Réalisé par William Wyler
Avec
Charlton Heston, Jack Hawkins et Haya Harareet
Édité par Warner Bros. Entertainment France
« Ben Hur » est un décalque de la vie du Christ, écrit il y a un
siècle par un officier de l’armée sudiste. Succès littéraire
puis succès théâtral, il ne devait pas tarder à croiser la
trajectoire du cinéma, à plusieurs reprises.
Bien entendu, la version qui nous intéresse est la dernière en
date, réalisée par William Wyler, et interprétée par l’icône du
cinéma à influence biblique qu’était devenu Charlton Heston (qui
jouera dix ans plus tard un antihéro anarchiste dans La Planète des singes
et dans « Soleil Vert ») bien avant de devenir le croisé du lobby
des armes.
« Ben Hur », c’est deux morceaux de bravoure entre lesquels on
bâille poliment. En fait, le film manque d’une réelle ambition
(non pas cinématographique, mais d’auteur). Bien sûr, le début
du film est riche en promesses ; Wyler transformait Messala
(Stephen Boyd, impeccable) en amant éconduit par Ben Hur (une
illustration un peu bas de plafond de la rencontre entre deux
mecs en jupette). Un vrai pied de nez au instances très
polliticaly-correct hollywoodiennes. Mais, hélas, l’irrévérence
s’arrête là. Wyler (son cachet aidant) s’assagit très vite pour,
finalement, se contenter d’illustrer un scénario trop convenu.
Fort heureusement, les scènes de la bataille navale et de la
course de chars viennent réveiller cet ensemble ronflant. Si on
sourit aujourd’hui de l’aspect imparfait des maquettes de
trirèmes lors de la bataille, on se laisse prendre au jeu. Mais
c’est surtout la course de chars qui nous laisse le souffle coupé.
Car, il s’agit d’un spectacle inégalé à ce jour (qui fait pâlir
jusqu’à la course de pods de Star Wars - Episode I : La Menace fantôme). Pendant dix
minutes, on est pris à la gorge par une séquence de grande tenue,
au découpage parfait, et exécutée d’une main de maître par le
meilleur réalisateur de seconde équipe de l’époque, Andrew Marton
(les scènes américaines de Le Jour le plus long). Il
bénéficie non seulement d’un décor gigantesque, mais également
de deux acteurs qui poussèrent le professionnalisme jusqu’à
exécuter 95 % des cascades eux-mêmes.
Un des plus beaux coffrets disponibles sur le marché qui fait
penser à une boîte de cigares : le couvercle, sur lequel un
support de DVD type coffret digipack est (mal) collé, s’ouvre
sur un livret des Cahiers du cinéma. Mais si on retire ce
livret on trouvera… Et bien, ma foi, rien. En fait la moitié
de l’épaisseur du boîtier est occupée par du vide. Warner aurait
pu profiter de la place disponible pour nous présenter le film
sur deux DVD, plutôt que de se contenter d’un disque double face,
nous privant ainsi de deux sérigraphies.
Les menus, mêmes s’ils sont musicaux, auraient gagné à être
animés, et différenciés selon les faces.
Cette section nous laisse sur le même sentiment que le coffret :
c’est riche, mais pas forcément essentiel.
Sur une piste isolée, on nous concède un commentaire de Charlton
Heston, dont on ne peut bénéficier en sous-titres lors du
visionnage du film en VO ou VF, ce qui est une grosse erreur de
conception.
Notez aussi que l’on ne peut pas passer du commentaire à une
autre version à la volée (c’est vraiment ce qu’on appelle une
piste isolée).
Le making of (environ une heure) est épatant, dommage simplement
qu’il se partage entre les versions 1929 et 1959 de « Ben Hur »,
une heure entière consacrée à la version de Wyler n’aurait pas
été hors sujet.
Les bouts d’essai (étonnament renommés tests d’audition, plait-il
?) n’apportent pas d’eau au moulin de nos connaissances
cinématographiques. On notera toutefois la présence de Leslie Nielsen
(vu de dos !). Une (courte) galerie de photos sur fond marbré
vient aussi completer cette section un peu inutile.
On fera un détour par le livret concocté par une journaliste des
Cahier du cinéma, qui reprend les explications données par
le making of, la où on aurait aimé une analyse approfondie.
Pour finir, on trouvera l’indétrônable bande-annonce et le détail
de l’équipe technique, venus compléter ce « collector », qui manque
finalement un peu de consistance.
Quelques taches viennent ponctuer ici où là un master quasi parfait.
A comparer avec des éditions de films plus récents, tels que
Deep Impact ou Le Pacificateur (pour ne pas les
nomer), « Ben Hur » présente un piqué sensationnel, et des couleurs
vives comme au premier jour.
Le format, quant à lui, est l’une de ces preuves qui montrent les
batailles sanglantes auxquelles se livraient les studios afin de
présenter un spectacle à chaque fois plus sensationnel (2.70 : 1).
Un ratio très peu usité depuis, et qui faire apparaître des
barres noires de bonne taille, même sur un téléviseur 16/9. Mais
on ne le répétera jamais assez, quel piqué, quel foisonnement
dans les détails. Et surtout, quelle restitution. Chapeau bas !
Deux pistes remasterisées 5.1. On préférera la VF, pour une fois,
car les dialogues, plus présents, se marient mieux avec la
musique et les effets sonores. La VO présente des voix bien trop
timides, qui restent en retrait. Certains bruitages on été
rajoutés récemment, ce qui leur donne cet aspect clinquant et
bien trop net, et jurent en fin de compte avec l’ensemble.
Les enceintes arrières sont toutes dévouées à la musique dans un
surround gonflé, pauvres en effets.
Le gros (quand je dis gros, je ne parle pas d’un type obèse,
bien sûr, dans ce cas on est plutôt en présence d’un type un peu
enrobé) du spectacle se situe sur les enceintes avant, où l’on
aura la chance (une fois par heure environ) de s’entendre offrir
un déplacement gauche-droite.