Réalisé par Mark Dindal
Édité par Walt Disney France
« Si vous avez aimé Aladdin, vous allez adorer Kuzco ! »
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le dos de la jaquette. Mais
force est de constater que la personne qui a pondu ce slogan a
bigrement raison ! Mais alors, qu’est ce qui fait que l’on a pu
aimer Aladdin ? Le décalage ! L’introduction dans
un long métrage Disney de gags que Fred « Tex » Avery n’aurait pas
renié, un comique de génie au service de la voix d’un des personnages,
un montage frénétique, des anachronismes à la pelle, un méchant
hystérique… je continu ?
Et justement, Kuzco est fait de toutes ces choses. Des gags vifs et
des détails visuels qui demandent plusieurs visionnages, John
Goodman et David Spade dont les voix collent littéralement aux
personnages, Yzma en méchante digne de Cruella… c’est un vrai
bonheur ! Cerise sur le gâteau et chose rare dans un Disney,
l’absence quasi totale de chansons rébarbatives.
Rien que le scénario de base est un modèle de délire : Kuzco,
un empereur inca de la pire espèce (mégalo, égoïste, méchant,
vicieux…) vient de décider de raser un village entier pour y
installer sa piscine ou plutôt un complexe balnéaire d’été.
Dans l’ombre, Yzma sa conseillère, tente de l’assassiner pour
prendre sa place. Tentative raté puisque au lieu du poison, Kuzco
avale une potion qui le transforme en… lama ! Suite à une bévue
de l’homme de main d’Yzma, Kuzco se retrouve chez le chef du village
qu’il comptait détruire…
On échappe évidemment pas à la morale de l’histoire sur le changement
de personnalité d’un être détestable, mais cela étant emballé dans
un tel délire qu’on accepte sans broncher cette petite concession
à l’esprit Disney qui a su s’effacer pendant tout le reste du film.
Je ne sais pas comment il va falloir le dire à Buena Vista, mais : LES SOUS-TITRES SONT TROP HAUTS !!! Tout le monde m’a entendu là ? Pour le reste c’est sans surprise, puisque BV s’efforce désormais de donner à ses DVD des menus dynamiques et très agréables qui reprennent l’univers du film. Notons tout de même que la navigation du DVD de bonus réussit à rester simple malgré la quantité astronomique de suppléments. La jaquette de cette édition collector est également très réussie avec son imitation « gold » de motifs incas et du bas relief de Kuzco.
Ca commence à devenir une (bonne) habitude avec Buena Vista, mais il
vous faudra prendre plusieurs heures pour réussir à visionner
l’intégralité de ce que propose ce double DVD.
Dans un premier temps, faisons le rappel de ce que propose le premier
DVD qui contient également le film :
- Un clip vidéo assez pitoyable de la chanson « Walk the Llama Llama »
par les Rascal Flatts.
- Le même clip avec un joyeux danseur sous l’image qui vous apprend la
chorégraphie du Llama … oui je pouffe, mais attendez de voir ça…
- Le Quizco est un jeu-quiz en deux étapes. La première consiste
à aider Kuzco à retrouver le chemin du palais en répondant correctement
à 5 questions faciles pour qui a vu le film. La deuxième se déroule dans
le labo d’Yzma où 3 fioles vous attendent pour composer la potion qui
rendra forme humaine à Kuzco, mais attention à l’ordre du mélange…
Ce Quizco est fort sympathique et est surtout présenté et animé par
les voix françaises des personnages qui s’en donnent à coeur joie !
- Le commentaire audio de 7 personnes, dont le réalisateur et
le producteur du film. En VOST, ces commentaires nous apprennent
pas mal de choses en faisant la part belle aux anécdotes et autres
gags plus ou moins cachés dans le film.
Une fois digéré ce premier DVD, on reprend son souffle et on se lance
à télécommande perdue dans le second DVD dont les suppléments sont tous
en version originale doublée en français.
Avant de détailler les contenus, j’aimerais attirer l’attention des
personnes qui travaillent dans le milieu de l’animation et leur
préciser par avance qu’ils vont trouver ici une véritable mine d’information
sur la façon de travailler des studios Disney. Quant aux profanes en
la matière, c’est à un véritable cours que vous allez assister : près de
90 minutes de documentaires divers et presque 950 images, photos ou croquis.
