The Sadness (2021) : le test complet du 4K UHD

Ku bei

4K Ultra HD + Blu-ray - Édition limitée

Réalisé par Rob Jabbaz
Avec Berant Zhu, Regina Lei et Chen Ying-Ru

Édité par ESC Editions

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Le 01/12/2022
Critique

Venu de Taiwan, réalisé par un Canadien, ce curieux film repousse les limites de la représentation réaliste de la cruauté à l’écran.

Sadness

Taipei, de nos jours. Kat a organisé, pour la semaine suivante, une escapade au Parc national de Kenting avec Jim, son amant, qui lui dit être malheureusement retenu par un travail important. C’est un peu fâchés qu’ils se quittent pour regagner leur bureau dans une ville soudainement touchée par le virus Alvin qui s’est répandu à Taiwan. Les personnes contaminées deviennent possédées par une folie meurtrière. Les autorités sont visiblement dépassées face à un fléau qui met le pays à feu et à sang.

The Sadness (Ku bei), sorti à Taiwan en janvier 2021 et dans nos salles en juillet 2022, est le premier long métrage du Canadien Rob Jabbaz, installé depuis quelques années à Taiwan. Il s’était fait la main en réalisant quatre courts métrages, dont trois animations (deux de ses courts métrages complètent cette édition).

The Sadness, filmé à Taiwan, en grande partie en studio, avec quelques scènes d’extérieur à Taipei, emploie une équipe et des acteurs taiwanais. Cette curiosité, derrière la première impression, reste en marge du genre zombie, depuis des années battu et rebattu jusqu’à l’usure. Après le calme d’une introduction d’une dizaine de minutes dans l’intimité de Kat et Jim, les atrocités déferlent sans relâche, tout au long du film. Elles ne sont pas commises par des morts-vivants, mais par des individus gardant forme humaine, dont seul l’esprit est altéré. Le virus Alvin inhibe en eux toute résistance morale et déclenche un besoin de tuer et des pulsions sexuelles irrépressibles.

Sadness

Déconseillé aux âmes (et aux estomacs) trop sensibles, The Sadness, hormis quelques granguignolesques geysers de sang peu crédibles, étale sans retenue un engrenage de violence crue, graphiquement réaliste… malgré ses excès : un homme éborgne de son parapluie une femme qu’il violera avec pénétration orbitale. On y voit aussi un autre se faire dépecer le visage après qu’on lui ait renversé sur la tête une bassine d’huile de friture bouillante, des mètres d’intestins sortis d’abdomens éviscérés encombrent les trottoirs etc., etc.

L’attention sur un déballage horrifique qui pourrait vite lasser reste assez bien soutenue par une mise en scène et un montage efficaces et, par une foule de figurants bien dirigés, notamment dans la longue scène à l’intérieur du métro. Et le suspense est maintenu par la réponse qui ne sera donnée qu’à la fin du film à une question : Kat et Jim, dans une société que la libération de toute inhibition morale a conduit au bord de l’apocalypse, finiront-ils par se retrouver sains et saufs ?

The Sadness n’emploie dans sa distribution aucune figure connue hors de Taiwan ou, peut-être, de l’Asie du Sud-est. Regina Lei et Berant Zhu, deux jeunes quasi-débutants, assurent une présence crédible de leurs personnages, Kat et Jim. Mais celui qu’on retiendra est un acteur célèbre dans son pays après une soixantaine de rôles au cinéma ou dans des séries télévisées, Wang Tzu-Chiang, pour son interprétation d’un businessman quinquagénaire dont les instincts les plus vils ont été déchaînés par le virus.

The Sadness prend sa place, dans le genre gore horrifique, parmi ces quelques films visant à une représentation de la cruauté réaliste à l’extrême, tels A Serbian Film (Srpski film, Srdan Spasojevic, 2010) ou Golden Glove (Der goldene Handschuh, Fatih Akin, 2019).

Sadness

Présentation - 4,0 / 5

The Sadness (100 minutes) tient sur un Blu-ray BD-66 4K UHD et sur un Blu-ray BD-50, supportant seul les suppléments (80 minutes). Les disques sont logés dans un digipack à deux volets, glissé dans un solide étui cartonné.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en mandarin, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Logés dans un fourreau à l’intérieur de l’étui, le storyboard de l’attaque du métro sur un livret de 12 pages, la reproduction recto-verso au format 42 x 30 cm de deux affiches, dix photos du film, un sticker au format carte postale et un code pour un abonnement gratuit d’un mois à la plateforme VOD Shadowz, « la première plateforme de screaming », spécialisée dans les films d’horreur.

Une édition DVD est disponible avec, pour bonus essentiel, l’entretien avec Rob Jabbaz.

Sadness

Bonus - 4,5 / 5

Entretien avec le réalisateur Rob Jabbaz (29’, ESC Éditions, 2022). Parti à Taiwan en 2009 pour y enseigner l’anglais, il s’est investi dans l’univers de l’animation, a soumis pendant la pandémie le scénario à celui qui allait être le producteur de The Sadness. Ne trouvant pas de cinéaste intéressé, il lui proposa de réaliser le film, influencé par Evil Dead (Fede Alvarez, 2013), pour son réalisme dans l’horreur, et par Uncut Gems (Benny Safdie, Josh Safdie, 2019), pour l’énergie qu’il dégage. Le tournage sur plusieurs lieux et le grand nombre de figurants ont exigé un effort logistique et la barrière du langage a été surmontée par la présence de bilingues dans l’équipe et par une économie de dialogues. La scène de l’attaque du métro a été tournée en cinq jours, en studio, dans une parfaite réplique d’une voiture du métro de Taipei. La collaboration avec le chef-opérateur Jie-Li Bai a été facile, aidée par un storyboard détaillé. Il a choisi le groupe Tzechar, composé de Sarah et Ming, deux Singapouriens vivant en Australie, pour l’ambiance pesante de leur musique et leur a régulièrement envoyé des planches de storyboard et des rushes. Le film, assez ignoré à Taiwan, a connu un beau succès mondial. Il aime d’autres réalisateur, comme Brad Anderson (Session 9, The Machinist, Transsiberian) et admire Stanley Kubrick.

