Les Visiteurs (1972) : le test complet du DVD

The Visitors

Réalisé par Elia Kazan
Avec James Woods, Patrick McVey et Patricia Joyce

Édité par Wild Side Video

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Le 29/05/2009
Critique

Une maison isolée, dans une campagne vide et glacée. Le lieu de tournage, choisi par économie, est la propre maison de Chris Kazan, fils du réalisateur et auteur du scénario. Un budget spartiate, dans les 100 000 $, limitera l’équipe de tournage à… quatre personnes !

Mais, c’est bien connu, si pléthore de moyens ne suffit pas à faire un bon film, le manque de moyen peut, en revanche, stimuler la création.

L’idée du film est venu de la lecture d’un fait divers. La vengeance n’est que le point de départ du récit, centré sur l’évolution des relations entre cinq personnages. La tension entre eux monte très progressivement : il faut attendre une demi-heure pour sentir se préciser la menace que font peser les deux visiteurs sur le couple.

Kazan, cinéaste de l’ambiguïté, tel qu’il se définit dans le supplément, nous confirme que, quand on gratte un peu, les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles paraissent être, superficiellement. Ainsi, Martha, d’abord franchement hostile aux visiteurs, se laisse aller à flirter le temps d’une danse avec Mike. C’est l’ambiguïté qui fait l’originalité de ce huis clos, sur le thème, souvent exploité au cinéma, des intrus qui troublent la tranquillité du cercle de famille. On se souvient immédiatement de The desperate hours de William Wyler, avec Humphrey Bogart, et du remake par Michael Cimino en 1990. Seule une courte séquence, à la fin du film, évoque les faits qui se sont déroulés au Vietnam, quelques années plus tôt, comparables à ceux relatés dans l’intéressant Casualties of War de Brian de Palma.

James Woods fait ici sa première apparition sur le grand écran. Il était alors âgé de 25 ans et allait parcourir une longue route, jalonnée par près de 120 films ou téléfilms, avant le rôle-titre de Shark, l’excellente série dont nous attendons avec impatience la sortie de la saison 2.

Wild Side Vidéo a eu la bonne idée d’ajouter à sa collection Les introuvables - L’âge d’or du cinéma américain ce film d’Elia Kazan, assez peu connu, l’avant-dernier de ses 21 films. Voilà qui donnera envie de voir ou revoir les autres, en particulier, Panic in the Streets, On the Waterfront, East of Eden, A Face in the Crowd, Splendor in the Grass et America, où il raconte comment il est arrivé aux USA avec sa famille, alors qu’il aurait pu rester à Istanbul et peut-être devenir, comme il le dit dans le supplément, marchand de tapis…

Présentation - 1,5 / 5

Le DVD n’offre que la version originale, avec sous-titres français imposés.
Film divisé en 12 chapitres.

Bonus - 4,5 / 5

Elia Kazan, An Outsider. Ce documentaire de 53 minutes, réalisé par Annie Tresgot en 1982, nous permet, d’autant plus facilement que Michel Ciment maîtrise parfaitement la langue anglaise, d’entrer dans l’intimité d’Elia Kazan, acteur, metteur en scène de théâtre, écrivain et cinéaste.

Cet Américain venu d’ailleurs (d’où le qualificatif d’outsider), issu d’une famille grecque vivant à Istanbul, s’est installé à New York et allait devenir l’un des plus grands cinéastes de son temps. Il nous confie les relations difficiles qu’il entretenait avec son père, ce qui sera le thème de East of Eden, adaptation pour l’écran de roman de John Steinbeck, avec James Dean dans le rôle principal.
Créateur de l’Actors’ Studio avec Lee Strasberg et Harold Clurman, Elia Kazan nous parle de la Méthode qui visait à enseigner aux acteurs comment contrôler leurs émotions, comment voir des choses invisibles, comment exprimer des sentiments avec autant de conviction que s’ils étaient réellement ressentis. Pour lui, le cinéma, contrairement au théâtre, donne la préséance à l’image sur les dialogues. Le film met en application ce credo : au long des dernières cinq minutes, sans musique, quatre mots sont échangés, pas un de plus !

Voilà un bonus passionnant, comme on aimerait en voir plus souvent !

À côté de ce documentaire, les broutilles habituelles :
- galerie de photos
- filmographie sélective d’Elia Kazan
- liens internet

Image - 3,5 / 5

La photo manque notablement de contraste et est affectée par un fourmillement, particulièrement gênant dans les scènes, nombreuses, filmées dans la semi-obscurité. Les arrières-plans sont flous. Mais l’image filmée avec une caméra 16 mm, ne pouvait pas être parfaite, ce dont la note tient compte. Les taches, toutefois, ont été correctement éliminées.

Son - 4,0 / 5

Son clair, en mono 2.0, avec très peu de souffle.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur InFocus IN76
  • Denon DVD-3910
  • Denon AVR-3806
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918 (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080i - Diagonale image 270 cm