A la manière de Pixar et de ces deux éditions dantesques de Toy Story
et 1001 pattes aux états-unis, Disney a convié le réalisateur (Mark Dindal)
et le producteur (Randy Fullmer) à accompagner le DVDnaute dans sa navigation.
Et ça commence avec une introduction de ces deux doux dingues qui
font mine de détourner l’attention du vigil de l’entrée des studios
pour pouvoir nous faire rentrer avec eux… ça promet !
C’est là que le premier menu principal apparaît. 8 choix sont proposés.
Le premier est en fait une sorte de super-résumé des 7 autres. Il
s’appelle Choisis ton groove et se décompose en 2 parties :
- Studio, un documentaire de 24 minutes qui résume en 24 minutes
et 6 chapitres la fabrication du film. Des notions et des termes assez
techniques sont ici abordés de façon très simple et pourront être
approfondies plus loin dans le DVD. D’ailleurs chacun des 6 chapitres
est réutilisé dans la section qui lui est propre, mais nous verrons cela
plus loin.
- Animation est une séquence de 5 minutes qui enchaîne 4
comparaisons des images du film à différents stades de la création.
Là aussi, ces 4 comparaisons prendront toute leur signification dans
des sections plus précises du DVD.
Et c’est ici que commence la grande aventure de ce DVD de bonus avec
les 7 options restantes du menu principal.
1 - Développement
Le film commence ici, avec le développement des idés de base.
Processus est le premier chapitre du documentaire cité plus
haut et il rappelle qu’un film, c’est avant tout une idée qui va
évoluer et mûrir.
Voyage de recherche nous montre qu’un des avantages des
animateurs de chez Disney, c’est de pouvoir se rendre sur place
(ici les ruines Inca) pour s’imprégner de l’ambiance et des styles.
Traitement du scénario, c’est 15 pages de texte qui présentent
un résumé des scènes clés du film, la base de travail des scénaristes.
Dessins préparatoires, 268 dessins répartis sur 9 lieux du film
où se déroule le film, un bonheur pour votre pouce et un régal pour les
yeux du curieux.
Le royaume du soleil était le titre original de ce film
dont le thème était alors plus sérieux. De cette piste, il reste
ces 22 dessins préparatoires. Collector !
2 - Scénario et histoire
Processus est le deuxième chapitre du documentaire cité plus
haut.
L’argument nous montre comment un membre de l’équipe présente deux
versions d’une même scène. On voit alors qu’il faut un sacré sens du rythme
et une imagination en marche pour se figurer la scène entière à partir d’un
storyboard. Le storyboard final de cette même scène est ensuite proposé.
Montage est, comme son nom l’indique un reportage sur les affres
du montage.
3 scènes abandonnées dont une (chose très rare dans le cinéma d’animation)
qui est entièrement finie. C’est la « destruction du village de Pacha » qui
a été jugé trop « dure ». « La famille de Pacha » est une scène qui nous
présente un ou deux personnages qui n’apparaissent finalement pas dans la
version finale. La « fin originale Kuzcotopia » fut modifiée à la suite
d’une remarque écologique de Sting (qui a composé les chansons du film).
3 - Mise en place et décors
Les départements mise en place et décors est le troisième chapitre
du documentaire cité plus haut. Il a le mérite de présenter une partie souvent
oubliée quand on parle de film d’animation : le layout. En cinéma « live »
cela peut se comparer à la mise en scène où l’on décide à l’avance des
angles de caméra et du positionnement de chaque personnage dans le cadre.
La planification des scènes présente un morceau de documentaire
supplémentaire sur ce thème et enchaîne avec la première comparaison que l’on
retrouve dans le module « animation » cité en première partie. Cette comparaison
porte sur le storyboard et les décors vides.
Ensuite, une galerie présente les 32 vignettes du storyboard de cette
séquence qui ne fait finalement que 1’10”… vous imaginez le nombre de vignettes
necessaires pour le reste du film.
Mise en place propose une galerie de 61 dessins qui préparent le
terrain aux dessinateurs des décors.
Décors est composé de 2 galeries, la première présente les recherches
couleurs qui couplées à la galerie précédente, donne les décors définitifs
présentés dans la deuxième galerie de cette section décors.
3 - Animation
La plus grosse section de ce DVD sur l’élément principal d’un film
d’animation : l’animation.
Techniques d’animation est le quatrième chapitre du documentaire
cité plus haut et nous montre comment travaillent les animateurs et
qu’elles sont leurs sources d’inspiration.
Modélisation graphique survole un élément pourtant très important
des films Disney depuis plusieurs années : la modélisation d’objets en
synthèse dont la rendu final imite le dessin animé traditionnel. Cela
permet par exemple d’avoir à se concentrer sur des animations complexes
d’objets en mouvement.
Animation des personnages est une sous-section qui regroupe
un reportage sur le doublage (malheureusement doublé, ce qui fait
qu’on ne profite pas vraiment des acteurs américains qui sont
interviewés), la deuxième comparaison de la section « animation » (ici
les décors vides face aux line-tests), et les line-tests et
galeries de croquis de chaque personnage.
Petite note pour préciser qu’un line-test est composé des positions
clés de l’animation d’un personnage. Par la suite, ces animations seront
mises au propre (« cleanage ») et intervallées (on ajoute les dessins qui
manque entre chaque position clé).
Mise au net propose la troisième comparaison déjà présente dans la
section « animation » (line-tests/animation cleanée et intervallée) et une
galerie des croquis d’animateurs (ou model sheets) qui sont les véritables
bibles que chaque animateur doit consulter avant de dessiner un
personnage car les proportions et beaucoup de détails y sont précisés.
Etapes de la production nous montre justement toutes ces étapes
dans une séquence en multi-angle (4) qui permet de passer du storyboard
au line-test puis à la mise au net et enfin à la scène finale.
4 - Montage
Cette section n’a pas grand chose à voir avec le montage puisqu’il y est
surtout question de mise en couleurs.
Application des couleurs/compositing est d’ailleurs le cinquième
chapitre du documentaire « Studio ».
On y verra également la quatrième comparaison de la section « animation »
(animation cleanée et intervallée/même animation mise en couleurs).
Cette section termine avec une galerie de 5 planches de modèles de personnages
en couleurs.
5 - Musique et son
Musique et effets sonores est le dernier chapitre repris du
documentaire de 24 minutes cité plus haut. Il permet de découvrir
John Debney, le compositeur de la musique du film, compositeur qui
n’a pas cessé de « grimper » ces dernières années.
Un petit clip permet de découvrir Sting au travail sur la chanson
« My Funny Friend and Me ».
Mais le véritable « jouet » de cette section, c’est le studio de mixage
qui permet, sur une séquence du film, d’activer les dialogues, la musique
et les effets sonores ou seulement deux d’entre-eux ou même un seul. C’est là
que l’on peut s’apercevoir qu’aussi discrets qu’ils puissent être dans une
scène, les effets sonores sont indispensables.
6 - Promotion
Comme son nom l’indique, vous trouverez dans cette section tout le nécessaire
pour faire la promo du film : 2 bandes-annonces, 3 spots TV et une galerie
d’affiches et de publicités presse.
Pour ceux qui avaient encore des doutes, je peux vous dire que Buena Vista
et les suppléments, c’est une affaire qui marche ! Parlez-en à ma télécommande !
Format respecté, couleurs magnifiques, finesse et détails au rendez-vous… Que demander de plus ? … des sous-titres plus bas !! Comment-ça je me répète ?…
Vous le croyez ça ? Une piste DTS chez Disney ! Bon d’accord, sur le
français uniquement, mais c’est une avancée énorme ! Et en plus, elle
est bonne ! La comparaison avec la piste Dolby Digital est très rapide :
plus de clareté, plus de finesse et une immersion plus importante.
Quel dommage que la piste anglaise n’ai pas eu droit au même
traitement ! Parce qu’au delà de ces considérations techniques, la
VF ne souffre pas la comparaison ! David Spade et John Goodman font
mouche à chaque réplique alors que la VF est franchement mollassonne !
Pareil pour la chanson d’introduction qui a une pêche d’enfer en VO
grâce à Tom Jones.
Dans tous les cas, le mixage est à la hauteur du film avec une multitude
de petits détails.