Une famille respectable (2012) : le test complet du DVD

Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa « famille respectable », il est contraint de faire des choix.

Diplômé de photographie, de cinéma et ayant fait ses études en Italie, le cinéaste iranien Massoud Bakhshi, né à Téhéran, a également étudié en France avant d’entamer une carrière de critique de cinéma, de scénariste, de producteur, puis de réalisateur de documentaires. Avec Une famille respectable, il signe son premier long métrage de fiction. A l’instar du cinéma de son compatriote Rafi Pitts, Massoud Bakhshi est très influencé par le cinéma noir américain ainsi que par les films de Jean-Pierre Melville, mais aussi par le néoréalisme italien. Oeuvre faite de complots et de secrets dévoilés progressivement au fil du récit et du parcours du personnage principal, Une Famille respectable happe les spectateurs dès sa première séquence réalisée en caméra subjective, pour ne plus le lâcher durant 85 minutes. Drame familial, thriller politique, polar, touchant parfois au documentaire, bien ancré dans la condition sociale réelle de son pays, le réalisateur montre également l’importance des femmes dans la société iranienne, loin de clichés occidentaux, qui représentent l’espoir et la dignité de son pays.

Ce premier long métrage n’a de cesse de faire référence aux fantômes du passé, en l’occurrence au long conflit Iran-Irak, huit ans de combat imposés par Saddam Hussein, dont les stigmates demeurent encore visibles dans les rues et surtout dans la tête des iraniens où résonnent encore les bombardements nocturnes. En tant qu’ancien documentariste, Massoud Bakhshi disperse d’impressionnantes images d’archives issues de cette guerre traumatisante, comme si elles ne cessaient de hanter le personnage d’Arash, bloqué malgré lui dans son pays d’origine qu’il a laissé derrière lui plus de vingt ans auparavant pour embrasser une carrière d’universitaire en Occident, et oublier la mort en martyr de son frère aîné durant la guerre.

Une Famille respectable étonne par sa maturité, son impressionnante maîtrise technique et l’impériale direction d’acteurs de Massoud Bakhshi. Le film déploie alors une richesse thématique frappante, dresse un portrait complexe de l’Iran d’aujourd’hui où l’avarice, la cupidité des nouveaux riches et l’immoralité ont gangrené les familles. Pourtant, une note d’espoir pour le pays demeure. L’Iran est aux mains de 50 millions de jeunes de moins de 30 ans (soit 70 % de la population) et c’est à cette génération de changer la donne.

Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Outre un lot de bandes-annonces, Pyramide Vidéo joint un entretien avec le réalisateur (23’). De passage à Paris pour la sortie d’Une famille respectable dans les salles françaises, Massoud Bakhshi aborde en français son rapport au cinéma documentaire (il a d’ailleurs fait croire à son équipe technique qu’ils en tournaient un), ses influences cinématographiques (Jean-Pierre Melville, la Nouvelle Vague, le néoréalisme italien, Les Rapaces d’Erich von Stroheim) et parle ensuite de l’écriture du scénario, ainsi que de la part autobiographique qu’il contient. Notre interlocuteur s’exprime également sur le traumatisme de la guerre, l’identité iranienne, la place des femmes dans la société, le choix et l’utilisation toute particulière des images d’archives présentes dans le film. Cet excellent entretien est joliment illustré par des photos issues du tournage.

Une Famille respectable ne dispose pas d’une édition HD, mais le DVD parvient sans mal à restituer les partis-pris esthétiques originaux avec une gestion solide des contrastes et du piqué, des noirs denses, des couleurs claires un relief omniprésent sur les séquences diurnes tournées en extérieur. Les flashbacks se caractérisent par des teintes atténuées, sombres et terreuses, avec un grain plus appuyé. Toutefois, la luminosité tend à rogner certains détails. Pyramide Vidéo livre néanmoins un bel objet, qui donne encore confiance au codec MPEG-2.

La troublante bande-originale est élégamment délivrée par l’ensemble des enceintes grâce au mixage Dolby Digital 5.1, qu’il serait regrettable de négliger. La spatialisation est probante et privilégie les ambiances naturelles (dans la rue notamment, mais aussi les bombardements et la litanie des chants religieux), le caisson de basses est utilisé à bon escient et les dialogues sont ardents sur la centrale. L’éditeur joint également une piste Stéréo remarquable et efficace. Seule la version originale (farsi) est disponible, les sous-titres français étant quant à eux imposés et incrustés à même l’image.