Réalisé par Merian C. Cooper
Avec
Fay Wray, Robert Armstrong et Bruce Cabot
Édité par Éditions Montparnasse
Ce n’était pas les avions, mais la belle qui a tué la bête. Et, près de 70 ans après sa naissance, l’ancêtre de tous les monstres ne perd pas un gramme de sa puissance. « King Kong » EST le cinéma. Ce rollercoaster d’aventure exprime tous les ingrédients du rêve : la quête de la Bête dans l’île inconnue, la Belle en danger, le choc des cultures (Kong raméné de force à New York, la fin sur l’Empire State Building), et des références falliques à faire tourner la tête à Sigmund Freud. « King Kong » suscite à la fois un profond sentiment de tristesse (qui ne voudrait pas voir la bête triompher ?) et une admiration sans pair pour la stop-motion animation de Willis O’Brien, qui conçoit un bestiaire époustouflant pour l’époque. A voir et revoir avec une ferveur religieuse, ou juste avant « Jurassic Park », et à conserver sans hésitation.
Ce DVD contient 2 King Kong : l’édition coupée, et la version récemment réstaurée aux US. Au fil des années, les fans avaient idolâtré ces séquences « excessives » et coupées à l’époque (Kong qui déshabille Fay Wray comme une Barbie, qui piétine et mâche les indigènes, qui jette une fille dans le vide). En fait, la plupart de ces scènes avaient déjà été restaurées dans les copies récentes en France. Les 15 minutes supplémentaires sont pour l’essentiel des scènes de dialogues, qui donnent une dimension supplémentaire au récit. Editions Montparnasse n’a pas les moyens d’une Criterion, mais elle fait le possible pour offrir le meilleur « King Kong » cinéphile en France. Le packaging et les interfaces animées sont à la hauteur du contenu de ce titre-phare de la collection. A noter qu’on ne peut pas passer d’une version à l’autre, à cause de l’absence du doublage français sur les scènes coupées.
La grosse feature du disque consiste dans l’inclusion des deux montages, accessibles via les chapitres. Très intéressant aussi un essai autour des effets spéciaux, avec des illustrations sur la rétroprojection et la projection miniature. Le disque aligne aussi quelques affiches, et des extraits des autres titres de la collection. Mais le bonus le plus sympathique est sans doute la présence de 5 titres extraits de la BOF (re-enregistrée), avec une biographie du compositeur Max Steiner. Au rayon des regrets, les possesseurs du fabuleux LaserDisc NTSC de Criterion vont pleurer l’absence des restes archéologiques de la séquence des araignées géants, et surtout les premiers courts-métrages de Willis O’Brien (dont l’inoubliable « Creation »). Une comparaison entre les deux versions aurait aussi été la bienvenue. Si l’édition « ultime » de « King Kong » reste encore à faire en France, ce DVD démontre que l’éditeur est sur la bonne voie.
C’est un rollercoaster, tout comme le film. On sait à quel point la pellicule de « King Kong » a été harcelée par le temps qui passe, et par tous ces idiots qui étaient assis sur un trésor du cinéma, et qu’il fallait secouer pour qu’ils comprennent la signification du mot « restauration ». On serait presque tentés de ne pas donner de notation, car la qualité technique du DVD dépend de la source originale. La version longue montre les efforts menés par les archivistes américains, avec quelques séquence d’une clarté et un piqué admirables. Le source française vient d’outre-tombe, mais sa principale raison d’être est de fournir une repère aux cinéphiles et passionnés qui voudront comparer les deux versions.
Discours sensiblement identique au précédent : le DVD est le réflet de l’état de santé de la copie cinéma du 1933. La VO redonne de la clarté aux voix et aux musiques de Max Steiner, tandis que la VF est exhumée d’un cercueil. Les fans du film ne manqueront pas d’écouter les 5 titres bonus de la BOF, où la qualité est au rendez-vous.