Réalisé par John Carpenter
Avec
Kurt Russell, Kim Cattrall et Dennis Dun
Édité par 20th Century Fox
Un ranger solitaire au coeur du mysticisme et de la magie
noire chinoise. Cela devait être un western au début. Mais
pour plaire à l’audience - ou plutôt aux producteurs - « Les
aventures de Jack Burton » est devenu un fantasy contemporain,
un hybride indianajonesque à moitié entre le Far West et le
Far East avec kung fu à go-go, à une époque où nul et personne
à Hollywood rêvait à une cannibalisation des arts martiaux.
« Jack Burton » en avance sur son temps ? Sans doute. Donc, par
définition, un film 100% carpenterien, où le réalisateur-culte
retrouve son ami et camarade Kurt Russell, et le plonge dans
un melting-pot à la fois spectaculaire et tordant - même si à
l’époque personne n’avait pas retenu l’humour du film.
Rétrospectivement, « Jack Burton » apparaît à la fois comme un
anti-Indiana Jones et un précurseur absolu des contaminations
à la Matrix et Tigre & Dragon, bien au-dessus
des fantasy d’aventure de l’époque. Une oeuvre sans doute
mineure de la filmographie de John Carpenter, mais toujours
fraîche et fascinante à 15 ans de distance. A redécouvrir
d’urgence.
Jack Burton, enfin ! Le traitement de choc réservé à l’oeuvre
de John Carpenter démontre qu’il y a de l’espoir - même chez
les Majors - pour réévaluer et sonder en profondeur les films-
culte pour les happy few. Le packaging est courant - un Amaray
pour les deux disques - mais l’édition française hérite d’un
surétui graphiquement réussi.
Malgré l’abondance des moyens (menus 3D très spectaculaires),
le traitement laisse cependant paraître des approximations
dans le travail de localisation. Passe encore l’impossibilité
de changer de langue à la volée (pratique courante chez Fox,
même si les sous-titres ne sont pas imposés). Mais le disque
de bonus « oublie » de traduire quelques sections textuelles,
alors que tout le reste est localisé. L’ergonomie est aussi
inégale - excellente sur certaines parties, et déroutante sur
d’autres.
Le DVD de « Jack Burton » n’effacera pas de la mémoire des fans
de Carpenter, la richesse de l’édition Universal de
The Thing. Mais il reste un moyen très honorable pour
offrir une deuxième chance à ce film un peu trop méconnu de
l’enfant terrible d’Haddonfield.
Clairement validée par Carpenter himself, cette édition offre
un lot de contenus très intéressants. Et pourtant, à la fin du
parcours, on a la vague impression de rester sur sa faim..
Mais pour découvrir le pourquoi du comment, commençons par le
début.
Le DVD offre deux commentaires pour le prix d’un : John
Carpenter et Kurt Russell se retrouvent une nouvelle fois pour
discuter… pardon, pour se fendre la gueule, en ressortant
les détails les plus cocasses sur le tournage, tout en se
moquant éperdument du soi-disant « Studio-system ». Ce n’est pas
le réalisateur et l’acteur principal qui parlent, mais deux
potes inséparables. Si vous ne devez écouter qu’à un seul
commentaire audio dans la vie, écoutez celui-ci. Ah, si
seulement les autres étaient aussi drôles et explicatifs…
Le reste des bonus se trouve sur le disque 2. La tradition
veut qu’on passe tout de suite par les scènes inédites.
Pour les fans hardcore de Carpenter, cette partie constitue
l’un des piliers du DVD ; en revanche, les spectateurs
occasionnels risquent de passer à coté.
Explication : les 7 séquences - toutes introduites par des
courts textes explicatifs (mais en anglais) n’offrent pas des
scènes supprimées, mais plutôt des raccords et autres extraits
qui furent supprimés pour resserrer le rythme du film.
L’intérêt est cependant ailleurs : une bonne partie des
inédits sont disponibles au choix en mode « pre-montage
vidéo » (c’est à dire la séquence d’ensemble, plus les
plans additionnels), ou alors en mode « rushes » ; dans
ce choix, on peut admirer des plans alternatifs au montage
final.
Signalons au passage que la « Lava Sequence » est en mode
multi-angle, et permet le choix entre le story-board, la scène
définitive, ou les deux en même temps. « Six Demon Bag »
est un melting-pot de chutes et extraits assez drôles :
dommage que certains aient été supprimés..
Dans la même lignée, la fin alternative ne part pas par
la tangente, mais se limite à ajouter le dénouement d’un sub-
plot, ainsi que quelques plans ici et là.
Les autres pièces maîtresses du disque se trouvent dans la
troisième page de bonus. Commençons par une interview du
superviseur des effets visuels Richard Edlund. Cette
partie est également en multi-angle, avec la possibilité de
sélectionner des photos en plein écran, ou incrustées à
l’image.
La section Articles de presse est sans doute la plus
rageante pour les fans de Carpenter qui ne pratiquent pas
l’anglais. Vous l’aurez compris : les textes sont en VO
uniquement ! Rageante, car les dossiers en question furent
publiés par « Cinefex » et « American Cinematographer » - c’est à
dire les publications les plus nirvanesques de la planète pour
tout savoir sur la conception technique des films, et ils
offrent des informations d’une richesse absolue sur le
tournage de « Jack Burton ». Les pages fixes permettent
également d’agrandir des photos, mais la douteuse ergonomie
gâche le tout.
Cette page offre également une galerie de photos, qui
est composée en réalité de sept sections différentes : Les
acteurs, Carpenter, les gadgets du film,
les FX, les décors, le tournage et
Conception visuelle. On regrette l’absence d’un
chapitrage, car la loi de Murphy veut toujours que les choses
les plus intéressantes se trouvent au fin fond..
Le rare clip vidéo issu du film (avec John Carpenter en
chanteur ??!) figure au rayon des curiosités. Le reste fait
partie du lot habituel : une featurette de 7’ clairement issue
du EPK, des (longues) notes de production et des filmographies
(en anglais seulement dans les deux cas), et pour finir trois
bandes-annonces, dont une sous-titrée en espagnol.
Que manque t-il à « Jack Burton » pour être parfait ? L’intérêt
des bonus n’est pas en discussion ; le problème se situe
plutôt dans leur accessibilité (les parties texte feront
hurler les possesseurs de DVD-Rom) et dans la décision
unilaterale de localiser la plupart des contenus, mais
d’ignorer superbement les autres. C’est bien dommage, même si
- avouons-le - les parties en VOST ont amplement de quoi
satisfaire les fans.
L’image n’est pas tout à fait celle qu’on rêvait de voir. La copie est parfois sale, et quelques plans apparaissent instables. En fait, on se rend compte que la plupart des problèmes viennent d’un négatif pas en parfaite santé. Les contrastes et les couleurs sont satisfaisantes, même si le film aurait gagné à avoir un peu de définition supplémentaire au niveau des arrière-plans.
Un film comme « Jack Burton » se déguste dans la mesure de
possible en VO, pour apprécier l’humour tordant des répliques.
La piste anglaise en 4.1 (oui, en 4.1) donne une très bonne
amplitude à l’ensemble, bien supérieure en tout cas à nos
souvenirs de la copie salles, avec une bonne contribution des
tons graves.
La VF - en Dolby Surround - est clairement en dessous, et a du
mal à percer le rythme frénétique de Carpenter. Dommage encore
une fois que la Fox n’autorise pas les changements de langue
en cours de route.