En ville (2011) : le test complet du DVD

Iris, seize ans, vit la fin de son adolescence dans une petite ville de province lorsqu’elle rencontre par hasard Jean, un photographe parisien d’une quarantaine d’années. Au fil des rendez-vous, leur relation se transforme en une amitié amoureuse qui bouleverse leurs vies.

Romancière, plasticienne et vidéaste, Valérie Mréjen signe, en collaboration avec Bertrand Schefer, son premier long-métrage avec En ville. Si certains partis-pris risquent de s’adresser aux plus cinéphiles, force est de constater la grande réussite plastique du film. Malgré sa courte durée (1h10), le rythme est très lent mais les deux metteurs en scène prennent le temps d’exposer cette double initiation et peuvent compter pour cela sur la sensibilité à fleur de peau de Lola Créton et Stanislas Merhar, qui captivent de bout en bout. L’ombre de Michelangelo Antonioni plane sur tout le film, on pense évidemment à L’Eclipse et au Désert rouge, notamment dans la mise en place des personnages dans l’espace, tout comme ces derniers qui tentent de tromper une forme d’ennui. La lumineuse Lola Créton, révélée dans Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Løve, est quasiment de tous les plans et incarne à merveille cette adolescente mal dans sa peau, qui ne trouve pas sa place, perdue dans ses sentiments et qui ne parvient pas à se projeter dans une vie future. Son visage grave et magnétique s’accorde à merveille à la délicatesse et la mélancolie de son partenaire. En dépit de dialogues très (trop ?) écrits, En ville est prometteur et nous attendons de connaître les prochains projets de Valérie Mréjen et Bertrand Schefer.

Un très beau slim digipack renferme un livret et le DVD aux belles couleurs bleutées. Le menu principal est animé, sobre et musical, épousant parfaitement l’atmosphère du film.

L’éditeur propose un remarquable court-métrage, French courvoisier, réalisé par Valérie Mréken en 2010. C’est la fin d’un repas. Huit personnes sont réunies autour d’une table et en viennent à évoquer le souvenir d’un ami disparu. À travers les histoires de chacun à propos de l’absent, traits de caractère, manies ou expressions, un portrait en creux se dessine. Interprété entre autre par Marilyne Canto, Jérémie Elkaïm et Antoine Chappey, ce court-métrage touche par sa simplicité et impose la sensibilité de la réalisatrice Valérie Mréjen.

S’ensuivent quelques commentaires réalisés sur des images ou séquences tirées du film. C’est ici l’occasion d’apprendre les références des cinéastes, tout en écoutant une analyse pertinente des thèmes abordés.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, les credits, ainsi qu’un livret contenant quelques critiques du film et un entretien avec les réalisateurs.

Tourné avec peu de moyens, En ville bénéficie d’un transfert correct, qui ne fait certes pas d’étincelles mais qui restitue les partis-pris esthétiques originaux sans tenter un lissage inutile. La clarté est appréciable sur les séquences extérieures, les plans fixes sont mieux définis et le grain respecté. En revanche, les contrastes manquent de fermeté, la colorimétrie tend à baver sur certains aplats, les détails manquent à l’appel et les prises de vue réalisées en 16mm dans un environnement sombre apparaissent plus spongieuses.

Seule une piste stéréo est disponible. Heureusement, ce mixage se révèle riche et restitue avec la même acuité, les ambiances naturelles et les silences olympiens. Les dialogues sont dynamiques, le confort acoustique indéniable et l’apport des latérales aurait finalement été facultatif.