The Swimmer (1968) : le test complet du DVD

Réalisé par Frank Perry
Avec Burt Lancaster, Janet Landgard et Janice Rule

Édité par Wild Side Video

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Le 14/09/2012
Critique

Un beau matin, Ned Merrill, un homme athlétique mais vieillissant, débarque en maillot de bain dans une riche propriété du Connecticut et décide de rejoindre sa maison en passant de piscine en piscine.

Chef-d’oeuvre méconnu voire totalement oublié des années 60, coincé entre les films classiques hollywoodiens et le Nouvel Hollywood qui allait exploser, The Swimmer réalisé par Frank Perry et écrit par sa femme Eleanor Perry, demeure inclassable, unique en son genre, indispensable. Critique du rêve matérialiste, superficiel et autarcique de l’American Way of Life qui ne résume qu’à la taille plus ou moins grande de sa piscine par rapport à celle du voisin, le bijou de Frank Perry offre à Burt Lancaster son rôle le plus atypique.

Adapté d’une nouvelle éponyme de John Cheever, ce film emprunte la forme du road movie, genre qui n’est d’ailleurs pas encore étiqueté, montre le parcours d’un homme, quinquagénaire à la carrure d’athlète mais vieillissant (presque à vue d’oeil au fil du film), se rendant d’un point A à un point B, en passant d’une piscine à l’autre jusqu’à chez lui où l’attendent sa femme et ses enfants. Comme s’il remontait le cours du temps en même temps que cette rivière fictive qu’il baptise du nom de sa femme, le protagoniste vêtu de son maillot de bain de la première à la dernière image, se confronte à des interlocuteurs de plus en plus violents à chaque étape franchie. Si le personnage tente visiblement d’oublier un traumatisme le temps de quelques brasses, comme si l’eau tel un cocon l’isolait du monde réel ou le purifiait d’un passé qu’il désire effacer, le retour sur la terre ferme est chaque fois plus virulent. Le personnage se voute, se blesse, s’écroule petit à petit, le soleil resplendissant laisse place à l’orage, jusqu’au final aussi magnifique qu’inattendu et déchirant.

Le personnage reste et restera énigmatique. Burt Lancaster, qui a toujours considéré The Swimmer comme son plus grand rôle, personnifie non seulement une classe sociale en voie d’extinction, mais aussi un pan du cinéma qui se meurt. Comme s’il s’amusait à rappeler quelques personnages rendus célèbres par le comédien, Frank Perry émaille son film de quelques références aux films de Burt Lancaster à l’instar du maillot de bain porté par l’acteur qui n’est pas sans rappeler celui qu’il arbore dans Tant qu’il y aura des hommes.

Bien que le metteur en scène ait quitté le plateau avant la fin du tournage pour cause de divergence artistique avec son producteur, Sydney Pollack, ami du cinéaste, a repris en main les prises de vue, notamment la séquence au cours de laquelle Merrill retrouve son ancienne maîtresse. Quoi qu’il en soit, il est important de réhabiliter ce chef-d’oeuvre, tout en en dévoilant le moins possible.

Présentation - 4,5 / 5

Les visuels des DVD constituant la collection des Introuvables ont toujours été soignés et celui de The Swimmer ne fait pas entorse à la règle. A l’instar du menu principal, animé et musical, la jaquette est lumineuse et très attractive. Un très beau travail éditorial.

Bonus - 2,0 / 5

Outre la bande-annonce d’époque, nous retrouvons un entretien (13’) indispensable et passionnant d’un des plus grands historiens et critiques cinématographique français, Jean-Baptiste Thoret. Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, notre interlocuteur replace The Swimmer dans son contexte cinématographique, c’est-à-dire entre le Hollywood Classique et le Nouvel Hollywood, juste avant l’avènement d’Easy Rider, Le Lauréat ou La Horde Sauvage, et du genre du road-movie proprement dit. Jean-Baptiste Thoret croise habilement le fond et la forme, même si The Swimmer reste et restera probablement énigmatique en dépit des multiples explications possibles. On regrettera uniquement la courte durée de ce module ou même l’absence d’un commentaire audio.

Image - 4,0 / 5

L’attente a été longue mais récompensée. Wild Side livre un très beau master, lumineux, vif et magnifiquement restauré de ce chef-d’oeuvre méconnu qu’est The Swimmer. Excepté le générique d’ouverture, quelque peu fourmillant et sensiblement tâché, les gros plans sont superbement détaillés, la sublime photo parfois vaporeuse du chef opérateur David L. Quaid voit ses partis-pris esthétiques respectés. Le bleu du ciel et des piscines est étincelant, la clarté aveuglante, les visages des acteurs sont certes sensiblement rosés mais le fait est que la copie permettra aux spectateurs qui n’auraient pas encore vu ce bijou, de le découvrir dans les meilleures conditions techniques possibles. Est-ce de la folie d’espérer un jour le Blu-ray de The Swimmer ?

Son - 4,5 / 5

The Swimmer n’a visiblement pas bénéficié d’un doublage français. Comme pour l’image, le mixage anglais mono a bénéficié d’une restauration évidente. Les dialogues sont clairs, la magnifique et entêtante partition signée Marvin Hamlisch berce harmonieusement les oreilles, tandis qu’aucun souffle ou craquement intempestif n’est à signaler. Quelques échangent paraissent plus étouffés mais dans l’ensemble l’écoute demeure limpide.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm