Réalisé par Woody Allen
Avec
Woody Allen, Diane Keaton et Michael Murphy
Édité par MGM / United Artists
Dans l’immense filmographie de Woody Allen - n’oublions pas
que l’artiste écrit et tourne un film par an ! - « Manhattan »
restera comme une oeuvre un peu à part. Tourné en 1979
exceptionnellement en noir et blanc et en cinémascope, le
film se veut être une comédie romantique, tantôt drôle,
tantôt nostalgique. Allen y incarne un scénariste désabusé et
angoissé. Vivant une histoire d’amour décalée avec une jeune
fille de dix sept ans, il tombera sous le charme d’une
journaliste plutôt snob et prétentieuse mais sentimentalement
fragile et qui n’est ni plus ni moins que la maîtresse de son
meilleur ami !
Comme toujours chez l’auteur il y a un certain cynisme,
empreint de réalisme. Mais avec Allen la critique est toujours
fine, bien menée ; il ne porte jamais un regard pesant et
méchant sur les personnages les plus fondamentalement
détestables de ses films. Son réalisme se dédouble toujours
d’un ton poétique majeur. Manhattan se veut un hommage
magnifique à New York, ville si chère à Allen, hommage sublimé
par la partition musicale de Gershwin. Rarement l’apport
musical aura été si important et si suggestif. Depuis,
certaines scènes, associées à cette musique, sont devenues
des classiques du Septième Art : pour exemples, voyez le
générique (chapitre 1), la scène du pont (chapitre 8) et la
scène finale (chapitre 23). Woody Allen a signé là un film
poétique, réaliste et onirique, synthèse sans doute la plus
parfaite de toute une oeuvre cinématographique personnelle,
pertinente et raffinée.
Le packaging est très beau et soigné comme souvent chez MGM. La jaquette, fidèle à l’affiche originale du film, reprend au verso le résumé de l’histoire, les langues proposées en mono (français, anglais, allemand, italien espagnol) et les différents sous-titres (douze au total). A noter la présence de sous-titres pour malentendants en anglais et allemand… mais pas en français ! A l’intérieur du boîtier se trouve, tel qu’il est mentionné, un livret de quatre pages fourmillant d’anecdotes intéressantes. Des menus semi-animés et muets nous sont offerts ; on regrettera peut-être la non-utilisation de la musique de Gershwin sur toute l’interactivité. Cette dernière, d’une esthétique réussie, nous guide clairement vers les choix des langues et des sous-titres, vers les chapitres et la bande-annonce originale. Présenté en 16/9 anamorphique et en mono, l’ensemble est plutôt bien compressé pour un film de 1979. On aurait aimé davantage de suppléments que cette maigre bande-annonce. Cette édition est soignée et, à défaut d’apporter des effets sonores impressionnants et des suppléments dithyrambiques, les fans du réalisateur retrouveront avec plaisir la plus belle copie parue à ce jour de ce classique du cinéma romantique.
Une bande-annonce non sous-titrée. C’est tout ! On aurait souhaité au moins une interview de Woody Allen !
Il est toujours délicat de critiquer un noir et blanc, d’autant plus qu’ici il s’agit d’un choix délibéré d’Allen. L’image en cinémascope ne souffre en tout cas d’aucun défaut majeur de compression et elle souligne sublimement la magnifique photographie du film. Même si certaines scènes peuvent paraître un peu sombres et en contre-jour, elles résultent, tel qu’il est signalé un peu plus haut, d’un choix artistique du réalisateur.
Tout fan de Woody Allen se doit obligatoirement de voir le film dans sa version originale. Ici on est un peu déçu par la légère faiblesse de la VO par rapport à la clarté des autres pistes de doublage. Un Dolby 2.0 mono est proposé dans toutes les langues mais il est préférable de regarder le film uniquement avec le son de l’enceinte centrale. Par contre, la dynamique de la piste musicale de Gershwin est bien restituée : un motif de satisfaction quand on connaît l’importance de la musique jazz chez Woody Allen et tout particulièrement dans ce film.