Avalon (2001) : le test complet du DVD

Édition Collector

Réalisé par Mamoru Oshii
Avec Malgorzata Foremniak, Wladyslaw Kowalski et Jerzy Gudejko

Édité par Studiocanal

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Avatar Par
Le 06/12/2002
Critique

Ah ! Chouette ! Un film sur les jeux vidéo ! Aïe ! … à quel massacre doit on encore s’attendre ? Qu’on se rassure, « Avalon » n’a rien à voir avec Gamer, daube insipide sortie en 2001… Ici, on est plus près de l’esprit manga, qui est d’ailleurs une des nombreuses sources d’inspiration des créateurs de jeux video, que du film fait par un « fonctionnaire » sans passé vidéoludique qui fait ça « parce que ça plait aux Djeuns ». « Avalon » est un film intelligent. Mamoru Oshii - après avoir voulu donner une âme à des machines dans Ghost in the Shell, essaie, avec classe, de virtualiser les esprits humains.

Avalon est le nom d’un jeu illégal auquel les gens s’adonnent dans un endroit qui ressemble plus à une cité post ravage nucléaire qu’à nos petites villes douillettes où l’on a des milliers de façons de se changer les idées. Ici, tout est laid, respire l’ennui et Avalon constitue la seule source d’évasion et de liberté pour cette jeunesse en perdition. Mais le jeu n’est pas sans risque : se faire tuer virtuellement et c’est l’asile dans la réalité… mort cérébrale oblige !

Parmi les adeptes d’Avalon nous trouvons Ash, une jeune femme belle et solitaire devenue une légende dans le jeu pour être venue à bout du niveau A seule, alors que la majorité des joueurs progressent en équipe. Mais un jour on lui lance un défi et elle devra aller encore plus loin dans le jeu : elle devra accéder au niveau Spécial A.

Une chose est assez frappante au premier abord dans ce film : la ressemblance (au niveau de la photo en tous cas) avec certains films de Terry Gilliam, à travers de petits détails comme les ordinateurs (qui ne sont pas sans rappeler ceux de Brazil ou bien encore L’Armée des 12 singes.

Mais Mamoru Oshii ne veut pas être comparé à Terry Gilliam (il s’en défend même, il ne l’aime pas beaucoup en réalité) qu’il trouve très audacieux dans ses réalisations mais au fond trop gentil. Très occidental en somme… Oshii l’explique dans le Masterclass (sur le même DVD que le film).

On pourrait aussi comparer « Avalon » à un anti Matrix qui, lui, joue la carte d’images virtuelles ressemblant à notre réalité, sans temps mort - où la notion « d’équipe » est poussée à fond, pas de place pour la réflexion et action non stop.

« Avalon » est en fait plus près du jeu vidéo qu’il n’y paraît au premier abord. Car, très souvent, un joueur est seul dans son fauteuil et il doit faire des pauses pour réfléchir à la façon de progresser dans le niveau. Dans ce sens, « Avalon » a un air évident de jeu vidéo, qui ne consiste pas - comme malheureusement beaucoup le croient - à un bourrinage intense sans réflexion sur une manette à s’en faire saigner les doigts. Le jeu vidéo peut être intelligent et « Avalon » met cette notion en avant.

Mais Mamoru Oshii fait entrer le joueur dans le jeu, ce qui n’est pas encore le cas dans la réalité - et c’est ce qui constitue l’un des grands attraits du film… Enfin, Oshii nous met face à un dilemme : vivre une fiction ne serait-il pas plus intéressant que vivre la réalité ? Aujourd’hui, sûrement pas, mais demain ?

Présentation - 5,0 / 5

Ca respire la classe. Le digipack est de toute beauté avec des images du film en fond. Magnifique.

Un volet supplémentaire abrite la BO du film signée Kenji Kawai, compositeur d’un éclectisme rare, fidèle compagnon de route de Mamoru Oshii depuis 1987 qui débuta sa carrière dans les années ‘80 avec un groupe de rock-fusion « Muse », qui n’a eu du succès qu’au Japon d’ailleurs, puis qui signa les BO de Patlabor 2 : The Movie (film issu de la série TV), puis, bien sûr, Ghost in the Shell.

Les disques sérigraphiés reprennent les images de la jaquette. On trouve également un livret d’une vingtaine de pages retraçant la vie de Oshii et la génèse d‘« Avalon ». Passionnant.

Enfin, un « objet collector » : le logo d’Avalon sur du papier de soie (à mettre d’urgence sous verre pour ne pas l’abîmer !) est fiché dans le digipack.

Les menus animés avec en fond sonore la désormais célèbre partition de Kawai ont une classe folle et leur esthétique pardonnera aisément leur longueur. Petits points négatifs, le changement de langue est impossible à la volée et les sous titres français sont imposés sur la VO (polonaise).

Bonus - 5,0 / 5

Disque 1 :

Masterclass : Entretien avec Mamoru Oshii (19’56”, 4/3, VOST) : Enregistré en mars 2002 lors de la sortie française en salles. Oshii revient sur l’ensemble de sa carrière, ses influences et ses moyens de subsistance après ses études (on apprend même qu’il a été animateur radio !)

Images prépératoires : découpé en « Rooms », il s’agit de 3 diaporamas d’images préparatoires avec la BO en fond sonore.

Photos de plateau : défilé d’mages du tournage avec la BO en fond sonore.

Interview de Kenji Kawaï (12’12”, 4/3, VOST) : Kenji Kawaï nous parle de ses influences musicales (qui lui viennent en partie de son père), de sa période rock-fusion pendant ses études et de sa rencontre avec Mamoru Oshii au milieu des années ‘80.

Site Internet complet du film : inserez le DVD dans votre PC et surfez sur le site complet du film sans devoir vous connecter à Internet.

Disque 2 :

1er Making of, « Gate to Avalon » (1h12’, 4/3, VOST) : Il s’agit là d’un document très intéressant puisque la caméra suit Oshii pendant tout le tournage nous faisant part de ses états d’âme, ses humeurs… Un passage est amusant au moment de la « rencontre » avec Oshii - puisque sa première phrase est « je veux rentrer chez moi, je suis fatigué », alors que le tournage n’a pas commeneé …

2ème Making of, « Avalon VFX » (57’49”, 4/3, VOST) : Ce document concerne la partie effets spéciaux du film et il faut reconnaître que c’est probablement le plus intéressant morceau de ce DVD de bonus. Car on assiste à un VRAI making of (très loin de la featurette !) qui nous explique en détail la fabrication des plans (tournage puis application des effets numériques). Captivant.

3ème Making of, « Days to Avalon » (21’58”, 4/3, VOST) : Ce dernier making of est assez complémentaire de « Avalon VFX » puisqu’il se concentre sur le tournage des scènes à proprement parler et des difficultés à réaliser certains plans.

Film annonce (1’43”, 4/3, VOST).

Interview de Mamoru Oshii (21’58”, 4/3, VOST). Ce document pourrait venir à la suite du « Masterclass » du premier DVD, puisque Mamoru Oshii se livre un peu plus en parlant de lui, ce qu’il aime, n’aime pas et il nous fait part de sa passion pour les chiens…

Image - 5,0 / 5

Le ton sépia employé d’un bout à l’autre du film, dont les plans ont presque tous été retouchés numériquement, est superbe. La compression, maîtrisée, offre un spectacle riche en détails. De rares défauts de compression sont à noter mais c’est anecdotique. Un magnifique spectacle technique et artistique.

Son - 5,0 / 5

Contrairement à ce que laissait croire la bande-annonce racoleuse, « Avalon » n’est pas un film à l’action non stop mais au contraire constitué en grande partie de scènes calmes, parfois sans aucun son.

Mais le mixage est parfait, et les effets 5.1 d’une grande finesse aident le spectateur à encore plus d’immersion. Il est dommage qu’il n’y ait pas de piste DTS (pourtant proposée en salles et sur l’édition zone 2 japonnaise - et en 6.1 !), ce qui aurait permis à la musique de s’élever vers encore plus de précision. Cela dit, on frôle la perfection dans les 2 versions Dolby Digital proposées dans cette édition.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur NEC VT45
  • Sony 535
  • Sony STRDB-830
  • Enceintes frontales, centrale et arrières Bose Acoustimass 10, Caisson de basse Energy XL-S10
Note du disque
Avis

Moyenne

4,1
5
9
4
6
3
3
2
1
1
1

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P. de Melun
Le 21 février 2021
« Avalon » est un véritable ovni cinématographique tant il est surprenant jusqu’à être totalement hermétique en noyant le spectateur dans une totale confusion. On y suit donc Ash, une joueuse d’Avalon, jeu illégal, qui doit accomplir des missions qui rapportent de l’expérience et de l’argent. L’histoire centrale peut sembler banale à première vue, et pourtant, elle traite de la perception d’une certaine dualité entre le réel et le virtuel. Le rendu esthétique des couleurs d’un ton sépia durant une bonne partie du film s’intègre parfaitement au contexte mythologique de l’intrigue que Oshii a voulu créer en appliquant des prises de vue réelles, en les balançant dans un univers virtuel. La structure narrative du film ressemble à un jeu vidéo avec missions à accomplir, des niveaux à dépasser, le boss à vaincre… et comme dans tout jeu, il y a une quête à accomplir. Bref, « Avalon » est une œuvre énigmatique, opaque qui demandera un effort de compréhension ainsi que d’une certaine culture du genre.
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Stéphane Leblanc
Le 25 septembre 2019
Mamoru Oshii au top de sa forme, entre lyrisme et désillusion.
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Giuseppe Salza
Le 14 mai 2013
Pas de commentaire.

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Multimédia
Avalon
Bande-annonce 1 VF
Avalon
Bande-annonce 2 VF

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