Réalisé par Roger Donaldson
Avec
Kevin Costner, Bruce Greenwood et Steven Culp
Édité par Metropolitan Film & Video
40 ans ont passé depuis les treize jours qui figèrent le monde
dans la crainte d’une 3ème Guerre Mondiale. La crise des
missiles nucléaires de Cuba en 1962 fut l’un des moments clé
de la Guerre Froide, mais ce jeu d’échecs entre JFK et Nikita
Khrouchtchev revêt une importance particulière aux Etats-Unis,
et notamment depuis la « libéralisation » de plusieurs textes et
transcriptions qui enrichissent davantage l’aura et l’âge de
Kennedy.
« Treize jours » est donc un retour dans l’Histoire à usage
interne pour les américains, mais il offre aussi un Kevin
Costner au meilleur de sa forme, grâce au script intelligent
de David Self, et à une mise en scène rigoureuse de Roger
Donaldson (qui avait déjà placé l’acteur entre les deux
surpuissances, dans le thriller politique
Sens unique).
Non, Kevin Costner ne joue pas JFK (l’honneur revient à Bruce
Greenwood, et il s’en sort avec les honneurs). Costner
interprète le bras droit de John Fitzgerald et Bobby. Trois
politiciens de haut niveau, qui comprennent que le danger ne
vient pas vraiment de Khrouchtchev, mais plutôt des ardeurs
belligérantes des généraux au poste au Pentagone.
« Treize jours » se limite exclusivement au « point de vue »
américain : un handicap historique, mais aussi un moyen qui
lui évite de ressembler à un pamphlet qui finirait par rien
obtenir à vouloir trop faire. Plus que de l’Histoire, il est
question ici de la Kennedysation avec un K majuscule.
Donaldson et Costner signent donc un thriller humaniste et
démocrate. Une leçon sur le bon sens et le beau cinéma.
« Treize jours » est une sorte de disque pionnier. New Line
avait retenu ce titre pour lancer (aux Etats-Unis) sa
collection « Infinifilm », un mixte d’argumentaires marketing
(des fonctionnalités « lapin blanc » matrixiennes améliorées) et
de bonnes intentions pédagogiques (présenter des suppléments
qui vont « au-delà du film »).
Même si pour des limites techniques, le système « Infinifilm »
n’est pas viable sur des galettes localisées, Seven 7 offre et
transpose l’essentiel de ces efforts : le contenu.
« Treize jours » risque d’avoir une audience limitée à cause de
son thème (la crise des missiles de Cuba), et ce serait bien
dommage, car la qualité du film et le choix pédagogique de ses
bonus en font une édition captivante et - chose rare -
intelligente.
Quitte à devoir séparer film et suppléments, Seven7 sort le
film sur deux DVD (un seul pour le Zone 1). Vu l’intérêt de
l’histoire et l’audience visée, on peut s’interroger sur
l’utilité de réserver à la VF la seule piste DTS du film. Du
coté des deux commentaires audio et des plus-produits, tout
est rigoureusement sous-titré ou localisé en français. En ces
temps de fabrications consensuelles à la chaîne, « Treize
jours » est une bête rare.
(Tous les bonus sur les 2 disques sont sous-titrés ou
localisés en français)
Le film est accompagné par deux commentaires audio : le
commentaire « artistique » (appelons-le ainsi) est
raconté par Kevin Costner, le réalisateur Roger Donaldson, le
scénariste David Self, deux producteurs et le superviseur des
FX visuels. On trouve ensuite un commentaire
« historique », qui est constitué en fait d’un habile
montage des propos d’historiens et des protagonistes de
l’histoire, et de documents audio d’époque (John F. Kennedy,
par exemple). Dans les deux commentaires, il est donc question
d’Histoire et de la reconstitution de l’histoire, et ils
méritent à eux seuls l’achat du DVD.
Pour bien situer le récit (surtout pour le public européen),
on trouve également des mini-fiches sur les acteurs et
les rôles qu’ils interprètent. Mais ils s’arrêtent aux noms et
aux positions recouvertes ; de petites bios auraient été les
bienvenues..
Place maintenant au disque 2.
Les origines de la crise de Cuba (48’)
Il s’agit du premier document contextuel à explorer.
« Contexte » est le mot approprié, car ce documentaire essaie de
reconstituer l’escalade de la Guerre Froide et le cas de
Berlin, qui furent à l’origine de la crise cubaine. Comme pour
le film, le point de vue est essentiellement américain, mais
la multiplicité des propos des personnages réels et les images
d’archive sont fort intéressantes.
Les protagonistes (28’)
Quelques spectateurs de cette coté de l’Atlantique risquent
d’être déroutés, car ces « instantanées » s’adressent au public
américain, pour qui les visages et les enjeux de la crise
cubaine restent un événement majeur de l’histoire récente. Il
faudra s’accrocher. Ces courts extraits sont intelligemment
repartis par catégorie (« Les leaders politiques », « Les
conseillers de JFK », « Les militaires », etc.), mais se limitent
à dresser des portraits au moment même de la crise. On
regrette ici l’absence d’une « vision européenne » plus élargie
des personnages, en particulier pour Fidel Castro, à peine
esquissé et un peu malmené…
Le making of (11’)
Court mais efficace, car il nous apprend des détails qui
peuvent nous être échappés lors de la projection, comme par
exemple le fait que tous les plans « simili-historiques » sont
en fait 100% réels, et ont été « upgradés » numériquement
pour obtenir la même qualité des images fictives du film.
Bref, la génération suivante de Forrest Gump.
Les effets visuels
On trouve ici une courte introduction (1’18”) du responsable
des FX visuels, et une séquence multi-angle (5 angles
disponibles) trop rapide pour être réellement intéressante. Au
suivant.
Les scènes inédites
Il y en a 9, et elles témoignent toutes de la rigueur du
scénario et de la mise en scène. New Line y consacre pas mal
d’efforts, car chaque plan est en 16/9 et avec une qualité
comparable à celle du film, avec deux pistes audio (la bande-
son, et un commentaire de Roger Donaldson), et donc avec deux
sous-titrages. Quasiment tous les plans ont été coupés pour
des questions de rythme ou de cohérence narrative, exception
faite pour une référence historique à Pearl Harbor, qui
risquait de passer à coté des spectateurs.
Le reste
Les traditionnelles touches finales du produit. La
bande-annonce du film (en VF et VOST), quelques filmographies
sous forme de fiches d’identité, et un lien vers le site
français de « Treize jours ».
Une image de grande qualité et rigueur, étonnante même sur les stock-shots « upgradés », qui donnent l’impression d’être filmés avec le reste. Le recours au noir et blanc pour souligner la reconstitution de certains moments historiques nous semble inutile, mais ce débat sur les choix artistiques du film est juste pour la postérité..
On peut interroger sur l’utilité de réserver la seule piste
DTS du DVD à la version française (ou alors pourquoi pas les
deux, puisque il y avait suffisamment de place ?), étant donné que
« Treize jours » s’adresse essentiellement aux fans de la VO.
D’autant plus que, DTS ou pas DTS, la version originale est
plus riche et détaillée de la VF, qui nous paraît un peu trop
hachée sur les graves. Sans oublier que le jeu des acteurs
pour imiter la posture des Kennedy et le vocabulaire des
années ‘60, est un régal..