Réalisé par Gilles Grangier
Édité par Koba Films
Comploteurs et policiers en redingote et chapeau haut-de-forme, déguisements, réunions secrètes dans les catacombes des bonapartistes soutenant le duc de Reichstadt, « l’aiglon », et des orléanistes, partisans de Louis-Philippe, unis pour renverser Charles X. Nous voilà ramenés dans les temps troublés suivant la chute définitive de Napoléon, « l’usurpateur ».
Le récit est une adaptation d’un roman historique d’Alexandre Dumas en deux parties, Les Mohicans de Paris et Salvator, moins connus que la trilogie des Trois Mousquetaires, dont a été, notamment, tirée la série télévisée de Claude Barma, D’Artagnan. La série s’achève en 1830, à la veille des « trois glorieuses » qui allaient conduire à l’avènement de Louis-Philippe, le « roi des Français ».
Comme pour la série Quentin Durward, également réalisée par Gilles Grangier deux ans plus tôt, on peut reprocher l’amateurisme des scènes d’action, particulièrement des combats aux poings ou à l’épée, bien peu convaincants. Ajoutons le manque de réalisme des décors : même un Huron ne pourrait se laisser abuser à prendre les rues de Senlis pour celles de Paris ou l’entrée d’un souterrain en pleine campagne pour les catacombes, pas plus que ne lui échapperait l’anachronisme d’une route goudronnée, filmée à deux reprises, dans la longue et fastidieuse escapade du duc de Reichstadt à l’épisode 16.
Un scénario languissant (avec, toutefois, des dialogues bien écrits), une réalisation mollassonne, la répétition en de nombreuses variations du thème musical du générique, il n’en faut pas plus pour qu’on finisse par s’ennuyer, alors que Quentin Durward, en dépit de maladresses, réussissait à soutenir l’attention par un récit suffisamment rythmé.
Une pierre blanche dans cette grisaille : André Valmy qui, à lui seul, pourrait presque racheter la série : crâne rasé et monocle noir, il est fascinant dans son incarnation d’un méchant d’anthologie, l’abominable Gibassier, cauteleux adjoint du chef de la Sûreté, prêt à tout, surtout au pire, pour étancher sa soif de pouvoir et rassasier son appétit d’argent.
La qualité de l’image est très inégale : si le fourmillement est constant, rendant confus les détails des séquences tournées dans la demi-obscurité, certains passages, assez rares toutefois, sont très dégradés par des taches et des rayures.
Dans l’ensemble, le son est assez clair pour suivre les dialogues sans difficultés ; la musique sature très souvent. À épingler, au lancement du disque, le niveau sonore effroyablement élevé de la séquence-logo de l’INA !
Les bonus, comme à l’habitude dans la réédition d’anciennes oeuvres pour la télévision, sont assez maigres, sous forme de textes, avec, dans la ligne de la collection Mémoire de la Télévision, une courte biographie d’Alexandre Dumas (la même que celle figurant dans D’Artagnan), des repères historiques allant des « 100 jours », en 1814, à la mort de Charles X, en 1836, les filmographies sélectives de Gilles Grangier, Robert Etcheverry, Danielle Volle, André Valmy, Robert Dhéran, Guy Kerner et Rolland Giraud qui, encore au début de sa carrière, ne fait que quelques apparitions (de même que Bernard Giraudeau, encore plus furtivement).
Sur le DVD 2, une « découverte de Mémoire de la Télévision », un bout de scène extrait de trois autres mini-séries, Les Compagnons de Jéhu, Lagardère avec Jean Piat et Quentin Durward.