Stalker (1979) : le test complet du DVD

Réalisé par Andreï Tarkovski
Avec Alexandre Kaïdanovski, Alissa Freundlich et Anatoli Solonitsyne

Édité par Potemkine Films

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Le 06/04/2012
Critique

Rétrospectivement, Stalker apparaît comme l’oeuvre centrale d’Andreï Tarkovski. Son film le plus fort, le plus pur, celui où tout est dit ou plutôt celui où est présent tout ce que le réalisateur a à dire au spectateur. Ce film magnifique où règne la peur de l’être humain de se retrouver face à lui-même, notamment à travers cette Chambre des désirs où peu osent s’aventurer, plonge l’audience dans une sorte de transe métaphysique dont on revient marqué, stigmatisé. Outre ce parallèle entre l’Union Soviétique et le pays montré dans Stalker, une terre opprimée où certains osent braver les interdictions pour rechercher une zone interdite grâce à certains guides, des passeurs (un stalker), Tarkovski montre un monde qui n’a plus confiance en ses penseurs, ses intellectuels.

La littérature est un art avorté, la science est rejetée et n’inspire plus confiance, les savants sont renvoyés à leur vacuité. Finalement, si salut de l’humanité il doit y avoir, il viendra des faibles car les faibles sont les plus forts dans le cinéma de Tarkovski. Le faible croit encore en quelque chose, le stalker a foi en la liberté, en l’homme. Le malheur semble faire partie du bonheur dans le cinéma de Tarkovski car les épreuves vécues donnent de l’espoir et que l’homme ne peut vivre sans aspirations.

A travers des décors magnifiques, son rythme très lent, des fascinants travelling et des plans-séquences renversants de beauté, le cinéaste soviétique signe un chef d’oeuvre pessimiste sur la nature humaine bien que moucheté de pensées idéalistes. Enfin, Stalker révèle également le cheminement de la pensée, une révélation sur le processus créatif, l’inspiration, ainsi qu’une célébration des éléments naturels et le respect de la terre originelle ( » la zone demande du respect sinon elle châtie « ).

Présentation - 4,0 / 5

Exit le menu austère de l’ancienne édition MK2. Potemkine livre en effet un superbe digipack slim renfermant le DVD. Le menu principal est superbe, tout comme le chapitrage et la sérigraphie du disque. Notons que le film tient enfin sur un seul et même DVD.

Bonus - 4,0 / 5

Critique de cinéma (Télérama, Le Masque et la Plume), Pierre Murat réalise une introduction à Stalker de Tarkovski en replaçant le film dans la filmographie du metteur en scène soviétique. Notre interlocuteur ne cache pas son admiration pour cette oeuvre qu’il considère comme le plus grand film de son auteur. Comme nous l’indique Pierre Murat, Stalker est le film qui a valu à Tarkovski le plus grand nombre d’attaques dans son pays. Comme d’habitude, le fond et la forme sont subtilement analysés et les thèmes finement abordés.

S’ensuit un entretien avec le directeur de la photographie Aleksandr Knyazhinsky réalisé juste avant sa mort. Il revient évidemment sur sa collaboration avec Andreï Tarkovski, analyse les partis-pris esthétiques de Stalker (la lumière, le positionnement des comédiens dans le cadre) à travers des images et des photos du tournage.

C’est au tour du chef décorateur Rashit Safiullin de partager ses souvenirs pendant un quart d’heure. Comme dans l’entretien précédent, les anecdotes de tournage se succèdent et l’on apprend surtout qu’un an de rushes n’a pu être développé. Tout le travail de Tarkovski a été purement et simplement été perdu. Après ce choc épouvantable pour le réalisateur et malgré de nouvelles difficultés pour trouver un budget conséquent, Tarkovski décide de se remettre à la tâche et recommence les prises de vue.

Enfin, le compositeur Eduard Artemiev, également créateur des thèmes de Solaris et Le Miroir, se penche sur la conception de la musique dans le cinéma de Tarkovski. Ce dernier lui indiquait qu’il n’avait d’ailleurs pas besoin de musique mais d’une oreille professionnelle et de compétences techniques pour assembler des bruits organiques pour créer une composition. C’est sur Solaris que les deux hommes ont démarré leur collaboration, le réalisateur indiquant au compositeur qu’il n’userait de sa musique uniquement lorsque les besoins filmiques lui manqueraient pour s’exprimer.

Ces trois interviews étaient déjà disponibles sur l’édition MK2. Potemkine n’a en revanche pas repris les galeries photos, les bio-filmographies ainsi qu’un court module centré sur la maison d’enfance du réalisateur.

Image - 3,5 / 5

Intégralement tourné en lumière crépusculaire, Stalker bénéficie d’un master soigné, au format 1,37 respecté, propre, même si la définition n’est pas optimale. Quelques fourmillements, moirages, rayures verticales, flous sporadiques et clignotements sont à noter mais les couleurs désaturées sont bien rendues tout comme les noirs qui affichent une densité fort louable. Le format et le grain d’origine (appuyé sur les parties brumeuses) sont respectés, la colorimétrie est certes un peu claire voire légèrement fanée mais l’ensemble demeure agréable.

Son - 4,0 / 5

Stalker est proposé dans une version Dolby Digital 5.1 et une piste en mono d’origine. Le remixage peut d’abord dérouter mais finalement, le superbe thème musical est bien spatialisé, bien que quelques saturations demeurent inévitables. Les ambiances ne sont pas en reste (la poursuite au début du film, le passage d’un train à l’arrière-plan, un courant d’eau) et participent à l’immersion sensorielle voulue par le metteur en scène en respectant l’oeuvre originale. Malgré un sensible manque de punch, la balance entre les frontales et les latérales est incontestable, et les dialogues se révèlent plus dynamiques qu’en mono. Sur cette dernière, un souffle sporadique est notable mais l’ensemble est ample et propre, et contentera les puristes.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
Multimédia
Stalker
Bande-annonce 1 VOST
Stalker
Bande-annonce 2 VOST

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