Réalisé par Raoul Walsh
Avec
Gregory Peck, Ann Blyth et Anthony Quinn
Édité par Wild Side Video
Pour notre plaisir, Raoul Walsh a su tirer, une fois de plus,
le meilleur parti des ingrédients classiques du film romantique
d’aventures, sur un scénario de Borden Chase, tiré du roman du
prolifique Rex Beach inspirateur de près d’une cinquantaine de
films ; on doit les dialogues à Horace McCoy, qui écrira quelques
années plus tard « They shoot horses, don’t they? » (On achève bien les chevaux).
Jonathan Clark, un séduisant capitaine américain (un tantinet
pirate sur les bords) tombe amoureux à San Francisco de Marina
Selanova, une belle comtesse russe. Il prend son enlèvement par
un fourbe prince russe, juste avant la cérémonie de mariage,
pour une trahison de la belle, qu’il ravira à son tour, à
l’instant précis où elle allait consentir à épouser le prince
sous la menace que son beau capitaine finisse sur le gibet. Tout
ça sur fond de bagarres, beuveries, fêtes colorées et courses en mer.
Beaucoup de touches humoristiques allègent le récit, facilitées
par la galerie hétéroclite de personnages que Clark traîne dans
son sillage, un second soiffard qui se donne des airs de prédicateur,
Ogeechuk, un Aléoutien odorant qui fauche tout ce qui lui tombe
sous la main et s’exprime par grognements, sans oublier la superbe
Louise… une otarie !
Toute notre gratitude aussi pour la revigorante goulée d’air frais
offerte par la longue poursuite entre deux goélettes, celle de Clark
et celle du Portugee. Pas des maquettes cette fois, mais des vraies
goélettes, labourant les flots, toute voiles dehors, puissamment
gonflées par la fraîche brise du grand large.
Une curiosité au passage : un petit couplet, exceptionnel pour
l’époque, sur les ravages de la chasse incontrôlée des phoques.
Merci à Wild Side Vidéo d’ajouter ce film (jusque-là connu en
France sous le titre « Capitaine téméraire », inutilement éloigné
du titre original) à sa collection « Les introuvables », déjà riche
de près de 120 titres, disponibles exclusivement chez l’éditeur
ou à la Fnac.
Le test a été fait sur un check disc. Il est normalement diffusé dans un keep case avec l’affiche du film. On regrettera les sous-titres français imposés qui imposent à leur tour de repasser par le menu pour changer de version. Rappelons une fois de plus que ce blocage est la conséquence du respect des droits territoriaux (certains ayants droits étant assez tatillons) et que ce n’est pas un choix délibéré de l’éditeur pour nous enquiquiner.
Documentaire de 26 minutes intitulé « Le monde selon Raoul Walsh »
fait de commentaires de Bertrand Tavernier et de Noël Simsolo,
historien du cinéma, sur le film et l’oeuvre de Raoul Walsh, un
des solides piliers de Hollywood qui nous a laissé près de 140
films dans tous les genres, aventures, guerre, film noir… avec
de nombreux chefs-d’oeuvre comme « High Sierra » (La Grande évasion),
« Gentleman Jim », « Objective Burma » (Aventures en Birmanie), « White
heat » (L’Enfer est à lui), parmi bien d’autres. Tous les deux
soulignent qu’on ne doit pas voir dans l’affrontement entre
Américains et Russes, comme beaucoup l’ont affirmé, une manifestation
de la guerre froide, le scénario se limitant à épingler l’oppression
tsariste. Ils saluent aussi la performance d’un Anthony Quinn
décontracté avant qu’il ne tombe, douze ans plus tard, dans les excès
de la caricature ethnique avec son interprétation de Zorba le Grec.
Voilà un bonus très « regardable » où deux connaisseurs de Walsh nous
donnent envie de découvrir le reste de son oeuvre, dont 25 titres
sont aujourd’hui disponibles en France sur DVD auxquels doit
prochainement s’ajouter « The King and four queens » ()
dont la sortie est annoncée pour le 6 mai 2009.
En dehors de ce documentaire, rien de bien intéressant : une bande-annonce,
une maigrichonne « galerie de photos » composée de trois photos du film,
et une misérable filmographie dite « sélective » qui se limite à citer
quatre des derniers films de Raoul Walsh, pas forcément les meilleurs…
Assez propre en dépit de taches. Les couleurs manquent un peu d’éclat. Les scènes sombres sont particulièrement ternes. Si l’on est loin des résultats obtenus avec la restauration d’autres oeuvres en technicolor comme « Autant en emporte le vent » ou « Les Aventures de Robin des Bois », la qualité reste cependant acceptable.
Le son mono est assez clair. Éviter le doublage français, agaçant, qui place les dialogues beaucoup trop en avant.