Réalisé par Douglas Trumbull
Avec
Bruce Dern, Cliff Potts et Ron Rifkin
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Dans l’avenir, la quasi-totalité de la végétation a disparu de
la surface terrestre. Seuls quelques vaisseaux spatiaux sont
devenus les garants des dernières plantes, cultivées en
apesanteur dans d’énormes serres. Procédé plutôt onéreux, qui
s’attire le courroux des grandes multinationales. Déjà sur
Terre l’on parle de détruire ces bribes de végétation dans
l’indifférence générale. Freeman Lowell (Alan Ladd, pas très
convaincant), désespéré par une telle perspective, tentera son
va-tout pour sauver le reste des arbres : détourner un
vaisseau au prix de la vie de ses occupants.
« Silent Running », pour qui ne l’a pas vu, a su conserver une
force intacte de conviction et ce même si souvent le discourt
écolo-catastrophiste semble un peu excessif. Conte naïf et
suranné, « Silent Running » souffre d’un emportement immodéré de
la part du réalisateur (emportement propre au début des années
70 : c’est en effet un reproche que l’on peut également faire
à « Soleil Vert »).
Mais on aurait tort de penser que Trumbull n’a pas apporté une
note de réflexion sur la destruction des écosystèmes : certes
la quête du profit à tous crins est nuisible, mais en faisant
de son héros un extrémiste à moitié fou, il laisse suinter
l’idée que l’avenir de la planète ne réside pas forcément dans
les hommes quels qu’ils soient.
Fort de ce constat pour le moins pessimiste, c’est tout
naturellement vers les machines que le regard de Trumbull se
porte. Vers les majestueux vaisseaux tout d’abord, qu’il filme
avec une maestria et une admiration non dissimulée ; quoi de
plus normal lorsqu’on sait que Trumbull est le responsable des
meilleurs FX des années 70 (2001 : L’Odyssée de l’espace,
Rencontres du troisième type, Star Trek : Le film et
Blade Runner).
Mais c’est surtout avec les trois petits drones responsables
de l’entretien du vaisseau que le cinéaste s’est surpassé.
Soudain, de cet amoncellement de ferraille que sont les petit
robots surgit une humanité inattendue : alors que le « héros »
humain n’éprouve aucune gêne à tuer trois personnes, les
drones se recueillent sur la dépouille d’un des leurs. On
s’attache tellement aux petits drones que la dernière image du
film vous noue la gorge (et ça, il faut le voir, ce n’est pas
moi qui vous la racontera) et vous laisse un terrible
sentiment de solitude.
Finalement, on apprécie le film pour ce qu’il est : une fable
écologiste fort efficace. Pour Trumbull, les hommes sont
incapables de mener leurs idées à bien.
Une présentation tristounette préside à cette édition vraiment bas de gamme. Le boîtier Amaray est bien moins avenant que la jaquette Zone 1, dont l’affiche était une réussite. Le menu s’ouvre sur le vide intersidéral, et, pour une fois, la forme rejoint le fond, car ce DVD se révèle plein de vide avec ses écrans fixes et muets et une pauvreté d’édition heureusement compensée par un prix qui vous redonne le sourire.
On pourrait filer la métaphore sur le néant intersidéral, mais
à quoi bon ? On n’en sortirait plus. Faisons sobre mais
efficace : la partie suppléments de ce DVD est plus désertique
que la planète Mars (finalement j’ai craqué). On se voit
offrir une misérable bande-annonce de qualité médiocre.
Que fait-on des sempiternelles notes de production, ou des
filmographies qui représentent le minimum syndical pour une
édition DVD ?
Une copie sans taches ni rayures, qui aurait gagné à être présentée en 16/9 anamorphique, pour une meilleure définition, et pour pouvoir profiter des sous-titres. Défaut auquel on pourrait ajouter un ensemble parfois un peu fade. Mais le plus rageant est le fait que le film semble recadré (en effet, le titre du film est « mangé » des deux côtés de l’écran).
Une fois n’est pas coutume, c’est la VF qui remporte la palme du son, car la VO, étouffée et peu détaillée, n’offre pas vraiment le minimum requis. On s’étonnera même d’entendre une plus grande variété de bruits d’ambiance sur la VF, alors que d’habitude c’est l’inverse. En fait, il semblerait, à entendre les voix françaises, que le doublage ait été exécuté dans les années ‘80 (on reconnaît notamment très bien la voix française de Bill Paxton) alors que le film est de 1971 ; peut-être trouvera-t-on là l’explication à ce mystère ?