Réalisé par Lawrence Guterman
Avec
Jeff Goldblum, Elizabeth Perkins et Alexander Pollock
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Qui pourrait croire, en regardant son toutou adoré, petite
boule de poils, aux yeux humides d’amour canin, la truffe
luisante, la langue pendante, à laquelle s’accroche
désespérément un filet de bave et la patte levée sur le canapé
du salon ; comment croire, donc, que cet être décérébré,
incapable de faire la différence entre un arbre et un
fauteuil, pourrait être la dernière ligne de défense contre
des chats despotiques qui rêvent de prendre l’ascendant sur la
race humaine ?
Aucun propriétaire de chien, je vous l’assure.
Mais d’un autre côté, qui pourrait douter, en regardant votre
chat, posant fièrement, le poitrail gonflé d’orgueil félin,
vous narguant les yeux mi-clos, tandis que d’une patte fourbe,
il pousse le pot de fleurs vers le rebord de la commode, le
condamnant ainsi à une chute vertigineuse, qui le réduira en
morceaux et tâchera par la même occasion le tapis persan du
salon ; qui douterais, redis-je, que ces créatures, au
demeurant craquantes, ne sont pas les êtres machiavéliques
décrits par le film ?
Aucun propriétaire de chat, je vous l’assure.
C’est pourtant le parti pris du premier film de Lawrence
Gutterman, ex-infographiste, qui a notamment travaillé sur
Fourmiz, dans lequel de paisibles matous et toutous à
leur mémère se livrent à une guéguerre millénaire et high tech
pour dominer le monde.
Parodie de films d’action tels que
M:I : Mission : Impossible et Matrix, « Cats and
Dogs » ravira les enfants (et les éternels gamins) mais
ennuiera fort les parents ; car, contrairement a Shrek
et son irrévérence, ce film est bien trop sage et ne supporte
pas une lecture au second degré.
Présenté et attendu pendant l’été 2001 comme un méga
blockbuster, capable de venir à bout des dinosaures de
Jurassic Park III ou des primates de
La Planète des singes, « Comme chiens et chats », sort dans
une édition presque confidentielle, suite à ses faibles
performances en salles.
La jaquette cartonnée Warner le place d’office dans la
collection Kids. L’illustration est réussie, mais bien plus
drôle que le film : elle représente des chats et des chiens
qui se fixent méchamment, fardés de gadgets high-tech. Le
recto, comme toujours chez Warner, est riche et précis en
détails, mais victime d’une terrible faute de goût : les tons
passent du jaunâtre par le bleu clair jusqu’au bleu foncé,
couleurs qui font penser à la couverture délavée d’un livre
resté trop longtemps sur l’étal d’un marchand. Bref, cela fait
penser à quelque chose d’invendable.
Côté menu, Warner rattrape le coup. On insère le disque
sérigraphié (chose rare), et là, un splash screen apparaît,
non pas pour choisir la langue du menu, mais pour choisir son
camps : chien ou chat. Astuce originale et très amusante.
Un écran intercalaire nous indique que l’on se connecte à
telle base secrète. Les menus principaux sont conçus sur le
même principe, mais adoptent des looks différents : bleuté
pour les chiens, rouge pour les chats. Truffés de petites
annotations, de petites animations amusantes, ces menus
méritent qu’on prenne le temps de les regarder. Le même thème
musical les illustre, mais le rythme est plus accéléré pour
les chats. On notera au passage que lorsque l’on configure le
menu en anglais, la musique est moins dynamique.
Les écrans des bonus sont aussi différenciés selon le choix de
départ, toujours dans l’esprit du menu principal, avec les
mêmes illustrations sonores.
En ce qui concerne le chapitrage et le choix des langues, ce
sont des menus communs aux deux choix, fixes et muet.
Dernière astuce : si les menus sont différents selon le choix
de départ, les bonus cachés, même si on les retrouve à la même
place, sont différents si on les active depuis le centre canin
ou la base féline.
Voilà un DVD qui regorge de suppléments, mais, pour la
plupart, ne présentant aucun intérêt.
Tout d’abord, le gros morceau du DVD : le commentaire
audio du réalisateur, du comédien qui double Tinkles le
chat, du producteur et du chef décorateur, voilà qui promet.
Mais, au final, seul les anglophones pourront en profiter car
Warner a oublié les sous-titres, comme souvent.
Les coulisses du tournage, divisés en deux documents :
Le making of « Chiens et chats », qui narre la création du film,
très superficiellement ; un reportage un peu difficile pour
les nerfs tant le commentaire de Sean Hayes (la voix de
Tinkles le chat) est fatigant. La seconde partie - « Nouveaux
tours de chiens » - détaille les effets spéciaux, du dressage
aux images de synthèse, en passant par les animatroniques ;
sans être exhaustif, il présente l’avantage d’être
intéressant.
Le Casting et équipe technique donne les voix
françaises du film, chose que l’on ne voit pas dans les autres
films (pour Shrek, c’était le casting américain qui
était crédité, même en VF).
Une bande-annonce est disponible en 16/9 et en Dolby
Surround. A savoir que deux autres bandes-annonces sont
disponibles, mais en bonus cachés, dont une très drôle
où Mr. Tinkles commente l’état du cinéma en tirant à boulets
rouges sur les adversaires du moment.
Une comparaison story-board/scène finale, qui prend la
place de la touche « scène inédite ».
Les deux derniers bonus cachés donnent droit aux
croquis préparatoires des armes félines pour l’un, et à un
casting hilarant de Mr. Tinkles dans plusieurs films clefs.
Côté DVD-Rom, on continue avec le classique lien Internet, des
photos, des fonds d’écran, l’identité secrète des animaux, et
surtout une fin alternative, dont les possesseurs de
lecteurs de salon n’auront pas la primeur.
Pour un film vieux de six mois, on aurait pu espérer une copie
en parfait état, or certaines scènes (peu nombreuses il est
vrai) présentent des faiblesses dans la profondeur des noirs,
et une énorme rayure fait une furtive apparition.
Si l’on excepte ces petits défauts, l’image est excellente et
la compression à la hauteur.
L’espace sonore virtuel 5.1 est parfaitement mis en scène et
utilisé tout au long du film. Les effets sont là, souvent
subtils et parcimonieux (un fourré qui frétille derrière vous
est l’annonce d’un mauvais coup des chats). On l’aurait voulu
plus déménageant tout de même.
L’utilisation de la voix de Gilbert Melki pour le doublage de
Butch l’espion, canin aguerri mais aigri, est ce que l’on
appelle une fausse bonne idée, tant sa performance est fade (à
l’instar de Jamel dans Dinosaure et de Muriel Robin
dans Tarzan). Il semble oublier qu’il doit
interpréter un chien et non un humain. Sinon, beau travail des
ingénieurs du son, qui ont réussi à transposer l’ambiance
sonore conforme à l’originale, et ce, dans toutes les langues
doublées sur ce DVD.