Le Sexe fou (1973) : le test complet du DVD

Sessomatto

Réalisé par Dino Risi
Avec Giancarlo Giannini, Laura Antonelli et Alberto Lionello

Édité par M6 Vidéo

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Le 22/11/2011
Critique

Après Les Monstres (1963), Une poule, un train… et quelques monstres (1969) et Moi, la femme (1971), Dino Risi réalise un nouveau film à sketches en 1973 intitulé Le Sexe fou (Sessomatto). Il y dirige Giancarlo Giannni et Laura Antonelli dans neuf segments à travers lesquels ce magnifique couple endosse plusieurs personnages drôles, mélancoliques, monstrueux, en changeant d’apparences physiques à chaque fois. Avec son sens unique et acéré de la satire, Dino Risi égratigne dans Le Sexe fou les pratiques sexuelles de ses concitoyens tout en dressant un portrait au vitriol de l’être humain.

Un valet amoureux de sa patronne, un jeune homme qui souhaite séduire une femme de 70 ans, un couple qui ne prend du plaisir que dans l’agressivité, un autre qui aime les lieux publics pour faire l’amour, un employé qui remplace sa femme par une prostituée, un donneur de sperme, une veuve qui venge son mari en épuisant sexuellement l’assassin, un paysan trompé par la femme qu’il aime, un couple qui invite un employé du mari pour raviver la flamme qui les unit… Tant d’histoires tournant autour de la question de l’érotisme en Italie.

A travers neuf histoires, Dino Risi se sert du sujet du sexe pour une fois de plus traiter des relations humaines. Se défendant de faire du cinéma militant, le réalisateur transalpin n’épargne personne, toutes les couches sociales sont touchées, et qu’importe le sexe éponyme, tous les êtres humains sont des monstres, de gauche comme de droite, de la grande bourgeoisie au prolétariat. Cinéaste humaniste mais profondément ironique, considéré comme le plus pessimiste des réalisateurs italiens, Dino Risi donne à réfléchir sur la place prépondérante du sexe dans la société et se sert de la puissance du cinéma populaire pour lancer des débats après la projection.

Comme le disait le metteur en scène du Fanfaron  » tout est grave mais rien n’est sérieux « , et l’on peut se permettre de rire (facilement) face au jeu survolté de Giancarlo Giannini, véritable homme-orchestre, souvent méconnaissable physiquement mais toujours magnifique, épaulé par Laura Antonelli à l’apogée de sa beauté dont le film a par ailleurs renforcé son image de sex-symbol auprès de la gent masculine.

Si la qualité des segments est inégale, certains sont même un peu longs, nous passons un excellent moment et Le Sexe fou n’a rien perdu de sa verve grinçante.

Présentation - 3,0 / 5

Le boîtier Keep Case renferme le DVD sérigraphié aux couleurs de la collection des Maîtres Italiens SNC. Le menu principal reprend également l’habillage habituel, sobre et efficace.

Bonus - 3,0 / 5

En dehors des habituelles bandes-annonces issues de la collection des Maîtres Italiens SNC et des notes de production, l’éditeur nous propose des scènes commentées par Jean-Baptiste Thoret. Enseignant, historien et critique cinématographique, spécialiste du Nouvel Hollywood, notre intervenant a déjà apporté ses lumières sur de nombreuses éditions DVD et Blu-ray. Egalement familier du cinéma italien des années 70, notre interlocuteur commente ici un peu plus de 45 minutes du film de Dino Risi. Si dans la première partie Jean-Baptiste Thoret lit un texte déjà préparé à travers lequel il cite Dino Risi tout en indiquant les thèmes récurrents de son cinéma, la deuxième partie s’apparente à un vrai commentaire audio, riche et spontané. Il y passe en revue la critique de la société italienne chère à Dino Risi, l’histoire du film à sketches, les rapports entre les hommes et les femmes dans le cinéma italien et évoque le casting du Sexe fou.

Image - 3,5 / 5

Le générique d’ouverture fait craindre un master poussiéreux avec un grain important mais tout s’arrange rapidement dès le premier changement de plan. La restauration ne fait aucun doute, les couleurs, bien que sensiblement délavées, sont plutôt pimpantes, la clarté est de mise et la texture agréable. Si le teint des comédiens tire sur le rosé, que divers flous sporadiques et fourmillements aux arrière-plans sont constatables, cette édition du Sexe fou, jusqu’alors inédit en DVD, s’en tire fort honorablement et les partis-pris esthétiques variant selon l’atmosphère des sketches (certains sont ternes, d’autres lumineux) sont joliment restitués. Notons tout de même que le grain a tendance à refaire surface sur certains effets de montage comme lors des transitions entre chaque partie, ou sur le segment du rêve dans la clinique où l’aspect vaporeux entraîne irrémédiablement une perte de la définition.

Son - 3,5 / 5

La version italienne en mono d’origine a été restaurée avec soin, bien que quelques saturations persistent sur les notes aiguës ou lors des cris fréquents des transalpins. Certains passages musicaux vrillent un peu les tympans mais aucun souffle ne dénature l’ensemble, les dialogues demeurent clairs et l’écoute plus que satisfaisante. Une piste française est également disponible et s’avère propre. Le doublage est amusant, l’ensemble dynamique et cette fois encore aucune émanation ne se fait présente sur les arrière-fonds. Le mixage original l’emporte néanmoins sur son homologue français avec une ardeur plus appuyée et un naturel plus évident.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm