Solaris (1972) : le test complet du DVD

Solyaris

Réalisé par Andreï Tarkovski
Avec Donatas Banionis, Natalya Bondarchuk et Iouri Iarvet

Édité par Potemkine Films

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Le 19/04/2012
Critique

Sur la planète Solaris bouillonne un mystérieux océan, immense inconscient collectif où les pensées, les souvenirs et les rêveries des hommes prennent corps pour venir les hanter. Kelvin, un psychologue, est envoyé dans la station orbitale dont l’équipage étudie la vie de Solaris. Quand il arrive dans la station, il découvre que son ami, le physicien Guibarian, s’est suicidé et que les deux autres savants sont dans un état nerveux inquiétant. Au détour des couloirs on entrevoit des personnages dont la présence dans la station est inexplicable…

Sublime méditation sur la condition humaine, Solaris d’Andreï Tarkovski, inspiré du roman éponyme de Stanislas Lem demeure l’une des oeuvres phares du réalisateur soviétique. Ce troisième long-métrage est en réalité une réponse de Tarkovski à 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick qui l’avait profondément irrité, en particulier le côté matérialiste que le réalisateur américain avait donné au cosmos.

Film long et lent, Solaris est une expérience cinématographique rare, faisant appel à tous les sens. Comme souvent avec les films de Tarkovski, Solaris est une oeuvre difficile à cerner à la première projection tout comme il est difficile d’en parler. Il n’est d’ailleurs pas conseiller de tenter de résoudre toutes les énigmes du film car, comme pour Le Miroir, deux spectateurs y verront un film différent selon son vécu.

Ode à la nature magnifiquement réalisée, histoire d’amour bouleversante car impossible, méditation métaphysique hors du commun et unique, Solaris appuie la thèse que rien ne peut être expliqué explicitement, que l’homme est incapable de comprendre le monde dans lequel il vit. L’homme, perdu dans ses pensées les plus tristes et dans un éternel recommencement, doit faire la paix avec lui-même s’il veut vivre et survivre. Avec un sens du suspense réel, Solaris se double également d’un thriller futuriste (magnifiques décors) étouffant où un homme perd progressivement pied, combattant ses tourments qui vont prendre forme humaine, jusqu’à l’acceptation de n’être qu’un petit grain de poussière dans l’immensité galactique. Notons enfin que Steven Soderbergh a signé en 2002 une autre adaptation de Solaris qui, si elle n’égale pas celle de Tarkovski, demeure excellente et offre à George Clooney un de ses plus beaux rôles.

Présentation - 4,0 / 5

Exit le menu austère de l’ancienne édition MK2. Potemkine livre en effet un superbe digipack slim renfermant le DVD. Le menu principal est superbe, tout comme le chapitrage et la sérigraphie du disque.

Bonus - 3,5 / 5

Là où MK2 ne proposait qu’une simple galerie photos, des filmographies de l’équipe du film, une biographie de Stanislas Lem ainsi qu’un montage sans intérêt consacré au comédien Donatas Banionis, Potemkine propose une analyse de Solaris par le critique de cinéma Pierre Murat (Télérama, Le Masque et la Plume). Tout en analysant le fond et la forme du film de Tarkovski, notre interlocuteur replace Solaris dans la filmographie du réalisateur en revenant notamment sur la genèse du projet. Pierre Murat évoque également le remake de Steven Soderbergh réalisé en 2002 qu’il considère comme un très bon film bien que son coeur penche évidemment pour la version de Tarkovski.

On retrouve ensuite deux documents présents sur l’ancienne édition à savoir un court entretien de deux minutes avec la soeur du réalisateur, Marina Tarkovski, malheureusement bien trop court. Elle y évoque son frère et notamment les pressions qui pesaient sur lui.

Le dernier module de cinq minutes donne la parole à l’actrice Natalya Bondarchuk qui en l’espace de cinq minutes revient sur l’accueil de Solaris au Festival de Cannes où il a reçu le Grand Prix Spécial du Jury en 1972, grâce auquel le film a été acheté dans le monde entier. C’est aussi l’occasion d’en savoir un peu plus sur la direction d’acteurs d’Andreï Tarkovski à travers quelques sympathiques anecdotes de tournage.

Image - 3,5 / 5

Proposé dans un format 2.20, le master de Solaris est clair, propre, même si la définition est loin d’être optimale et le piqué légèrement émoussé. La colorimétrie respecte les partis-pris originaux, les contrastes sont plutôt concis, le grain très appréciable et la restauration offre aux spectateurs de très bonnes conditions de visionnage. Le film alterne également la couleur avec un N&B tirant sur de superbes gris-bleus métalliques. Néanmoins, quelques fourmillements demeurent constatables sur les arrière-plans ainsi que divers moirages et points blancs subliminaux qui font leur apparition. Les quelques rayures déjà présentes sur l’édition MK2 sont également toujours présentes.

Au moins, avons nous cette fois l’opportunité de pouvoir visionner Solaris dans son intégralité sans changer de disque en plein milieu.

Son - 4,0 / 5

Contrairement à l’ancienne édition, la piste mono originale russe est ici disponible. Toutefois, il serait dommage de se passer de la piste Dolby Digital 5.1 qui tout en respectant l’oeuvre originale offre aux spectateurs une véritable plongée dans l’atmosphère de Solaris. C’est tout d’abord à la musique que profite ce remixage, notamment axé sur les frontales, mais certains effets latéraux (la pluie, un orage, les ambiances électroniques de la station) valent également le coup.

Evidemment, certains puristes ne voudront même pas entendre parler de cette option et sélectionneront la version mono d’une indéniable clarté, malgré un sensible ronronnement. Denses et riches, ces deux mixages permettent de se plonger dans le film d’Andreï Tarkovski avec délectation. Une anecdotique version française Dolby Digital 5.1 est également au programme et propose une spatialisation peut-être plus évidente du thème musical. Cependant, l’ensemble repose surtout sur les dialogues au détriment de certaines ambiances annexes bien présentes sur la version originale. Notons que certains passages coupés pour la sortie en France n’ont jamais été doublés et sont proposés ici en version originale.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm