Réalisé par Frank Marshall
Avec
Ethan Hawke, Vincent Spano et Josh Hamilton
Édité par Paramount Pictures France
Un groupe d’hommes et femmes abandonnés à eux mêmes sur un
glacier des Andes, suite au crash de leur avion. Pas de
secours et peu de provisions. Et - lorsque la dernière
tablette de chocolat fut finie, une question qui alla hanter
leurs esprits et le monde extérieurs pendant longtemps : peut-
on briser les tabous et manger les morts pour survivre ?
C’est la deuxième fois que le cinéma se penche sur la
question, et sur les événements réels survenus en 1972. Et
c’est l’une des rares fois où Hollywood oublie ses credo
consensuels et le désir économique de ne pas déranger les
esprits. Le résultat est un chef-d’oeuvre de justesse et
courage, et assurément le meilleur film de la carrière de
Frank Marshall.
L’ex poulain de Spielberg alterna des acteurs peu connus à
l’époque (Ethan Hawke, exceptionnel) à des visages plus
célèbres (Vincent Spano), et filma la plupart du film en
extérieurs, avec une équipe livrée à la dureté de la montagne.
C’est cet esprit d’isolation que le spectateur peut lire dans
« Les survivants », une aventure extrême au coeur même de
l’humanité.
Le temps n’a rien entaché la puissance physique et
émotionnelle du film. Le crash de l’avion reste très
effrayant, et la diffusion pudique des « Survivants » à la TV ne
fait que renforcer son aura cult.
Une longue attente. C’est ce qui a fallu à Paramount pour
abandonner ses dernières réticences sur ce film si puissant et
peu conventionnel, et le diriger enfin vers la Zone 2. On
aurait voulu une édition collector, et on craignait une sortie
« nue » et sans égard. Ce DVD tombe finalement entre les deux -
avec une seule piste remasterisée en 5.1 (la VO), mais avec
l’ajout d’un long documentaire sur les survivants.
Le reste des caractéristiques est conforme à celui des autres
sorties Paramount, avec la différence que celui-ci est l’un
des rares à disposer d’un disque sérigraphié.
Il y a un seul supplément sur le DVD : le documentaire Le
miracle des Andes (48’, en VOST). Et - à l’image de ce DVD
- il est « hybride », et constamment partagé entre deux
directions.
Le crash de l’avion de l’équipe uruguayenne sur les montagnes
des Andes, eut lieu le 13 octobre 1972. La suite de
l’histoire, on la connaît. C’est donc ici que ce document
démarre, avec de nombreuses images d’époque et des interviews
de quelques rescapés (dont Nando). Tout laisse entendre qu’on
est en face d’un document au format « grand reportage », mais…
… l’action et les décors changent, et nous voici au coeur
des Rocheuses canadiennes, où une équipe d’Hollywood est en
train de tourner ce film ! De la réalité à la représentation
de la réalité. On se retrouve sur les coulisses, avec des
propos par le réalisateur Frank Marshall.
Le documentaire se trouve constamment ballotté entre réalité
et fiction, avec le risque de ne pas satisfaire ni l’une ni
l’autre. Mais ensuite quelque chose se passe. Nando (qui fut
le conseiller sur le tournage) et un autre survivant se
rendent sur le décor en extérieurs, et leur émotion - capturée
par l’image - est bien réelle.
Le documentaire a aussi le courage de parler ouvertement du
cannibalisme avec les survivants, sans fausses pudeurs et sans
racolage. Et ce fut une bonne chose. Comme disent les rescapés
- qui en parlent à visage ouvert - les seuls à refuser d’en
discuter furent et sont leurs proches.. Les anecdotes
involontairement comiques ne manquent pas, comme le témoignage
de ce prêtre qui raconte que, après quelques discussions, la
position de l’Eglise catholique fut très favorable, car les
circonstances du crash imposaient la survie de l’homme à tout
prix…
« Les survivants » est le cauchemar même pour tout ingénieur de
télécine. Comment traiter ces étendues de neige qui brûlent
l’image et bouffent les détails ? La réponse de Paramount fut
de varier un peu la température de la couleur, en faisant
apparaître des teintes bleuâtres, du grain et des aspérités
sur les fonds d’une couleur homogène. C’est le prix à payer
pour conserver du détail, et ne pas sacrifier les autres
couleurs perdues au coeur de cette palette blanche.
Lorsqu’on quitte la neige et les restes de l’avion, l’image
prend littéralement de l’envol.
« Les survivants » est un autre de ces films à déguster de
préférence en VO, et c’est ici où les efforts de Paramount se
sont concentrés. La remasterisation en 5.1 de la piste
anglaise est toute en beauté, avec un travail poussé sur les
détails et la clarté. Les surround sont bien mis à
contribution lorsque cela est nécessaire.
La VF (en DPL) est à l’image des pistes son d’autrefois, où
les voix sont trop en avant sur le reste. Avec son nervosisme
et l’exploitation des voie arrière, elle comble ses défauts
avec la force brute.