Safe

Safe (1995) : le test complet du DVD

Réalisé par Todd Haynes
Avec Julianne Moore, Xander Berkeley et Peter Friedman

Édité par Doriane Films

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Le 02/01/2012
Critique

Carol White, une femme au foyer aisée et passive, partage son temps entre les séances d’aérobic, la cuisine et les achats pour sa maison. Son univers douillet bascule lorsqu’elle développe une allergie à ce qui l’entoure. En proie a la dépression, elle finit dans un inquiétant centre de traitement new age.

Pierre angulaire du cinéma indépendant américain, Safe pose les bases du cinéma de Todd Haynes qui signe ici son deuxième long métrage. Sous ses allures calmes et paisibles, la banlieue américaine bourgeoise (ici californienne) renferme des maux, un mal-être. Julianne Moore incarne Carol White, une femme trentenaire mariée à un homme d’affaires qui a réussi. Son existence semble réglée et se résume à choisir la couleur du nouveau canapé, prendre des cours d’aérobic, faire les courses pour son mari et son beau-fils ou assister aux réunions tupperware de ses voisines. Jusqu’au jour où Carol contracte une maladie inexpliquée (tout semble aller parfaitement sur le plan médical) et devient allergique à l’air qu’elle respire.

Parabole sur l’épidémie du SIDA, avertissement écologique (les maladies liées aux produits chimiques), drame existentialiste, critique du matérialisme américain et de l’American Way of Life, les niveaux de lecture sont multiples. Safe est un film d’une densité extraordinaire et hypnotise le spectateur dès les premières images. La musique, l’atmosphère, le cadre rappellent énormément le Mulholland Drive de David Lynch qui semble t-il s’est beaucoup inspiré du film de Todd Haynes pour l’introduction de son plus grand film. Avec ses intérieurs blancs, froids, vides, cliniques, les décors reflètent la vie intérieure du personnage de Carol. Son électrocardiogramme semble plat, et son vide existentiel est tel que son corps, dans un dernier sursaut, lui inflige cette étrange maladie pour lui rappeler qu’elle est bel et bien en vie. Carol White tente de réapprendre à vivre ou de survivre en s’éloignant de toutes commodités, à la campagne, auprès de patients atteints des mêmes maux.

Après Short Cuts, Julianne Moore rentre définitivement dans la cour des grands avec Safe et porte entièrement le film sur ses épaules diaphanes. Sa beauté froide convient parfaitement au personnage de Carole, et sa fragilité à fleur de peau donnent le frisson jusqu’à la toute dernière image. Les thématiques du cinéma de Todd Haynes (la monotonie du quotidien, comment assumer sa solitude, le droit à la différence, la peur du regard des autres, la marginalisation) explosent dans Safe, et même si la deuxième partie, celle de la cure de Carole, est nettement moins prenante et passionnante que la première heure, Safe demeure un très grand film, aujourd’hui toujours aussi dérangeant, glaçant et troublant.

Présentation - 3,0 / 5

Le menu principal est sensiblement animé, les images du film défilent et la sublime partition d’Ed Tomney nous met immédiatement dans l’ambiance de Safe.

Bonus - 3,5 / 5

En plus d’une galerie de photos, Doriane Films accompagne Safe d’un long et intéressant entretien avec Samuel Blumenfeld, journaliste au quotidien Le Monde. Pendant près de 50 minutes, notre interlocuteur propose un large panorama du cinéma indépendant américain, des années 50 à nos jours, en pointant évidemment le film Safe réalisé par Todd Haynes en 1995. Samuel Blumenfeld se penche ensuite sur le film proprement dit, évoque les difficultés de financement, le tournage, tout en donnant sa propre interprétation sur quelques séquences clés. Il situe Safe dans la filmographie du réalisateur en croisant plutôt judicieusement les thématiques récurrentes présentes entre autre dans Loin du paradis ou Velvet Goldmine.

Image - 2,0 / 5

Vu la qualité de l’image, Doriane Films a littéralement déterré ce master d’on ne sait où et le visionnage demeure imprécis. La définition est constamment chancelante, la colorimétrie est désaturée, le piqué confus, le grain fortement appuyé et persistant, et les séquences nocturnes altérées. Les noirs sont poreux, les fourmillements nombreux, quelques scories viennent émailler l’écran (poussières, dépôts, rayures verticales), tout comme certaines brûlures de cigarettes qui font également leur apparition lors des raccords de montage. Affichant quinze ans au compteur, Safe en paraît ici le double.

Son - 3,0 / 5

Cela va un peu mieux pour le son. L’éditeur livre une piste anglaise DD 2.0 restituant les voix des comédiens avec clarté, tout comme la superbe partition signée Ed Tomney rappelant furieusement le thème principal de Mulholland Drive. Le mixage est plutôt propre et malgré quelques légères résonances et craquements, l’écoute demeure fluide.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm