Louise Wimmer (2011) : le test complet du DVD

Réalisé par Cyril Mennegun
Avec Corinne Masiero, Jérôme Kircher et Anne Benoît

Édité par Blaq Out

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Le 22/08/2012
Critique

Après une séparation douloureuse, Louise Wimmer a laissé sa vie d’avant loin derrière elle. A la veille de ses cinquante ans, elle vit dans sa voiture et a pour seul but de trouver un appartement et de repartir de zéro. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle veut tout faire pour reconquérir sa vie.

Il y a bien longtemps que le cinéma français ne ne nous avait pas proposé un si beau portrait de femme contemporain. Louise Wimmer est le premier long métrage de fiction d’un documentariste réputé, Cyril Mennegun, qui signe un vrai coup de maître, délicat et sensible, sur le complexe combat d’une femme proche de la cinquantaine qui lutte quotidiennement pour garder la tête haute et résister face au dénuement.

Louise Wimmer c’est Corinne Masiero, vue dans La Vie rêvée des anges et A l’origine, un corps long, une voix rauque marquée par la cigarette, un visage qu’on ne peut oublier, des yeux qui en disent long sur les épreuves endurées dont on ne saura pratiquement rien, à part un divorce qu’on imagine douloureux, mais qui ont du être difficiles puisque Louise est obligée de dormir dans sa voiture (qui arrive au bout du rouleau) malgré un emploi de femme de ménage dans un hôtel. La douleur dans les tripes, Louise continue d’avancer, avec fierté et dignité, fait l’amour dans une chambre d’hôtel avec un amant récurrent, peut compter sur l’aide d’un ami marié qui en pince pour elle, fait envoyer son courrier à la patronne d’un bar-PMU (Anne Benoît, parfaite) où elle fait sa toilette matinale, se débrouille pour manger à l’oeil dans les cafétérias du bord de route, bien que cette victime battante préfère s’en sortir seule, en cachant sa situation à sa fille et à son ex-compagnon.

De tous les plans, Corinne Masiero enflamme la pellicule et livre une magnifique et fascinante prestation qui marque les esprits, qui émeut mais qui donne également envie de se battre. Une (grande) héroïne des temps modernes qui espère obtenir un logement social qui lui permettrait de commencer une nouvelle vie. Malgré son sujet délicat, Cyril Mennegun évite tout pathos et misérabilisme, philosophie héritée de ses précédents documentaires comme le superbe Journal de Dominique, une rareté dans le cinéma français. Récompensé à plusieurs reprises dans divers festivals, Louise Wimmer est un des films indispensables de l’année 2012.

Présentation - 4,0 / 5

Blaq Out prend soin du service après-vente de Louise Wimmer et livre un très bel objet qui se présente sous la forme d’un digipack dépliant contenant les deux disques. Si la mention  » La découverte de la Mostra de Venise  » prend malheureusement autant de place que le titre du film, l’éditeur a mis les petits plats dans les grands et propose une de ses plus belles sorties à ce jour.

Bonus - 4,0 / 5

Cette édition se divise en deux disques. Si le premier ne renferme que le film, le deuxième contient en outre deux documentaires exceptionnels du réalisateur Cyril Mennegun.

Il s’agit tout d’abord de Tahar l’étudiant (52’), réalisé en 2007 marquant la première apparition à l’écran du comédien Tahar Rahim. Tahar a à peine plus de vingt ans, le visage juvénile et la voix tendre. Mais l’insouciance de la vie d’étudiant, ce n’est pas pour lui. Pas pour lui, dont la mère a élevé seule 10 enfants, dont la famille est loin, à Belfort, alors qu’il étudie à Montpellier. Pour lui, le monde n’est pas tant immense et plein de dangers qu’hors de portée. Il manque cruellement d’argent, cherche du travail avec énergie mais ne correspond jamais aux critères demandés. Tahar ne sait plus s’il doit continuer à croire en un avenir meilleur, en lui, en ses études. Et est-ce qu’une licence de sociologie, c’est vraiment le bon choix ?

Alors âgé de 23 ans, Tahar Rahim est un étudiant comme les soixante mille autres composant le campus de Montpellier. Cyril Mennegun souhaite réaliser un documentaire sur l’avenir des étudiants en leur donnant la parole et rencontre ce jeune homme qui souhaite avant tout faire un  » cadeau  » à sa famille en réussissant ses études. Nous suivons quelques jours de la vie de cet étudiant entre espoirs et désillusions, entre l’insouciance de l’adolescence qui touche à sa fin et l’entrée de plain-pied dans la vie adulte et professionnelle. Aujourd’hui auréolé de 2 Césars, nous suivons ce jeune homme qui est certes passionné de cinéma (les murs de sa chambre sont recouverts d’affiches de films) mais qui ne se prédisposait pas du tout à devenir l’un des comédiens les plus en vus de la fin des années 2000. A l’époque, Tahar Rahim pensait surtout à pouvoir manger, à trouver un boulot même alimentaire et se confrontait au délit de faciès. Enfin, ce docu-fiction met en relief la galère de la vie estudiantine, les inégalités des chances et la solitude des facultés. A ne manquer sous aucun prétexte.

S’ensuit Le Journal de Dominique (53’30”) réalisé en 2006. Dominique Bourgon est gardienne d’un immeuble HLM dans le quartier des Glacis à Belfort. Elle fait ce qu’elle a à faire : nettoyer les graffitis sur les boites aux lettres, s’occuper des réparations de l’ascenseur et des déménagements. Sans plus. Car ce qu’elle aime, c’est écrire sur son carnet à spirales, retranscrire la solitude des locataires, les souvenirs et les sentiments de ses voisins, dont les vies sont désormais empilées dans le béton. Entre deux coups de chiffon, elle rencontre certains d’entre eux, stylo à la main : Doudou, qui souffre d’être loin de sa terre d’origine, le Sénégal, Florence, jeune femme venant de la DDASS où elle a été traumatisée, et son ami Olivier qui tente de se réadapter à la vie sociale, Colette qui pleure son mariage raté… Autant de confidences, d’histoires singulières ou banales, captées le temps d’une rencontre intime, de portraits qui se croisent délicatement, au rythme de la prose de Dominique, mélange délectable d’hyperréalisme et de sensibilité poétique. La solitude est encore au centre de ce court-métrage documentaire qui émeut de la première à la dernière image. Chronique de la vie ordinaire, Le Journal de Dominique expose les bouleversants états d’âme des habitants sensibles d’un quartier sensible.

Corinne Masiero et Cyril Mennegun s’entretiennent ensuite pendant plus de 20 minutes sur leur rencontre et leur collaboration. Cyril Mennegun explique avoir chercher une actrice pour qui écrire, une comédienne pas ou peu connue, un visage dont il aimerait montrer toutes les facettes. De son côté, Corine Masiero s’exprime sur ce premier rôle inattendu. Tous deux reviennent sur la construction du personnage, ses zones d’ombres et la conduite du sujet.

Nous retrouvons ensuite le metteur en scène qui revient sur son parcours atypique pendant 28 minutes. Fils d’un père bûcheron et d’une mère enchaînant les petits boulots, Cyril Mennegun n’était pas du tout prédisposé à faire du cinéma. C’est par hasard, et un peu par mythomanie avoue t-il, qu’il se retrouve dans le circuit après avoir un temps envisagé une carrière artistique dans la peinture, en se retrouvant aux manettes de quelques documentaires. Ce  » pari avec lui-même sur quelque chose d’improbable  » l’a conduit à réaliser un court-métrage en 1998 et des documentaires dès 2002, même s’il n’a pas fait d’école de cinéma et n’avait aucun accès à la culture dans sa jeunesse. A coeur ouvert, Cyril Mennegun s’exprime sans fard et évoque quelques-uns de ses films qui ont marqué son parcours jusqu’à Louise Wimmer, son premier long métrage de fiction.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces (celles de Louise Wimmer et de films disponibles chez l’éditeur), ainsi qu’un petit module de 3 minutes montrant l’émouvante fin de tournage après le dernier plan de Corinne Masiero.

Image - 4,0 / 5

Blaq Out nous propose un très beau master de Louise Wimmer. Respectant les volontés artistiques du réalisateur et de son chef opérateur Thomas Letellier, la copie affiche une colorimétrie soignée, des contrastes de belle tenue, un grain cinéma restitué, et un piqué plutôt ferme, notamment sur les scènes diurnes. L’image est propre, sans fioriture, les gros plans impressionnent par leur précision et la clarté est de mise.

Son - 4,0 / 5

En dépit de son caractère intimiste, il serait dommage de négliger la piste Dolby Digital 5.1. En effet, ce mixage parvient sans mal à créer une spatialisation concrète, quelques effets pointent sans mal sur les latérales tandis que la clarté des dialogues demeure constante sur la centrale. La balance frontale est également à l’avenant, les ambiances naturelles restent palpables tout du long et même quelques basses parviennent à se faire entendre, surtout lors du récurrent Sinnerman de Nina Simone. Une version stéréo est également disponible et se révèle tout aussi riche et dense. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm