Réalisé par Michael Hjorth
Avec
Jacob Ericksson, Marcus Palm et Ann-Sofie Rase
Édité par CTV International
Cinq universitaires ont pris le train pour le nord de la Suède
où 800 hectares de forêt ont brûlé. Leur mission est de
recenser, à 400 kilomètres de toute habitation, tout ce qui -
animal ou végétal a pu survivre. Dès le premier jour, ils
découvrent le cadavre d’animal totalement inconnu, apparemment
sous sa forme foetale. Il s’agit probablement, nous dit-on,
d’une forme ancienne de vie, ranimée par la chaleur intense de
l’incendie. Curieusement, le cadavre ne se décompose pas et,
mieux encore, disparaît.
Le comportement d’Ingar, l’une des deux femmes de l’expédition
s’altère gravement ; elle dit sentir une vie en elle : il
apparaît vite que l’intrus est la créature inconnue.
Alors que la chute d’arbres sur la route coupe toute retraite,
un par un, chaque membre de l’expédition subit le sort
d’Ingar ; seule Ann-Sofie, l’autre femme, semble avoir été
épargnée. Erreur ! Ann-Sofie a le même regard étrange que ses
infortunés camarades lorsqu’elle les rejoint dans le
compartiment du train qui roule vers Uppsala…
Un bon scénario d’horreur impressionniste : l’inconnu reste…
inconnu, jusqu’à la fin du film. Impossible de savoir à quoi
ressemble vraiment la « créature ». Manifestement, ses « hôtes »
involontaires sont changés, mais on n’en saura pas plus.
Malheureusement, tout est gâché par une réalisation
brouillonne : il faut être résistant au mal de mer pour
supporter les mouvements désordonnés de la caméra numérique
tenue à l’épaule ; le cadrage est aléatoire ; l’étalonnage des
couleurs a été oublié ; l’image -au grain épouvantable va du
sur-exposé au sous-exposé à l’intérieur d’une même séquence.
Le pompon, c’est le défaut de synchronisation des paroles et
des mouvements des lèvres dans la version suédoise Dolby
Digital 5.1 : le son est en avance d’à peu près deux secondes
sur l’image. Ce qui conduit à des effets cocasses (on peut
voir une des actrices parler très distinctement alors
qu’elle… boit au goulot !). Avec les soubresauts erratiques
de la caméra, on renonce vite à savoir qui parle.
C’est bien simple, comparé à « The unknown »,
Le Projet Blair Witch fait presque l’effet d’une super-
production hollywoodienne !
De très beaux menus animés, sur un fond de forêt stylisée :
sol rouge, marque de l’incendie, arbres noirs sur fond bleu
marine, évoquant la froideur de la nuit. Découpage en 22
chapitres, avec vignettes animées et indication de la
chronologie.
Menus clairs, dont les fonctions ne sont jamais mises en
défaut.
Hélas ! l’emballage ne fait pas la qualité du produit. Mais
encore, le piteux résultat artistique n’est vraisemblablement
pas dû au transfert sur DVD, dont la réalisation semble avoir
été soignée, si l’on en juge par l’excellente qualité des
menus.
Dans le commentaire audio en VOST, le
réalisateur Michael Hjorth, assisté d’un des acteurs, Tomas
Tivemark, nous avoue, d’entrée de jeu, qu’il avait voulu une
caméra mouvante. « Objectif atteint ! », comme dirait Andie
MacDowell.
Bande-annonce en VOST et doublée en français.
Curieusement, paroles et mouvements des lèvres sont ici
synchronisés. Comme quoi c’était possible !
La petitesse des moyens nous est révélée dans le making
of en VOST au format 1.33:1 (22’). Notez bien qu’on s’en
serait douté ! Le chef op’-caméraman-directeur de la photo (il
est tout ça à la fois) nous confesse qu’il lui a été difficile
(sic !) de se débarrasser de toutes les règles de réalisation
d’un film, de ne plus s’occuper du côté technique. On aurait
aimé qu’il fasse moins efforts pour oublier comment filmer !
Quoiqu’on dise, rien ne peut excuser le défaut de
synchronisation d’un bout à l’autres des 87 minutes de la
version originale en 5.1 (la version originale en stéréo
surround est, à cet égard, acceptable, comme la version
doublée en français, aussi convaincante qu’une « récitation à
l’école primaire »). Et pourquoi nous infliger, pendant une
heure et demie, les gesticulations incohérentes de la caméra ?
(elle tremble intensément même pendant les rares plans « fixes »
de paysages, comme à 10’56”, ce que seul un froid intense ou
un excès d’Akvavit aurait pu faire pardonner… si on nous
l’avait demandé). Que dire de l’état de saleté de l’objectif,
révélée sans fard à 54’19”, notamment ?
Il n’est pas impossible que ces Suédois aient voulu faire plus
fort, et dans le genre crasseux, que leurs voisins danois du
Dogme. Espérons, si c’est vrai, que le mal ne se propage pas
dans tout le pays !
Clip vidéo (3’37”) de la chanson du film, interprétée
par le groupe Bravo 6 ; techniquement, rien à dire. Et, pour
boucler le tour, des très courtes interviews des
principaux comédiens.
C’est la cata ! Un fourmillement incessant (et pas des petites fourmis, s’il vous plait), probablement dû au transfert vidéo (on nous explique dans le making of qu’il s’est fait par projection directe sur un écran de composition… pour dix fois moins cher !). Et les couleurs ? Bien, on n’a pas lésiné (dans les gammes tristounettes, cependant) puisqu’en quelques secondes, dans plusieurs scènes de jour, le visage des acteurs passe du rouge brique au blanc ivoire, en passant par le jaune d’oeuf…
Le menu audio annonce le format Dolby Digital 5.1 pour la VOST comme pour la version doublée ; un timide effet surround n’est discernable que pour la musique et pour quelques-uns des bruits d’ambiance ; les dialogues semblent avoir été enregistrés en mono. Donc, pas d’hésitation, choisissez la VOST en 2.0 Pro-Logic : vous n’y perdrez rien… sauf le décalage surréaliste des dialogues et de l’image !