Réalisé par Mamoru Oshii
Avec
Malgorzata Foremniak, Wladyslaw Kowalski et Jerzy Gudejko
Édité par Studiocanal
Ah ! Chouette ! Un film sur les jeux vidéo ! Aïe ! … à quel
massacre doit on encore s’attendre ? Qu’on se rassure,
« Avalon » n’a rien à voir avec Gamer, daube insipide
sortie en 2001… Ici, on est plus près de l’esprit manga, qui
est d’ailleurs une des nombreuses sources d’inspiration des
créateurs de jeux video, que du film fait par un
« fonctionnaire » sans passé vidéoludique qui fait ça « parce
que ça plait aux Djeuns ». « Avalon » est un film
intelligent. Mamoru Oshii - après avoir voulu donner une âme à
des machines dans Ghost in the Shell, essaie, avec
classe, de virtualiser les esprits humains.
Avalon est le nom d’un jeu illégal auquel les gens s’adonnent
dans un endroit qui ressemble plus à une cité post ravage
nucléaire qu’à nos petites villes douillettes où l’on a des
milliers de façons de se changer les idées. Ici, tout est
laid, respire l’ennui et Avalon constitue la seule source
d’évasion et de liberté pour cette jeunesse en perdition. Mais
le jeu n’est pas sans risque : se faire tuer virtuellement et
c’est l’asile dans la réalité… mort cérébrale oblige !
Parmi les adeptes d’Avalon nous trouvons Ash, une jeune femme
belle et solitaire devenue une légende dans le jeu pour être
venue à bout du niveau A seule, alors que la majorité des
joueurs progressent en équipe. Mais un jour on lui lance un
défi et elle devra aller encore plus loin dans le jeu : elle
devra accéder au niveau Spécial A.
Une chose est assez frappante au premier abord dans ce film :
la ressemblance (au niveau de la photo en tous cas) avec
certains films de Terry Gilliam, à travers de petits détails
comme les ordinateurs (qui ne sont pas sans rappeler ceux de
Brazil ou bien encore L’Armée des 12 singes.
Mais Mamoru Oshii ne veut pas être comparé à Terry Gilliam (il
s’en défend même, il ne l’aime pas beaucoup en réalité) qu’il
trouve très audacieux dans ses réalisations mais au fond trop
gentil. Très occidental en somme… Oshii l’explique dans le
Masterclass (sur le même DVD que le film).
On pourrait aussi comparer « Avalon » à un anti
Matrix qui, lui, joue la carte d’images virtuelles
ressemblant à notre réalité, sans temps mort - où la notion
« d’équipe » est poussée à fond, pas de place pour la réflexion
et action non stop.
« Avalon » est en fait plus près du jeu vidéo qu’il n’y paraît
au premier abord. Car, très souvent, un joueur est seul dans
son fauteuil et il doit faire des pauses pour réfléchir à la
façon de progresser dans le niveau. Dans ce sens, « Avalon » a
un air évident de jeu vidéo, qui ne consiste pas - comme
malheureusement beaucoup le croient - à un bourrinage intense
sans réflexion sur une manette à s’en faire saigner les
doigts. Le jeu vidéo peut être intelligent et « Avalon » met
cette notion en avant.
Mais Mamoru Oshii fait entrer le joueur dans le jeu, ce qui
n’est pas encore le cas dans la réalité - et c’est ce qui
constitue l’un des grands attraits du film… Enfin, Oshii
nous met face à un dilemme : vivre une fiction ne serait-il
pas plus intéressant que vivre la réalité ? Aujourd’hui,
sûrement pas, mais demain ?
Ca respire la classe. Le digipack est de toute beauté avec des
images du film en fond. Magnifique.
Un volet supplémentaire abrite la BO du film signée Kenji
Kawai, compositeur d’un éclectisme rare, fidèle compagnon de
route de Mamoru Oshii depuis 1987 qui débuta sa carrière dans
les années ‘80 avec un groupe de rock-fusion « Muse », qui n’a
eu du succès qu’au Japon d’ailleurs, puis qui signa les BO de
Patlabor 2 : The Movie (film issu de la série TV), puis, bien sûr,
Ghost in the Shell.
Les disques sérigraphiés reprennent les images de la
jaquette. On trouve également un livret d’une vingtaine de
pages retraçant la vie de Oshii et la génèse d‘« Avalon ».
Passionnant.
Enfin, un « objet collector » : le logo d’Avalon sur du papier
de soie (à mettre d’urgence sous verre pour ne pas l’abîmer !)
est fiché dans le digipack.
Les menus animés avec en fond sonore la désormais célèbre
partition de Kawai ont une classe folle et leur esthétique
pardonnera aisément leur longueur. Petits points négatifs, le
changement de langue est impossible à la volée et les sous
titres français sont imposés sur la VO (polonaise).
Disque 1 :
Masterclass : Entretien avec Mamoru Oshii (19’56”, 4/3,
VOST) : Enregistré en mars 2002 lors de la sortie française en
salles. Oshii revient sur l’ensemble de sa carrière, ses
influences et ses moyens de subsistance après ses études (on
apprend même qu’il a été animateur radio !)
Images prépératoires : découpé en « Rooms », il s’agit de
3 diaporamas d’images préparatoires avec la BO en fond sonore.
Photos de plateau : défilé d’mages du tournage avec la
BO en fond sonore.
Interview de Kenji Kawaï (12’12”, 4/3, VOST) : Kenji
Kawaï nous parle de ses influences musicales (qui lui viennent
en partie de son père), de sa période rock-fusion pendant ses
études et de sa rencontre avec Mamoru Oshii au milieu des
années ‘80.
Site Internet complet du film : inserez le DVD dans
votre PC et surfez sur le site complet du film sans devoir
vous connecter à Internet.
Disque 2 :
1er Making of, « Gate to Avalon » (1h12’, 4/3, VOST) : Il
s’agit là d’un document très intéressant puisque la caméra
suit Oshii pendant tout le tournage nous faisant part de ses
états d’âme, ses humeurs… Un passage est amusant au moment
de la « rencontre » avec Oshii - puisque sa première phrase est
« je veux rentrer chez moi, je suis fatigué », alors que le
tournage n’a pas commeneé …
2ème Making of, « Avalon VFX » (57’49”, 4/3, VOST) : Ce
document concerne la partie effets spéciaux du film et il faut
reconnaître que c’est probablement le plus intéressant morceau
de ce DVD de bonus. Car on assiste à un VRAI making of (très
loin de la featurette !) qui nous explique en détail la
fabrication des plans (tournage puis application des effets
numériques). Captivant.
3ème Making of, « Days to Avalon » (21’58”, 4/3, VOST) :
Ce dernier making of est assez complémentaire de « Avalon VFX »
puisqu’il se concentre sur le tournage des scènes à proprement
parler et des difficultés à réaliser certains plans.
Film annonce (1’43”, 4/3, VOST).
Interview de Mamoru Oshii (21’58”, 4/3, VOST). Ce
document pourrait venir à la suite du « Masterclass » du premier
DVD, puisque Mamoru Oshii se livre un peu plus en parlant de
lui, ce qu’il aime, n’aime pas et il nous fait part de sa
passion pour les chiens…
Le ton sépia employé d’un bout à l’autre du film, dont les plans ont presque tous été retouchés numériquement, est superbe. La compression, maîtrisée, offre un spectacle riche en détails. De rares défauts de compression sont à noter mais c’est anecdotique. Un magnifique spectacle technique et artistique.
Contrairement à ce que laissait croire la bande-annonce
racoleuse, « Avalon » n’est pas un film à l’action non stop mais
au contraire constitué en grande partie de scènes calmes,
parfois sans aucun son.
Mais le mixage est parfait, et les effets 5.1 d’une grande
finesse aident le spectateur à encore plus d’immersion. Il est
dommage qu’il n’y ait pas de piste DTS (pourtant proposée en
salles et sur l’édition zone 2 japonnaise - et en 6.1 !), ce
qui aurait permis à la musique de s’élever vers encore plus de
précision. Cela dit, on frôle la perfection dans les 2
versions Dolby Digital proposées dans cette édition.