Réalisé par Alex Garland
Avec
Nick Offerman, Kirsten Dunst et Wagner Moura
Édité par Metropolitan Film & Video
Les USA sont déchirés par la guerre civile déclenchée par des états sécessionnistes de l’Ouest et du Sud. Quatre photojournalistes partent de New York pour Washington D.C. avec l’espoir de recueillir une dernière interview du président avant que l’Armée de l’Ouest n’investisse la capitale…
Civil War, sorti au printemps 2024 aux USA et en France (où il a attiré un peu plus de 600 000 spectateurs), est le quatrième long métrage du cinéaste britannique Alex Garland, après Ex Machina (2014), Annihilation (2018) et Men, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2022.
Il s’était fait largement connaître, dès 2002, comme l’auteur du scénario de 28 jours plus tard (28 Days Later) de Danny Boyle, autrement plus réussi que La Plage (The Beach, 2000), l’adaptation qu’avait faite le même réalisateur d’un de ses quatre romans.
Civil War nous invite à monter à bord de la voiture des quatre reporters pour un voyage de 1 380 kilomètres, de New York à Washington. Ils sont en permanence photographiés par dix caméras qui hérissent le véhicule, au point qu’on pourrait se croire assis auprès d’eux. Tout a été tourné en Géorgie, mais la magie du cinéma entretient l’illusion : des photos de Manhattan incrustées sur fond vert font qu’on s’imagine être à Brooklyn pendant les scènes d’émeutes prises à Atlanta. Plus tard, d’énormes décors nous permettent d’assister au bombardement du Lincoln Memorial et de participer à l’assaut de la Maison Blanche. On imagine qu’une large part du budget de 50 millions de dollars a été absorbée par des effets visuels et des effets spéciaux convaincants, en images réelles ou de synthèse.
What kind of American are you?
Civil War contient des scènes particulièrement dures. Notamment celle d’une fosse commune dans laquelle s’entassent les victimes d’une poignée de soldats qui fait le tri entre les purs Américains et les autres. Peut-on y voir un pavé dans la mare de Donald Trump ? Peut-être, mais pas sûr, dans la mesure où le film élude toute prise de position explicite, s’exposant ainsi au reproche d’une certaine superficialité.
Force est, toutefois, de reconnaître l’efficacité d’une mise en scène et d’un montage qui maintiennent la tension dramatique et la qualité de la photographie de Rob Hardy, le chef-opérateur de tous les autres films d’Alex Garland, et aussi, parmi beaucoup d’autres longs métrages, de Mission : Impossible - Fallout (Christopher McQuarrie, 2018).
En tête de distribution, Kirsten Dunst. Bien qu’on puisse être agacé par sa « fry voice », un raclement de la gorge sur les dernières syllabes de chaque phrase, elle est convaincante dans sa composition d’une journaliste chevronnée, hantée par des images insoutenables. Le reste du quatuor est interprété par Wagner Moura, révélé par l’excellent Troupe d’élite - Dans l’enfer des favelas (Tropa de elite, José Padilha, 2007) avant qu’il ne devienne le Pablo Escobar de la remarquable série Narcos (2015-2017), par Stephen McKinley Henderson, le Thufir Hawat de Dune (Dune: Part One, Denis Villeneuve, 2021), et par la jeune Cailee Spaeny, tout récemment nommée aux Golden Globes pour sa prestation dans le rôle-titre de Priscilla (Sofia Coppola). Jesse Plemons (The Program, Stephen Frears, 2015) fait une courte apparition dans la peau du personnage le plus détestable.
Civil War, bien qu’on puisse regretter son absence de réflexion sur des événements tragiques qui ont réellement ensanglanté d’autres pays, entraîne efficacement le spectateur dans une équipée angoissante et crédible.
Civil War (109 minutes) et ses suppléments (79 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-100 4K UHD et sur un Blu-ray BD-50, logés dans un boîtier SteelBook.
Le film est proposé dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format Dolby Atmos, compatible TrueHD 7.1.
Sous-titres pour malentendants.
Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0.
Sont sorties simultanément une édition Blu-ray et une édition DVD.
Sur les deux disques :
Réduit en morceaux : Mener la guerre civile d’Alex Garland (Torn Asunder: Waging Alex Garland’s Civil War, 57’), divisé en six chapitres, dans l’ordre chronologique. Les fractures qui divisent le pays ont donné à Alex Garland l’idée de transposer aux USA des troubles observés dans d’autres pays. On nous dévoile les trucages des premières scènes censées se dérouler à Brooklyn avec une spectaculaire explosion pendant l’affrontement de manifestants et de la police. Et aussi le surprenant amoncellement de caméras sur la voiture des journalistes, la cascade du passage de deux personnages d’une voiture en marche à une autre, la traversée d’une forêt en feu et le bouquet final : l’invasion de Washington. Ce bon aperçu des effets spéciaux aurait gagné à être élagué de trop longs commentaires sur la personnalité et le comportement des personnages n’apportant rien au visionnage.
Questions & réponses avec Alex Garland, Kirsten Dunst, Wagner Moura et Cailee Spaeny (2023, 20’). Interrogés par un animateur, face au public du festival South by Southwest après la projection de Civil War, Alex Garland indique que A24 a accepté en 2019 de produire le film dont le tournage a été différé par l’épidémie de Covid. Il dit le profit tiré de la micro-caméra DJI Ronin 4D-6K pour renforcer le réalisme des images et de la contribution de Glenn Freemantle pour le son. Accompagnés d’extraits du film et des gloussements des spectatrices, les acteurs sont invités à donner leurs impressions sur le film. Pas grand-chose à attendre de ce genre exercice…
Bande-annonce (2’24”, VF).
L’image captée par plusieurs types de caméras numériques, au ratio d’origine de 1.85:1, encodée au standard 2160p, 4K HEVC, HDR 10 et Dolby Vision (1080p, AVC sur le Blu-ray BD-50), propose une excellente résolution, des contrastes fermes, entre blancs lumineux et noirs denses, garantissant une parfaite perception de tous les détails, y compris dans les plans de nuit. Si la qualité de l’image du Blu-ray BD-50 est irréprochable, celle du Blu-ray 4K UHD ajoute un sensible gain de piqué, de luminosité et un affinement des couleurs.
Un beau support pour tester les performances d’une dalle ou d’un projecteur 4K !
Le son, au format Dolby Atmos, testé sous le standard Dolby TrueHD 7.1, bénéficie d’une forte dynamique et d’une ouverture optimale de la bande passante. La répartition du signal sur les sept canaux et le caisson de basses crée une saisissante impression d’immersion dans l’action et met en valeur l’expertise et le talent de Glenn Freemantle (Slumdog Millionaire, Gravity).
Ce constat vaut pour le doublage en français, au même format, avec des dialogues au timbre plus mat que celui de la version originale.
Crédits images : © Miller Avenue Productions LLC.