Réalisé par David Lean
Avec
Peter O'Toole, Alec Guinness et Anthony Quinn
Édité par Sony Pictures
T.E. Lawrence, jeune sous-lieutenant indiscipliné, a été affecté dans une garnison britannique stationnée au Caire. Convaincu que les ordres de ses supérieurs ne devaient pas entraver ses initiatives, il s’engage en 1917 aux côtés de l’émir Fayçal et du prince Auda Abu Tayi, à la tête de mercenaires, pour organiser la révolte des tribus arabes contre les Turcs, alliés de l’Allemagne, qu’il chassera des villes d’Aqaba, de Tafileh, puis de Damas.
David Lean fut le premier à oser réaliser un film sur T.E. Lawrence, personnage aujourd’hui encore controversé. L’énorme succès de son film précédent, Le Pont de la rivière Kwai, lui valut carte blanche du producteur Sam Spiegel pour la réalisation du film dont le tournage dura 27 mois.
Une réussite retentissante : 7 oscars, dont celui du meilleur film, une machine à moissonner les oscars comme Autant en emporte le vent, Cléopâtre ou Ben-Hur (11 oscars à lui tout seul, record à battre !). On retrouve le même cérémonial avec tous ces grands films dont la durée flirte avec les quatre heures : une ouverture et un entr’acte en musique, ici une composition inspirée de Maurice Jarre, qui venait de terminer la partition d’un autre film-fleuve, Le Jour le plus long. Il allait, ensuite composer la musique de trois autres grands films de David Lean, Le Docteur Jivago, La Fille de Ryan et La Route des Indes.
Sur un scénario adapté du livre autobiographique de T.E. Lawrence, The Seven pillars of wisdom, la grande maîtrise de David Lean (un des dix meilleurs réalisateurs britanniques de tous les temps) acquise après une première expérience de monteur et de scénariste, avec quelques remarquables films à petit budget, Brève rencontre et deux adaptations de Dickens qui viennent de sortir sur Blu-ray, Les Grandes espérances et Oliver Twist, nous vaut un chef d’oeuvre du film d’aventures.
Dans des paysages grandioses, un casting à la hauteur des ambitions du réalisateur : aux côtés d’acteurs renommés comme Alec Guinness, un habitué de David Lean et Anthony Quinn, deux autres, presque inconnus, mais qui n’allaient pas tarder pas à inscrire leur nom en grandes lettres sur les affiches : Peter O’Toole et Omar Sharif.
Ce film, qui fête ses cinquante ans sans la moindre ride, possède une autre vertu liée à son âge, celle de l’authenticité : pas de recours aux effets spéciaux numériques, souvent trop visibles dans les productions récentes. Ici, tout est réel, jusqu’aux mirages filmés dans le désert. Enfin presque tout, puisque les scènes censées se passer au Caire ont été filmées à Séville !
Pas de superflu pour cette édition double (en contraste avec les fastes ruineux de l’Édition Deluxe Limitée et numérotée sortie simultanément !) : deux Blu-ray dans un boîtier bleu, inséré dans un cartonnage. Nouveaux menus, réussis.
On retrouve presque tous les suppléments du beau coffret de 3 DVD en édition limitée et numérotée sortie en 2002, à l’exception du documentaire de 85’ qui revisitait, 40 ans après, les lieux du tournage (Séville, Almeria, Jordanie et Ouarzazate). Ce documentaire est repris dans l’édition Deluxe, avec une généreuse palanquée d’autres suppléments, logés sur un troisième disque.
La nouveauté, c’est le parti tiré des possibilités du Blu-ray avec le « picture-in-graphics track » qui fait apparaître, en plein écran 1.77:1, des fiches avec textes et iconographie, pendant que le film continue de défiler, réduit au quart de sa taille normale. Pas moins de 147 fiches, soit en moyenne plus d’une toutes les deux minutes, liées aux lieux, aux personnages, aux faits historiques. Passionnant à condition de lire l’anglais.
Les autres suppléments, tous logés sur le deuxième Blu-ray.
Le premier, Peter O’Toole se remémore Lawrence d’Arabie (21’07), au format 1.77:1, est inédit, tourné en 2009 et bourré d’anecdotes intéressantes.
Suit, repris des éditions précédentes, au format vidéo 1.33:1 et en SD, un passionnant documentaire sur le tournage (51’) qui donne une bonne idée des difficultés de tournage avec les lourdes et encombrantes caméras Super Panavision 70mm, les variations extrêmes de température, chaleur accablante dans la journée, froid glacial la nuit, les tempêtes de sable. Puis une courte, mais dense, intervention de Steven Spielberg (8’49) qui nous confie que c’est son film préféré, avec Le Pont de la rivière Kwai (voilà, à coup sûr, un fan de David Lean !) et qu’il a été frappé par l’originalité de l’enchaînement où aussitôt après que Lawrence ait soufflé une allumette le soleil se lève sur le désert.
Viennent ensuite quatre courts métrages sur le casting des chameaux (2’), À la recherche de Lawrence (5’), Romance d’Arabie (4’37), Du vent, du sable et des étoiles, sur le Djebel Tubeiq en Jordanie (4’32). Puis La première à New York (1’08).
Pour finir, les campagnes de promotion du film (4’51) dont la durée a été réduite progressivement à trois heures pour faciliter l’exploitation en salles. Il faudra attendre la restauration de 1989, faite sous le contrôle de David Lean, pour que le film retrouve sa durée originelle.
Si le chroniqueur de DVDFR.com avait attribué la meilleure note à l’image de l’édition de 2002, une nouvelle restauration et le transfert 4k opérés en 2012 l’améliorent encore, notamment par un gain de résolution, nettement discernable dans les plans larges mais qui laisse intacte la texture de l’original argentique.
La restauration a, là encore, atteint l’optimum avec la piste DTS-HD MA 5.1 de la version originale, plus dynamique que le doublage français qui doit se contenter du format DD 5.1, ce que la durée exceptionnelle du film logée sur un seul disque peut légitimer (dans l’édition de 2002, le film tenait sur deux DVD). Le remixage 5.1, opéré en 2002, aboutit à une spatialisation convaincante, parfois spectaculaire, comme dans la scène de l’attaque aérienne à 39’ et met en valeur l’ample accompagnement musical.