bergère menant son troupeau. Dans un montage parallèle, d’une grande portée cynique, Buñuel opposera les mendiants qui prient au soleil et les ouvriers qui travaillent d’arrache-pied à la restauration de la villa.

Le film se termine sur un banquet de mendiants (que ne renieraient pas les Rolling Stones), quand les gueux, recueillis par Viridiana, décident de s’offrir une soirée dans le luxe de la grande maison. Bien que leurs intentions ne soient pas mauvaises, l’alcool aidant, ils vont se livrer à un jeu de destruction sur la riche salle à manger. Buñuel se garde de charger les miséreux ; la critique pointe en direction de Viridiana, qui leur a étalé tout ce luxe sous le nez, sans leur offrir une seule chance d’en profiter ou de se réintégrer dans la vie active.

On a ici l’oeuvre d’un esprit libre, en avance sur son temps, une de ces figures fortes du cinéma qui n’a jamais hésité à coucher ses opinions sur la pellicule. Chapeau bas, monsieur Buñuel !

Généralités - 3,5 / 5

L’affiche du film avec ses visages gris et marqués est envoûtante. Un menu fixe et muet, un photomontage aux couleurs artificiels mais vifs comme les opinions que nous inspirent le film.

Chaque page possède des curseurs de navigation qui leur sont propres, dont le plus étonnant est celui du chapitrage qui représente une femme couchée, comme morte (pauvre Ophélie !).

Bonus - 3,0 / 5

Didactiques : une filmographie sélective de Luis Buñuel et des notes de productions. Un reportage sur Buñuel aurait été le bienvenu…

Image - 4,5 / 5

A l’exception de quelques puces blanches, on a droit ici à un excellent master ; la pellicule originale a été conservée avec soin. Des noirs profonds, aux blancs éclatants, toute une palette de nuances s’offrent à vous.

La compression frise la perfection, hormis quelques panoramiques difficiles. Image en 16/9 anamorphique.

Son - 4,5 / 5

Un mono de bonne qualité, généralement très clair, tout juste notera-t-on quelques effets de saturation sur certaines répliques.

Pour un film qui date du début des années Soixante, il est étonnant qu’il n’ait pas été doublé, et s’il l’a été, pourquoi cette version ne figure t’elle pas sur le disque. Avec un DVD, le consommateur doit être libre de choisir la langue dans laquelle il souhaite visionner le film, non ?

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Samsung 16/9 70 cm
  • Sharp DV-560S
  • Pioneer 609 RDS
  • Pack JBL SCS 75