Eureka (1983) : le test complet du DVD

Réalisé par Nicolas Roeg
Avec Gene Hackman, Theresa Russell et Rutger Hauer

Édité par Potemkine Films

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Le 06/11/2012
Critique

1925, au Canada. Jack McCann découvre un filon d’or et devient subitement l’un des hommes les plus riches du monde. 20 ans plus tard, il vit reclus sur une île jamaïcaine, entouré d’une femme alcoolique et de proches qui convoitent son héritage. Flamboyante histoire de fortune, de déchéance et de meurtre sanguinaire inspirée d’un fait réel.

Ayant fait ses classes en tant que directeur de la photographie sur des films aussi prestigieux que Le Docteur Jivago ou Fahrenheit 451, Nicolas Roeg passe à la mise en scène au début des années 70. Le réalisateur britannique a su très vite se démarquer avec un cinéma onirique, loin de tout naturalisme, en mettant toujours en exergue l’étrangeté du réel. C’est le cas avec Eureka, film maudit du réalisateur de 1983 qui demeure la pierre angulaire et la synthèse de son oeuvre.

Les questions existentielles, les rapports entre l’homme et la femme, de l’homme à la nature sont cette fois encore au centre d’Eureka, film d’un cinéaste faisant office de chainon manquant entre Fellini pour son goût du grotesque et Alain Resnais pour ses récits labyrinthiques. Tragédie mettant en scène des personnages bien définis tels des pièces sur un échiquier, Eureka est un film singulier, qui ne ressemble à aucun autre, qui déconcerte, agace, subjugue et hypnotise autant par sa magnifique photographie baroque que par l’interprétation de son casting quatre étoiles, Gene Hackman en tête.

Inspiré d’une histoire réelle, Eureka s’intéresse particulièrement aux rapports entre les individus, une quête métaphysique et comment l’homme trouve ou non sa place dans un espace bien défini. Complètement décontenancée une fois le film livré, la MGM n’a jamais su comment vendre le film et a donc préféré mettre Eureka au placard pendant deux ans. Ayant subi quelques coupes en raison de la scène de l’orgie vaudou, le film sort finalement sur quelques écrans américains et anglais. Echec public et critique, il aura fallu attendre la redécouverte de cette oeuvre énigmatique, violente, longue, fascinante, ennuyeuse parfois, érotique, inclassable et même fantastique à l’Etrange Festival pour que le public puisse enfin la redécouvrir et l’apprécier à sa juste valeur.

Présentation - 4,5 / 5

Potemkine livre un superbe digipack slim renfermant le DVD. Le menu principal est superbe, tout comme le chapitrage et la sérigraphie du disque.

Bonus - 3,0 / 5

En guise d’interactivité, nous trouvons un entretien (20’) indispensable et passionnant d’un des plus grands historiens et critiques cinématographique français, Jean-Baptiste Thoret. Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, notre interlocuteur replace Eureka dans son contexte cinématographique, en croisant habilement le fond et la forme. Toujours aussi didactique, spontané et captivant, Jean-Baptiste Thoret répond à toutes les questions que l’on pouvait se poser sur Eureka, tout en exposant brièvement la carrière singulière du cinéaste britannique Nicolas Roeg, les partis-pris adoptés, le casting (Gene Hackman, Rutger Hauer, Mickey Rourke), les thèmes abordés et l’échec retentissant de ce film dont ne savait que faire la MGM. A ne manquer sous aucun prétexte !

Image - 3,5 / 5

La copie a subi un dépoussiérage conséquent malgré quelques points noirs et blancs récalcitrants. Si les lumineuses séquences diurnes ne posent pas de problème, les scènes nocturnes et sombres demeurent marquées par un grain très appuyé nuisant considérablement au confort. Les noirs se révèlent poreux, de nombreux flous sont constatables et le piqué est altéré. Heureusement, nous oublions ces baisses de la définition car l’ensemble reste solide, la stabilité est de mise et de nombreux plans fixes flattent la rétine. Bon point pour l’éditeur, la sublime photographie du chef opérateur Alex Thomson, habitué des univers fantastiques (Excalibur, Legend, Alien 3, Leviathan, Labyrinthe) est délicatement restituée et les dorures brillent de mille feux. A quand le Blu-ray ?

Son - 3,5 / 5

La version originale dispose d’un mixage Dolby Digital Mono 2.0 relativement efficace quand on le compare à la langue de Molière restituée en Dolby Digital Mono 1.0. Cette dernière peine à instaurer un confort phonique appréciable et se focalise trop sur les voix des comédiens, au détriment des effets annexes. Par ailleurs, le doublage est particulièrement mauvais. Raison de plus pour se concentrer uniquement sur la version anglaise, plutôt dynamique et propre, délivrant les dialogues et la composition expérimentale de Stanley Myers (Voyage au bout de l’enfer) avec une précision jamais démentie.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm