Spider (2002) : le test complet du 4K UHD

Édition collector limitée - 4K Ultra HD + Blu-ray

Réalisé par David Cronenberg
Avec Ralph Fiennes, Miranda Richardson et Gabriel Byrne

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 09/12/2024
Critique

Remarquable première édition en haute définition d’un des films les plus étranges et méconnus de David Cronenberg. À découvrir !

Spider

Après plusieurs années d’enfermement psychiatrique, Spider est transféré en foyer de réinsertion dans les faubourgs de l’Est londonien. C’est à quelques rues de là qu’enfant, il a vécu le drame qui a brisé sa vie. Aussi Spider va replonger dans ses souvenirs et mener une étrange enquête qui lui révélera ce qu’il s’est vraiment passé.

Spider, sélectionné à Cannes en 2002 pour la Palme d’or, attribuée cette année-là à Le Pianiste de Roman Polanski, est l’adaptation par son auteur, le romancier Patrick McGrath, du roman éponyme paru en 1990.

Spider, c’est le surnom donné à Dennis Cleg, dès sa préadolescence, parce qu’il aimait tisser des toiles d’araignée dans sa chambre avec tous les bouts de ficelle qu’il pouvait récupérer. Quand le hasard le fait s’installer près du lieu où il passa son enfance, il tente de reconstruire le passé dramatique qui, on ne sait comment, a conduit à son internement dans un asile psychiatrique.

Le fonds du générique, un mur moisi souillé de taches de Rorschach, donne le ton de cette étrange histoire, racontée avec une grande économie de dialogues et de moyens, qui brouille les cartes entre réel et imaginaire dans de nombreux plans où Spider adulte observe Spider enfant et ses deux parents. Il faudra attendre la dernière séquence pour savoir ce qu’il s’est passé. Mais le doute subsiste : cette représentation du passé n’est-elle pas seulement un autre délire de Spider ?

Spider

La photographie de Peter Suschitzky, chef-opérateur de onze films de David Cronenberg, apporte une contribution majeure à l’ambiance insolite du film, dans des cadres à la fois réalistes, l’appartement des Cleg ou le foyer d’accueil, et surréalistes d’un quartier de l’East End de Londres, sans un passant, sans une voiture, écrasé par un gigantesque gazomètre.

L’atout majeur de Spider est la performance des trois acteurs principaux. Miranda Richardson (Avril enchanté, Mike Newell, 1991 / The Crying Game, Neil Jordan, 1992…), relève brillamment le défi de tenir trois rôles. Gabriel Byrne (Miller’s Crossing, Joel Coen & Ethan Coen, 1990, Usual Suspects, Bryan Singer, 1995…) s’acquitte aisément de la délicate interprétation d’un personnage fantasmé. Ralph Fiennes, après une première apparition en 1991 à la télévision dans les deux premiers épisodes de la remarquable série Suspect N°1 Tennison (Prime Suspect) acquiert vite une réputation internationale avec La Liste de Schindler de Steven Spielberg et Le Patient anglais (Anthony Minghella, 1996). Toujours très actif (on pourra bientôt le revoir dans quatre films en postproduction, dont 28 Years Later de Danny Boyle), il tient peut-être avec Spider le meilleur rôle de toute sa carrière, certainement le plus exigeant.

Spider, un film étrange dans l’oeuvre insolite de David Cronenberg, méritait les honneurs d’une édition Ultra HD, dont la France a, me semble-t-il, la primeur.

Spider

Présentation - 3,0 / 5

Spider (98 minutes) et ses suppléments (68 minutes, sans compter le commentaire audio) sont supportés par deux disques Blu-ray, un BD-66 Ultra HD et un BD-50, logés dans un Digipack à quatre volets.

Le film est proposé dans sa langue, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Sur l’intérieur des couvertures du Digipack, une intéressante note de Nicolas Rioult sur l’origine de Spider, resitué dans la filmographie de David Cronenberg, avec une fine analyse du film.

Bonus - 3,5 / 5

Commentaire audio de David Cronenberg (anglais, sous-titré). Juste après l’entrée du train en gare de St Pancras, un clin d’oeil au film des frères Lumière, la foule se disperse et Spider, dont l’allure physique lui a été inspirée par Samuel Beckett, se retrouve seul dans un Londres étonnamment déserté. La mise en scène, lente, au rythme de la marche de Spider, entretient le doute sur la réalité de souvenirs tendant à se déformer avec le temps. Le personnage de Terrence, interprété par John Neville, a été ajouté par le scénario, néanmoins assez fidèle au roman… Un commentaire intéressant, centré sur les états d’âme de Spider, abordant peu la mise en scène…

Interview de David Cronenberg et des acteurs (14’). David Cronenberg se souvient de l’intérêt immédiat de Ralph Fiennes pour le scénario et souligne l’importance du casting. Gabriel Byrne se rappelle la difficulté de l’interprétation de Bill Cleg, un personnage qui n’existe que dans l’imagination de Spider, qui, le rappelle Patrick McGrath, recrée progressivement son identité…

Caméra, court métrage de David Cronenberg (2000, 6’). Des enfants ont trouvé une vieille caméra Panavision. Ils entrent chez un acteur, assis sur une chaise, et le filment alors qu’il se lamente sur son sort. Un film réalisé pour le 25e anniversaire du TIFF, le festival de cinéma de Toronto.

Master class de David Cronenberg (mai 2002, à Cannes, anglais, sous-titré, 35’). Alors qu’il envisageait de devenir écrivain, comme son père, le courant underground l’a attiré vers le cinéma. Il existe une grammaire du cinéma mais, comme tout langage, elle évolue. Il a constaté que chaque film, une fois monté, était différent de celui qu’il avait en tête avant le tournage. Il aime les scénarios qui laissent au spectateur le choix entre plusieurs interprétations de l’histoire ou des réactions des personnages….

Anatomie d’une scène (13’), celle du meurtre, commentée par David Cronenberg : la préparation du lieu de tournage, pour partie en extérieur, pour partie en studio, les instructions aux acteurs, le tournage, puis le montage.

Tous ces suppléments sont repris de la première édition de Spider, un DVD sorti par Metropolitan Films en 2003.

Bandes-annonces de Spider, Les Crimes du futur (Crimes of the Future, 2022), Les Promesses de l’ombre (Eastern Promises, 2007) et Le Festin nu (Naked Lunch, 1991).

Spider

Image - 4,5 / 5

L’image, au ratio de 1.85:1, réencodé au standard 2160p 4K HEVC - HDR10, après une restauration opérée à partir d’un scan 4K du négatif original (probablement celle utilisée pour le Blu-ray édité aux USA par Sony Pictures en 2022), très propre, précisément définie avec un affinement du grain argentique contenu à la limite d’une dénaturation de la texture du 35 mm, déploie l’austère froideur d’une palette dominée par les bruns après un étalonnage approuvé par le chef-opérateur Peter Suschitzky.

Spider

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, très propre lui aussi, délivre les dialogues (et les marmonnements de Spider) dans un bon équilibre avec l’ambiance. L’image sonore, naturellement centrée sur le plan frontal dans la plupart des scènes intimistes en intérieur, s’approfondit et devient immersive dans les quelques prises en extérieur et donne une belle aération à la musique de Howard Shore.

Ce constat vaut pour le doublage en français, au même format.

Crédits images : ©

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 10 décembre 2024
Brouillant les cartes entre réalité et fantasmes, voilà un autre film étrange dans l’oeuvre insolite de David Cronenberg, soutenu par un remarquable trio d’acteurs. À découvrir ou revoir dans une édition soignée, la première en Ultra HD !

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