Docteur Petiot (1990) : le test complet du DVD

D’après un fait divers authentique qui défraya la chronique de l’époque, le film raconte les sanglants « exploits » du docteur Petiot qui, sous prétexte d’aider les Juifs à fuir la menace nazie, les tuaient par injection mortelle d’un poison, pour prendre possession de leurs biens.

Docteur Petiot est librement inspiré de la vie d’un des monstres ayant sévi durant la Seconde Guerre mondiale. En 1990, le réalisateur Christian de Chalonge, César du meilleur réalisateur en 1979 pour L’Argent des autres, s’empare d’un des faits divers les plus marquants de l’histoire criminelle française du XXè siècle et permet à Michel Serrault, également producteur, de livrer l’une de ses plus remarquables et singulières prestations.

En voyant Docteur Petiot, on se dit qu’il serait temps de réhabiliter l’ambitieux cinéma de Christian de Chalonge, metteur en scène malheureusement oublié, qui a pourtant livré moult films baroques, uniques, esthétiquement recherchés, souvent centrés sur l’animalité de l’âme humaine. Docteur Petiot ne déroge pas à la règle et se révèle extrêmement travaillé sur le plan visuel et acoustique.

Prenant comme références les clairs-obscurs de l’Expressionnisme allemand (la série des Mabuse de Fritz Lang, mais surtout le Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau), Christian de Chalonge, aidé de son chef-opérateur Patrick Blossier, plongent d’emblée les spectateurs dans les méandres de cet esprit malade et transforme son personnage principal en véritable vampire, cape noire volant au vent, yeux cernés de noir, teint cireux, cheveux hirsutes, qui passe ses nuits à appâter ses pauvres victimes. Dans son repaire seront découverts 655 kg de souvenirs et plus de 70 valises.

Docteur Petiot se termine sur une séquence troublante qui fait de ce film unique une oeuvre à redécouvrir de toute urgence.

Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le boîtier est glissé dans un surétui. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

En guise de supplément, nous ne trouvons que les filmographies du réalisateur Christian de Chalonge, de Michel Serrault et de Bérangère Bonvoisin.

Le master SD au format 1.66 respecté de Docteur Petiot demeure marqué par des couleurs peu reluisantes. Les contrastes manquent souvent de concision, la clarté est certes indéniable mais dénature certains détails. Si la copie est relativement propre, la gestion des noirs est trop aléatoire, la définition chancelle quelque peu, les fourmillements et moirages ne sont pas rares, tout comme le grain plus ou moins accentué sur quelques scènes, et les séquences en intérieur sont les plus mal loties avec une baisse indéniable de la définition.

S’il faut saluer l’ambition de Tamasa quant à l’édition de Docteur Petiot en DVD, le résultat technique n’est parfois pas à la hauteur des espérances et les partis-pris élaborés du directeur de la photographie Patrick Blossier (Le Couperet, La Moustache) méritaient mieux.

Si l’image déçoit, il en est autrement du confort acoustique ! La Stéréo affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable. Christian de Chalonge apportant énormément d’importance aux ambiances et effets, cela est d’autant plus estimable. Certains pics musicaux frôlent parfois la saturation mais l’ensemble demeure homogène et les dialogues solides. Dommage toutefois que l’éditeur ait oublié les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.