Rengaine (2012) : le test complet du DVD

Réalisé par Rachid Djaïdani
Avec Sabrina Hamida, Stéphane Soo Mongo et Slimane Dazi

Édité par ARTE ÉDITIONS

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 09/04/2013
Critique

Paris, aujourd’hui. Dorcy, jeune Noir chrétien, veut épouser Sabrina, une jeune Maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n’avait pas quarante frères et que ce mariage plein d’insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés : pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s’opposer par tous les moyens à cette union…

Il aura fallu neuf ans à Rachid Djaïdani pour peaufiner, tourner, monter et réussir à faire distribuer Rengaine, son premier long métrage d’une durée de 77 minutes piochées dans 200 heures de rushes. Réalisé sans argent, sans producteur ni scénario et autorisations, avec des potes, quand les conditions le permettaient, en laissant une grande place à l’improvisation, ce petit film mis en scène avec le coeur et des tripes où résonnent des dialogues percutants a su imposer son style brut de décoffrage.

Si la critique s’est quelque peu emballée à sa sortie en le comparant carrément au cinéma-vérité de John Cassavetes, il n’en demeure pas moins que Rengaine contient de très belles choses. Une sensibilité à fleur de peau, une rage, une envie de frapper, une liberté totale de création et d’expression se dégagent de cette première oeuvre radicale tournée dans un Paris habituellement laissé de côté, dans les coins montrés souvent comme arrière-plan. Cette version de Roméo et Juliette du XVIIIè arrondissement où les communautés noires et arabes s’affrontent, met en relief le racisme ambiant et dénonce les préjugés au quotidien.

Le tout reste mâtiné d’humour (les déconvenues professionnelles de Dorcy notamment) et surtout marqué par l’excellente interprétation des épatants Slimane Dazi (vu dans Un prophète et prochainement chez Jim Jarmusch) et Stéphane Soo Mongo, que Rachid Djaïdani filme sous toutes les coutures en en gros plan, visiblement impressionné par leurs remarquables visages. En dépit d’un rythme en dents de scie et d’une mise en scène parfois tumultueuse, Rengaine inspire une profonde sympathie et laisse envisager un bel avenir pour Rachid Djaïdani.

Présentation - 4,0 / 5

Fidèle à ses habitudes, l’éditeur soigne l’emballage de sa nouvelle sortie. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film, la sérigraphie du DVD est élégante et le boîtier glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est ensuite fixe et bruité. Ce qui n’est pas un mal vu que la caméra de Rachid Djaïdani n’arrête pas de bouger pendant le film. Cela repose un peu les yeux !

Bonus - 4,0 / 5

Joli succès dans les salles avec plus de 100.000 spectateurs, Rengaine bénéficie d’un joli traitement de la part d’Arte Editions.

Nous trouvons tout d’abord un long entretien passionné, émouvant et dynamique du réalisateur Rachid Djaïdani et de sa femme et comédienne Sabrina Hamida (30’). Installés dans ce qui est probablement leur cuisine, les deux intervenants s’expriment avec une rage contenue sur les débuts au cinéma et au théâtre de Rachid Djaïdani (assistant-régie et vigile sur La Haine, comédien chez Peter Brook), la genèse de Rengaine, le choix du titre, les références (Lars von Trier entre autre), les partis-pris (pas de scénario, pas de comédien connu, pas d’argent), le casting.

Ensuite, Arte Editions propose de découvrir un montage constitué de sept séquences (Au coeur de Rengaine, 16’), coupées, non montées ou brutes, à travers lesquelles nous pouvons assister aux conditions de tournage, à quelques scènes prolongeant le quotidien du personnage de Gharib, et dévoilant un peu plus la passion de Rachid Djaïdani pour la boxe, étant lui-même un ancien compétiteur. Ne manquez pas l’irruption d’un type quelque peu illuminé lors du tournage d’une scène où Stephane Soo Mongo, dans la peau de son personnage Dorcy, regarde les robes de mariée dans la vitrine d’une boutique.

En plus du clip de la bande-originale du film et de la bande-annonce, l’autre supplément conséquent s’intitule Dorcy l’intermito (42’). Cette « aération filmique » dixit Rachid Djaïdani, était destinée à devenir une série afin de financer Rengaine. Succession de scènes mettant en scène Stephane Soo Mongo, ce module compile certains moments tournés sur neuf années parmi lesquels Rachid Djaïdani a ensuite pioché afin de les intégrer dans Rengaine. Nous suivons Dorcy à travers ses espoirs et désillusions, essayant de trouver un petit rôle à droite à gauche, tout en luttant constamment contre les préjugés dans sa vie personnelle, et les clichés dans sa vie professionnelle.

Image - 3,0 / 5

Il est difficile de juger une image comme celle de Rengaine puisque le film a été tourné quasiment sans argent et avec une source numérique indéterminée. L’image du master édité par Arte Editions rend compte de ces conditions brutales de tournage avec un grain aléatoire, parfois doux, souvent très appuyé, les séquences nocturnes étant les plus difficiles à restituer, surtout que Rachid Djaïdani ne cesse de filmer ses comédiens en plans très rapprochés. Les pertes de la définition, les flous, les couleurs délavées, la porosité des noirs, les fourmillements, sont donc inhérents aux circonstances des prises de vue.

Son - 3,5 / 5

Soyons honnêtes, le mixage Dolby Digital 5.1 ne sert pour ainsi dire à rien et concentre l’acoustique sur les enceintes avant, au détriment des ambiances naturelles. Les dialogues sont clairs, posés, la balance frontale dynamique, les basses ayant quant à elles quelques opportunités pour faire parler d’elles. Toutefois, privilégiez la Stéréo, beaucoup plus adaptée, souvent percutante et qui instaure un excellent confort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm