Les Trois vies de Rita Vogt (1999) : le test complet du DVD

Still nach dem Schuss, Die

Réalisé par Volker Schlöndorff
Avec Bibiana Beglau, Martin Wuttke et Nadja Uhl

Édité par CTV International

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Le 29/11/2001
Critique

Depuis « L’honneur perdu de Katarina Blum » en 1975, le réalisateur Volker Schlöndorff n’avait plus réalisé de film 100% allemand. Un quart de siècle plus tard, Schlöndorff revient dans une Allemagne qui a connu bien des bouleversements politiques. Son nouveau long métrage « Les trois vies de Rita Vogt » est l’occasion pour lui de dresser l’état des lieux d’un pays réunifié en mal d’identité.

C’est à travers le cheminement de son héroïne, Rita Vogt, ex- membre d’un groupe terroriste d’Allemagne de l’Ouest combattant le capitalisme, que le réalisateur de Le Tambour et de Le Roi des aulnes va s’interroger sur les enjeux passés et présents d’une nation marquée au fer chaud de l’Histoire.

Rita, l’Ouest-Allemande, sera protégée par la RDA. Traquée, elle devra changer plusieurs fois d’identité. A l’Est, elle retrouvera ses compagnons, essaiera de se reconstruire une vie avant de fuir à nouveau… Rita, qui est à la fois attachée à sa RFA natale et à une RDA protectrice, est une femme emportée par le tourbillon de ses convictions et bernée par un système politique aliénant… La prise de conscience de sa bisexualité (son amour pour Tatjana et pour Jochen) symbolisera toute la bicéphalie de son engagement, et ce, jusqu’au désenchantement total…

Volker Schlöndorff nous emmène dans un récit narratif et initiatique prenant et poignant. Aller jusqu’au bout d’un idéal castrateur, refuser aveuglément la réalité de l’échec de telles idées et s’éloigner vers un avenir douloureux et sans fondement… autant de notions que le réalisateur allemand nous sert dans ce long métrage interrogatif et bouleversant.

Présentation - 4,5 / 5

Dès l’insertion de ce DVD joliment sérigraphié, on est très agréablement surpris par un authoring original et soigné : un long splash screen vous conduira vers des menus animés et musicaux du plus bel effet. La navigation est claire et très fluide. On constatera, par ailleurs, la présence de bonus essentiels, à savoir un commentaire audio du réalisateur et un long document de tournage. Ajoutez à cela une image en 16/9 anamorphique, deux pistes sonores en Dolby Surround très dynamiques et vous tiendrez là une édition très soignée.

On pourra toujours pinailler sur l’utilisation de sous-titres imposés sur la VO, l’impossibilité de changer les langues à la volée ou encore un découpage en seulement treize chapitres (le menu de chapitrage n’en indique que douze ! ). Ceci ne ternit aucunement la réussite de cette édition DVD.

Bonus - 5,0 / 5

Ils sont peu nombreux mais d’une extrême qualité. Voilà pourquoi nous avons décidé de décerner ici une note maximale.

Commençons tout d’abord par le commentaire audio de Volker Schlöndorff : dans un français parfait, le réalisateur allemand analyse son film avec une rigueur et une précision incroyables. Son exposé est loin d’être rébarbatif et il constitue, par son contenu, un élément clé à la compréhension du film.

Autre composant essentiel du travail d’agrémentation réalisé pour ce film : le document de tournage. Deux étudiants en cinéma ont suivi Schlöndorff et son équipe depuis les premiers repérages jusqu’au tournage. S’il peut à certains instants sembler abrupte et sans concession, ce documentaire est vraiment ce qu’on appelle un véritable film sur les coulisses du tournage. Les éditeurs qui nous servent trop souvent des pseudo making of devraient s’en inspirer.

Enfin, il vous restera à visionner deux bandes-annonces, l’une en VF, l’autre en VO.

Image - 4,0 / 5

Certes, l’image est un peu délavée… mais, rassurez-vous, on n’est tout de même pas en face d’un épisode de Derrick ! Il s’agit, avant tout, d’un parti pris artistique de la part du réalisateur allemand. Si l’on accepte ce postulat, on peut considérer que le rendu visuel de ce long métrage est excellent : un master très propre, une bonne stabilité de l’image, des premier et second plans nets, et ce, malgré un grain volontairement présent sur la pellicule originale.

Volker Schlöndorff a su parfaitement restituer à la fois l’atmosphère urbaniste, bétonnée, d’un Berlin d’avant sa mutation politique, la lumière estivale des plages d’une station balnéaire de la Mer Baltique ou encore la campagne est-allemande en hiver.

Son - 5,0 / 5

Première impression : un très grand dynamisme d’ensemble. Un Dolby Surround dans les deux langues qui ferait presque oublier certaines pistes en DD 5.1.

Les dialogues sont dynamiques et extrêmement clairs dans les deux langues proposées. Certains effets surround (le passage du tramway, la poursuite en moto etc.) se font entendre avec une belle précision. L’équilibre basses/aigus est parfait.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic TX PK20F 16/9 82 cm 100 Hz
  • Sony 535
  • Sony STR-DE 545
  • Enceintes Sony : frontales (SS MF415), Surround et centrale (SS CR290), caisson de graves Sony SAW M