Réalisé par Henri Spade
Avec
Jacques Santi, Armand Mestral et Jean Davy
Édité par Koba Films
« Tchou, tchou… » Réponse encore aujourd’hui donnée par les
enfants quand on leur demande « comment font les trains » ! Mais
au second Empire, il n’y avait pas d’alternative à la vapeur,
quand se construisait la ligne de Paris à Lyon et à la
Méditerranée, la PLM. Nous voici transportés en Haute-Loire et
en Lozère, là où allait se faire la jonction entre les deux
tronçons.
Henri Spade, journaliste, écrivain, scénariste, producteur et
directeur général adjoint de l’ex ORTF, décédé en novembre 2008,
a réalisé en 1967 ce feuilleton (présenté ici dans sa version
en 26 épisodes de 15 min., sur un scénario tiré de deux romans
d’Henri Vincenot, « La pie saoule » et « Les chevaliers du chaudron ».
Cette sorte de docu-fiction nous montre la construction du
chemin de fer, des ouvrages d’art, viaducs et tunnels, dans un
paysage de petite montagne, le fonctionnement des locomotives,
les bouzines, les conditions de travail du mécanicien, surnommé
« le sénateur », et du chauffeur qui enfournait des pelletées de
charbon dans le foyer pour garder au point d’ébullition les
quelques 2 000 litres d’eau que pouvait contenir la chaudière.
Bonne idée d’avoir aussi saisi l’occasion de montrer que le
burlesque principe de précaution sévissait déjà il y a près
d’un siècle et demi. Des sommités, médicales ou politiques,
avertissaient le grand public des risques encourus à prendre le
train : l’organisme humain n’était pas fait pour supporter des
vitesses excédant 45 kilomètres par heure ; le changement
brutal de climat et de nourriture facilité par la rapidité du
transport ne manquerait pas d’entraîner de graves désordres de
santé, etc…
Sur cette trame, nous suivons Antoine Delorme dès qu’il quitte
la forge de son village pour réaliser son rêve : devenir
mécanicien de locomotive. Le rôle principal est tenu par
Jacques Santi juste avant qu’il n’incarne Michel Tanguy au long
des trois saisons d’un des plus populaires feuilletons français
de la fin des années 60, tiré de la bande dessinée de
Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo, Les chevaliers du ciel
repris, très librement, pour le grand écran dans le récent
film de Gérard Pirès… Les chevaliers du ciel.
À ses côtés, bien d’autres personnages, tous amateurs de
chanturgue et de ratafia, Armand Mestral, chanteur à la belle
voix de basse et acteur, dans le rôle de Chambon, le doyen des
mécaniciens, Annunciata (jouée par la regrettée Muriel Baptiste),
la gitane voleuse de poules et princesse de Bohème, que traite
comme sa fille le colonel Vidal, un vieux fou, sorte de Don
Quichotte combattant pour la défense du cheval et
l’anéantissement du monstre d’acier, interprété par Jean Davy
qui sera, presque 20 ans plus tard l’Antonin Berg d’un autre
feuilleton célèbre, « Châteauvallon ». Sans oublier Hervé Sand
dans le rôle du chauffeur Claudius, qui allait être sur le
devant de la scène, 7 ans plus tard, dans le rôle-titre de la
série Chéri-Bibi.
Aux hommes et femmes il faut ajouter les machines,
particulièrement la N° 80 système Crampton, affectueusement
baptisée « Caroline » par Chambon, le mécanicien qui savait lui
parler comme à une femme. Mécanicien et chauffeur étaient à
l’air libre, sans la protection d’un toit contre les
intempéries et les escarbilles, tout comme les infortunés
voyageurs de troisième classe.
L’exhumation de cette oeuvre, aujourd’hui un peu désuète (les
bagarres, notamment, ne sont pas bien convaincantes), continue
d’enrichir le catalogue de « Mémoire de la télévision » pour le
bonheur de tous ceux qu’intéresse la télévision française
d’antan…
Sur le menu, la lite des 26 épisodes de 15 min. logés sur les deux disques (alors que la jaquette mentionne 13 épisodes de 26 min.). Un chapitrage, inutile, découpe en deux chaque épisode.
Les grandes dates du rail : résumées sur onze pages à
faire défiler.
Filmographies sélectives du réalisateur, de la
scénariste et de 6 acteurs.
Espace découverte « Mémoire de la télévision » : espace
bien étroit, limité à 3 titres sur une seule page.
Ça fourmille, il y des tâches, des blanches et des noires, et des rayures en prime. Mais, dans l’ensemble, l’image reste très lisible et supporte plutôt bien l’agrandissement sur un écran de taille respectable. Les contrastes ne sont pas si mauvais compte tenu de l’âge de l’enregistrement, dont la note tient compte.
Les dialogues sont clairs, le souffle est modéré. Plus gênantes sont les fausses notes dans la musique, probablement dues à des variations de la vitesse de défilement de la piste son.