Tokyo Gore Police (2008) : le test complet du DVD

Tokyo zankoku keisatsu

Réalisé par Yoshihiro Nishimura
Avec Eihi Shiina, Itsuji Itao et Yukihide Benny

Édité par Elephant Films

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Le 14/02/2011
Critique

Ruka, fliquette en mini-jupe et bas résille, long sabre à la ceinture, est aussi séduisante que dangereuse, ce que vérifiera à ses dépens le coquin qui a osé lui mettre la main aux fesses dans le métro. Sa mission : exterminer les assassins mutants. Son obsession : tuer l’assassin de son père, un policier qui avait pris le risque de s’opposer à la privatisation de la police.

Que penser de ce film ? Certains pourront, sans manquer d’arguments, y voir un navet. D’autres pourront éprouver un plaisir, éventuellement coupable, face aux outrances du récit, aux geysers d’hémoglobine (dont l’héroïne se protège avec un parapluie !) et, surtout, à un insensé délire visuel.

Si le scénario part dans tous les sens, on est obligé de reconnaître au spécialiste des effets spéciaux et du maquillage qu’est Yoshihiro Nishimura qu’il fait preuve, pour son premier long métrage, d’une imagination sans bornes (il est aussi co-scénariste).

Jugez sur pièces : un médecin-légiste, qui doit avoir un lien de parenté avec le monstrueux serviteur du château du Bal des Vampires, cocard métallique sur l’oeil et houppe à la Tintin, qui patauge voluptueusement dans les viscères ; un chef de la police qui tient en laisse un curieux animal de compagnie, apparemment une femme aux quatre membres à moitié amputés et une tête cybernétique ; un assassin qui vide ses proies de leur sang à l’aide de trocarts gros comme des tuyaux ; des seins qui en jettent (du vitriol !) ; une opération à pied ouvert à la perceuse, sans anesthésie ; un écartèlement en place publique ; un night-club hanté par une faune qui rappelle celle de Total Recall avec des entraîneuses pas banales : une femme escargot aux yeux pédonculés, une autre avec un phallus en guise de nez et une troisième aux seins grossièrement recousus, dont les cuisses se transformeront en mâchoires affamées de crocodile au grand dam d’un client trop confiant. En prime quelques trouvailles pas ragoûtantes, comme ces drôles de friandises, cloportes, chrysalides et autres mille-pattes, juteuses, bien mâchées et goulûment dégluties par un passager du métro !

Ruka, insensible à toutes ces bizarreries, imperturbable, poursuit sa traque dans la mégalopole, seule au volant d’une voiture au toit de pagode, accourant, tous gyrophares allumés, au renfort de policiers accoutrés en samouraïs, avec quelques accessoires volés à RoboCop.

Des flashs publicitaires s’insèrent dans le récit, vantant les mérite d’un cutter destiné aux adolescentes, qui s’adonnent à une distraction très prisée : se taillader les avant-bras ( » C’est mignon et ça ne fait pas si mal « ) ou assurant la promotion du dernier jeu Wii qui permet, avec un sabre (virtuel), d’exécuter à distance (en vrai) un condamné enchaîné.

On retrouve, en plus débridé, les excès auxquels se sont laissés aller Robert Rodriguez et Quentin Tarantino avec Planet Terror et Death Proof / Boulevard de la mort. Le film pourra rappeler à d’autres l’affrontement des Monty Python contre les monstres de Holy Grail ou Jabberwocky.

Bien que ça fuse tous azimuts, la réalisation n’est pas sans mérite. Les éclairages, en particulier des nuits de Tokyo, délibérément surexposés, jouent hardiment avec les couleurs. Le montage, frénétique, n’est pas si mal maîtrisé et la musique sort de l’ordinaire.

Tout ça doit suffire à justifier l’attribution du prix du meilleur film au Fant-Asia Film Festival de Montréal en 2008.

J’allais oublier : si vous n’êtes pas insensible aux charmes de Eihii Shiina, déjà remarquée sans Audition de Takashi Miike, vous pourrez la revoir dans Vampire Girl vs. Frankenstein Girl.

Présentation - 3,0 / 5

Deux disques dans un keep case inséré dans un étui cartonné. Accès rapide aux menus et navigation facile. Sous-titres français escamotables à la volée.

Contrairement à ce qu’indique la jaquette, la durée du film est de 109’ et non 98’. Les formats audio sont DTS 5.1 et DD 5.1 pour la VO en japonais et le doublage en français (et non DD 5.1 en japonais et DD 5.1 et 2.0 en français).

Bonus - 3,5 / 5

Sur le DVD 1, pour vous mettre le sang à la bouche, le teaser de quatre films : The Machine Girl, Vampire Girl vs. Frankenstein Girl, Death Bell et… Colic (sic), film thaïlandais avec un étrange bébé possédé par l’esprit d’un criminel trop tôt réincarné !

DVD 2 :

Sauf indication contraire, tous les suppléments sont en 4/3 et VOST DD 2.0 :

Tournage du film ou les coulisses de l’horreur (25’). C’est le morceau de choix, qui révèle toutes les ficelles (au propre comme au figuré) des effets spéciaux. Rien de numérique ici, tout est bricolé à la main ; et tout le monde s’y met, y compris le réalisateur. Le sang jaillit de toute part. Il en a fallu pas moins de 4 mètres cubes :  » nos fans aiment ça «  assure Yoshihiro Nishimura ! Ils ne sont apparemment pas les seuls : la bonne humeur règne pendant les prises ! Sur le plateau, combinaison imperméable obligatoire ; nettoyage des sols tous les soirs au balai-brosse.

Interview du réalisateur Yoshihiro Mishimura (28’). Intéressé depuis l’enfance par le cinéma de genre (son plus lointain souvenir est Le Voyage fantastique de Sinbad avec les fameux  » trucages  » de Ray Harryhausen), il s’est spécialisé dans le maquillage et les effets spéciaux, avec une idée derrière la tête : réaliser ses propres films après avoir appris les ficelles sur le tas. Voilà qui est fait avec ce premier essai dans le sanguinolent. Encore un qui rechigne à vieillir…

Interview de Eihi Shiina (14’). En habit de tous les jours, sagement assise devant la caméra, jambes magnifiques hors champ, elle répond gentiment aux questions. Le timbre de voix est si doux qu’on lui pardonnera la banalité des propos dans le style  » promo « .

Pub TV (4’). Bout à bout, les six flashes publicitaires insérés dans le film et réalisés par Noboru Iguchi et Yudai Yamaguchi.

Trailer original (1’45”), clip promo (5’), et bandes-annonces de films japonais, coréens et thaïlandais (dont certaines déjà vues sur le DVD 1), la plupart en 16/9, VOST :
- Tokyo Gore Police (resucée du trailer original)
- Vampire girl vs. Frankenstein Girl
- Yakuza : l’ordre du dragon
- Les Foudres de Dieu
- Death Bell
- Réunion sanglante
- Colic
- Cello
- Opapatika
- Bodyguard 2

Image - 3,5 / 5

Beau travail de post-production sur les couleurs, en particulier pour les scènes de nuit.

Quelques menus défauts : manque de piqué sensible dans les arrière plans larges et blancs légèrement brûlés.

Son - 3,5 / 5

Le format DTS 5.1, disponible aussi bien pour la version originale que pour celle doublée en français, offre une meilleure dynamique et un spectre plus ouvert vers les aigus que celui de la version DD 5.1.

Spatialisation timide et pas toujours cohérente.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur InFocus IN76
  • Denon DVD-3910
  • Denon AVR-3806
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918 (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080i - Diagonale image 270 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 15 février 2011
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