Réalisé par Volker Schlöndorff
Avec
Bibiana Beglau, Martin Wuttke et Nadja Uhl
Édité par CTV International
Depuis « L’honneur perdu de Katarina Blum » en 1975, le
réalisateur Volker Schlöndorff n’avait plus réalisé de film
100% allemand. Un quart de siècle plus tard, Schlöndorff
revient dans une Allemagne qui a connu bien des
bouleversements politiques. Son nouveau long métrage « Les
trois vies de Rita Vogt » est l’occasion pour lui de dresser
l’état des lieux d’un pays réunifié en mal d’identité.
C’est à travers le cheminement de son héroïne, Rita Vogt, ex-
membre d’un groupe terroriste d’Allemagne de l’Ouest
combattant le capitalisme, que le réalisateur de
Le Tambour et de Le Roi des aulnes va s’interroger
sur les enjeux passés et présents d’une nation marquée au fer
chaud de l’Histoire.
Rita, l’Ouest-Allemande, sera protégée par la RDA. Traquée,
elle devra changer plusieurs fois d’identité. A l’Est, elle
retrouvera ses compagnons, essaiera de se reconstruire une vie
avant de fuir à nouveau… Rita, qui est à la fois attachée à
sa RFA natale et à une RDA protectrice, est une femme emportée
par le tourbillon de ses convictions et bernée par un système
politique aliénant… La prise de conscience de sa bisexualité
(son amour pour Tatjana et pour Jochen) symbolisera toute la
bicéphalie de son engagement, et ce, jusqu’au désenchantement
total…
Volker Schlöndorff nous emmène dans un récit narratif et
initiatique prenant et poignant. Aller jusqu’au bout d’un
idéal castrateur, refuser aveuglément la réalité de l’échec de
telles idées et s’éloigner vers un avenir douloureux et sans
fondement… autant de notions que le réalisateur allemand
nous sert dans ce long métrage interrogatif et bouleversant.
Dès l’insertion de ce DVD joliment sérigraphié, on est très
agréablement surpris par un authoring original et soigné : un
long splash screen vous conduira vers des menus animés et
musicaux du plus bel effet. La navigation est claire et très
fluide. On constatera, par ailleurs, la présence de bonus
essentiels, à savoir un commentaire audio du réalisateur et un
long document de tournage. Ajoutez à cela une image en 16/9
anamorphique, deux pistes sonores en Dolby Surround très
dynamiques et vous tiendrez là une édition très soignée.
On pourra toujours pinailler sur l’utilisation de sous-titres
imposés sur la VO, l’impossibilité de changer les langues à la
volée ou encore un découpage en seulement treize chapitres (le
menu de chapitrage n’en indique que douze ! ). Ceci ne ternit
aucunement la réussite de cette édition DVD.
Ils sont peu nombreux mais d’une extrême qualité. Voilà
pourquoi nous avons décidé de décerner ici une note maximale.
Commençons tout d’abord par le commentaire audio de
Volker Schlöndorff : dans un français parfait, le réalisateur
allemand analyse son film avec une rigueur et une précision
incroyables. Son exposé est loin d’être rébarbatif et il
constitue, par son contenu, un élément clé à la compréhension
du film.
Autre composant essentiel du travail d’agrémentation réalisé
pour ce film : le document de tournage. Deux étudiants
en cinéma ont suivi Schlöndorff et son équipe depuis les
premiers repérages jusqu’au tournage. S’il peut à certains
instants sembler abrupte et sans concession, ce documentaire
est vraiment ce qu’on appelle un véritable film sur les
coulisses du tournage. Les éditeurs qui nous servent trop
souvent des pseudo making of devraient s’en inspirer.
Enfin, il vous restera à visionner deux bandes-annonces, l’une
en VF, l’autre en VO.
Certes, l’image est un peu délavée… mais, rassurez-vous, on
n’est tout de même pas en face d’un épisode de Derrick ! Il
s’agit, avant tout, d’un parti pris artistique de la part du
réalisateur allemand. Si l’on accepte ce postulat, on peut
considérer que le rendu visuel de ce long métrage est
excellent : un master très propre, une bonne stabilité de
l’image, des premier et second plans nets, et ce, malgré un
grain volontairement présent sur la pellicule originale.
Volker Schlöndorff a su parfaitement restituer à la fois
l’atmosphère urbaniste, bétonnée, d’un Berlin d’avant sa
mutation politique, la lumière estivale des plages d’une
station balnéaire de la Mer Baltique ou encore la campagne
est-allemande en hiver.
Première impression : un très grand dynamisme d’ensemble. Un
Dolby Surround dans les deux langues qui ferait presque
oublier certaines pistes en DD 5.1.
Les dialogues sont dynamiques et extrêmement clairs dans les
deux langues proposées. Certains effets surround (le passage
du tramway, la poursuite en moto etc.) se font entendre avec
une belle précision. L’équilibre basses/aigus est parfait.