Entretien avec Fausto Fasulo, rédacteur en chef de Mad Movies et Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque Française (22’, ESC Éditiond, 2022). Pour Fausto Fasulo, le visionnage du film donne « l’uppercut au visage » que voulait porter Rob Jabbaz. « En résonnance avec son époque », The Sadness est à l’horreur ce que The Raid (Serbuan maut, Gareth Evans, 2011) fut à l’action, et on y sent l’influence de la bande dessinée, du cinéma catégorie III de Hong Kong et de l’horreur à l’italienne. La scène la plus réussie est celle du métro, avec son passage d’un banal harcèlement verbal à une violence débridée. Pour Jean-François Rauger, The Sadness « semble nous placer sur un terrain connu, mais nous propose du jamais vu (…) fait du neuf avec du vieux ». Il s’ouvre dans la lignée du « cinéma taiwanais intimiste (…) jusqu’à ce que tout explose », avec « l’intrusion de la pulsion sexuelle » chez les créatures « décérébrées (…), animales ». The Sadness lie, avec une dimension burlesque, la mort et le sexe, comme le faisaient les premiers films de David Cronenberg et déploie la violence crue montrée par Lucio Fulci. Le signe, peut-être, d’une explosion de liberté dans une nation sous la menace d’une annexion par la Chine continentale.

Modules du tournage : La réalisation (3’) avec les commentaires de Rob Jabbaz orientés sur les lignes directrices du scénario. La direction artistique (1’) avec les commentaires d’Islam Abdelbadia. Le businessman (3’) avec les commentaires de Tzu-Chiang Wang. Les effets spéciaux (1’), commentés par Logan Sprangers. Sur le plateau (5’), une revue de diverses contributions au tournage.

Le film, avant et après étalonnage (12’), Paul Hanrahan commente son travail sur la température et la saturation des couleurs, l’exposition, la luminosité, les contrastes, le grain, le sharpening, illustré par plusieurs plans, avant et après étalonnage.

Clearwater, court métrage (2020, 6’, 1.78:1, 1080p, AVC, Dolby Digital stéréo). Une jeune femme en bikini, venue se faire bronzer au bord d’une rivière, est piquée au poignet par un moustique qui se gorge de son sang, en dépose une goutte sur une créature d’une espèce inconnue, ce qui provoque une série de métamorphoses… Un film étrange, sélectionné dans plusieurs festivals.

Fiendish Funnies, court métrage (2013, 3’12”, 1.78:1, 1080p, AVC, Dolby Digital stéréo). Cette animation de Rob Jabbaz montre une étrange troupe marchant au pas, escortée par des grenouilles, un bouledogue en tête, des moines, des femmes couronnées, un loup et des corbeaux fermant le cortège. Tous habillés, les femmes nues. La troupe entre dans une minuscule maison isolée… Curieusement, le film, donné pour une durée de 3’39”, s’arrête à 3’12” sur un écran noir, sans aucun son.

Galerie de projets d’affiches (1’24”).

Bandes-annonces (1’18” et 1’19”).

Sadness

Image - 4,0 / 5

L’image (2.00:1, 1920p, HEVC, SDR au standard Rec. 709), finement résolue, lumineuse, fermement contrastée, déploie des couleurs soigneusement étalonnées dans une palette avec une dominante ambrée dans les extérieurs pour faire ressentir la chaleur moite ambiante. Une agréable texture a été obtenue, sans altérer le piqué, par l’ajout en postproduction d’un léger grain. Un encodage HDR aurait pu améliorer l’apport de l’UHD bien qu’on puisse relever un petit gain de résolution et de luminosité après comparaison avec l’image du Blu-ray BD-50 (1080p, AVC).

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, avec une bonne dynamique, fait l’essentiel en accompagnant efficacement l’image. L’utilisation trop discrète des canaux latéraux tend à concentrer l’image sonore sur le plan frontal, limitant l’impression d’immersion dans l’ambiance. Pour un film résolument tourné vers l’action, une meilleure répartition du signal sur tous les canaux et le recours aux formats Dolby Atmos ou Dolby TrueHD 7.1 aurait été un plus indéniable.

Crédits images : © Machi Xcelsior Studios

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 2 décembre 2022
Déconseillé aux âmes (et aux estomacs) trop sensibles, The Sadness étale sans retenue un engrenage de violence crue, avec un réalisme rarement vu sur les écrans. Cette insolite histoire apocalyptique venue de Taiwan, premier long métrage d’un réalisateur canadien, ayant échappé de peu à une interdiction aux moins de 18 ans, devrait surprendre les amateurs du genre. Ils auront à choisir entre une édition basique et une édition 4K UHD, un véritable objet de collection.
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Factorie
Le 9 novembre 2022
Pas de HDR sur le l'UHD 4K de THE SADNESS édité en France. C'est bien dommage car la 4K sans HDR, c'est comme le gateau sans la cerise dessus! Et surtout pourquoi ne pas prévenir les gens qui en ont fait la précos chez l'éditeur?

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