Réalisé par Johnnie To
Avec
Simon Yam, Tony Leung Ka Fai et Louis Koo
Édité par TF1 Studio
Les triades de Hong Kong viennent d’élire leur parrain, Lok.
Mais l’ambitieux Big D n’hésite pas à contester cette élection
et à s’approprier, avant Lok, le sceptre du dragon, l’insigne
incontestable du pouvoir.
Le récit, chronologique, obéit à la règle des trois unités du
théâtre classique. Unité d’action : deux hommes luttent sans
merci pour le pouvoir. Unité de lieu : les bas-fonds de Hong
Kong, peu montrés au cinéma. Unité de temps, tout se passe
dans un temps très court.
L’écriture cinématographique de Johnnie To est très maîtrisée,
caméra le plus souvent posée, y compris dans les scènes
d’action, mouvements circulaires enveloppant les visages lors
des âpres négociations entre les chefs de clans dans des bars
enfumés.
Le contraste entre les deux rivaux est un des ressorts
importants de l’intrigue. Confronté à Lok, père de famille,
très contrôlé, habile négociateur capable de sceller des
alliances, Big D, jeune chien enragé, dévoré d’ambition, broie
tous ceux qui contrarient sa quête du sceptre. La violence,
bien que filmée sans insistance, atteint des sommets : hommes
enfermés dans l’étroites cages de bois précipitées dans une
pente abrupte, os qui craquent sous les coups assénés, victime
enfoncée tête la première dans une poubelle et piétinée,
poignard enfoncé très, très lentement entre les côtes…
La photographie de Cheng Siu-keung, le chef opérateur attitré
de Johnnie To (c’est encore lui qui sera derrière la caméra
pour « Vengeance »), privilégie les éclairages naturels et les
clairs-obscurs qui donnent au film des allures de reportage.
La musique, pour cordes pincées et percussions graves, aux
accents extrême-orientaux, fait corps avec le récit. Elle est
signée par Lo Tayu, qui composera aussi la musique de
« Vengeance ».
Un film à voir, avec sa suite, Election 2, éditée simultanément.
Menus simplissimes.
Choix entre version originale en cantonnais et version
doublée en français.
Sous-titres français imposés sur la VO.
Portion congrue :
- un court exposé de 7 minutes par le réalisateur, faussement
baptisé making of, constitué d’une litanie de lieux communs
sur les triades dont on nous dit toutefois, cela est plus
surprenant, qu’elles avaient été fondées, il y a trois
siècles, pour assurer paix et justice.
- les bandes-annonces de quatre autres films de Johnnie To et
Filatures, de Yau Nai-hoi.
Ces bonus sont au format 4/3, sauf la bande-annonce de
Filatures.
Rien d’une carte postale sur papier glacé.
L’image a du grain, les éclairages artificiels sont
parcimonieux, ce qui donne une photographie âpre, tout à fait
dans la tonalité du scénario.
Ceci noté, l’image est propre ; aucun défaut de compression.
Trois versions offertes :
Choix, pour la version originale, entre multicanal DD 5.1 et
mono 2.0
Mono 2.0 pour la version doublée.
La substitution d’une version française 5.1 à la deuxième
version originale aurait été judicieuse.
Avantage très net à la version 5.1 : avec une bonne
spatialisation, sans effets spectaculaires, elle donne à la
musique dynamique et ampleur.