Singularités d'une jeune fille blonde (2009) : le test complet du DVD

A Lisbonne, Macário tombe amoureux d’une jeune fille. Après de nombreuses péripéties : lutte contre son oncle qui s’oppose au mariage, exil provoqué par les problèmes d’argent, trahison d’un ami, il conquiert le droit de l’épouser. Mais durant les préparatifs du mariage, Macário découvre les étranges pratiques de sa future femme. C’est cette histoire, celle de ses chagrins, que Macário livre à une inconnue lors d’un nouveau voyage.

Avec Singularités d’une jeune fille blonde, basé sur une nouvelle d’Eça de Queiroz, le prolifique Manoel de Oliveira s’inspire pour la première fois d’un auteur réaliste. Film sur la mémoire et les souvenirs, cette oeuvre épurée et (trop) courte (1h03 montre en main), magnifiquement interprétée par Ricardo Trepa et Catarina Wallenstein renvoie constamment à l’Histoire du cinéma, miroir de la vie. Les sentiments sont purs et sincères chez Manoel de Oliveira et ce décalage entre le fond (classique, désuet) et la forme (sublime), propre au metteur en scène, subjugue à chaque plan. Dommage que le générique de fin mette trop rapidement fin à cette rêverie où l’on a véritablement l’impression de voyager à travers le temps, à travers les sentiments, à travers les arts, la littérature, la peinture, la poésie et évidemment le cinéma.

Du surétui cartonné en passant par la jaquette, la sérigraphie du DVD, le menu principal animé et bruité, l’éditeur livre un objet d’une folle élégance.

Epicentre Films propose quelques suppléments aussi didactiques que soignés.

Le critique de cinéma Eugenio Renzi réalise une passionnante introduction à Singularités d’une jeune fille blonde. En 7 minutes, il évoque le rapport qu’entretient Manoel de Oliveira avec le cinéma depuis les débuts de sa carrière, ses thèmes de prédilection, et croise habilement le fond avec la forme.

Quelques entretiens (en français) avec Manoel de Oliveira et la comédienne Catarina Wallenstein, enregistrés en juin 2009 lors de la présentation du film à Paris au Nouveau Latina, sont également disponibles. C’est ainsi l’occasion d’entendre le cinéaste et l’actrice parler de leur collaboration, de leur conception du cinéma, de la direction d’acteurs et des thèmes de Singularités d’une jeune fille blonde.

Le dernier segment donne la parole aux critiques de cinéma Enrico Ghezzi et Cyril Neyrat qui commentent quelques moments clé du film. Les deux collègues éclairent sur le cinéma de Manoel de Oliveira, ainsi que son usage de l’espace et du temps.

L’interactivité se clôt sur une galerie photos, quelques filmographies et la bande-annonce.

Fidèle à Manoel de Oliveira, la chef opératrice Sabine Lancelin signe la superbe photo de Singularités d’une jeune fille blonde. L’éditeur soigne particulièrement le transfert et livre un master aux couleurs chaudes et ambrées. La définition est exemplaire, les noirs denses, le piqué affûté, et les partis-pris esthétiques entièrement respectés et restitués. Du très bel ouvrage.

La version portugaise stéréo est amplement suffisante pour se plonger dans la riche atmosphère acoustique du film. Les dialogues sont d’une précision sans faille et les effets frontaux ne manquent pas d’ardeur. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français.