Réalisé par Ted Kotcheff
Avec
George Segal, Jacqueline Bisset et Robert Morley
Édité par Carlotta Films
Max Vandeveer, patron gargantuesque d’un célèbre magazine gastronomique, fait et défait la réputation des chefs du monde entier tout en satisfaisant son insatiable appétit de gourmet. Pour s’assurer les bonnes grâces de la reine d’Angleterre, il organise un repas d’exception cuisiné par le chef Louis Kohner, avec un dessert réalisé par la surdouée de la pâtisserie, Natasha O’Brien. Après avoir été complimentés par la Reine, les deux chefs passent la nuit ensemble. Au petit matin, Natasha découvre le corps calciné de Kohner dans le four de ce dernier. Les soupçons se portent alors sur Robby Ross, son ex-mari et fondateur d’un empire de fast-food…
George Segal, Jacqueline Bisset, Robert Morley, Jean-Pierre Cassel, Philippe Noiret, Luigi Proietti et Jean Rochefort (en anglais dans le texte) sont réunis devant la caméra du génial, éclectique, talentueux et pourtant trop souvent oublié cinéaste canadien Ted Kotcheff (Rambo, Touche pas à mon gazon, Retour vers l’enfer) dans une sublime comédie burlesque, loufoque, décalée, dans laquelle l’humour so-british convoquant également la Screwball Comedy de Leo McCarey, la comédie à l’italienne (voir la bataille de bouffe) ou les délires de Blake Edwards (une référence pour Kotcheff) fait mouche à tous les coups.
Magistralement réalisé, photographié et interprété, le tout mis en musique par Henry Mancini, La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs, adapté du roman policier de Nan et Ivan Lyons, est un savoureux mélange des genres, oscillant entre comédie, thriller à la Agatha Christie ou plus communément whodunit, film policier et même documentaire consacré à la gastronomie (ah ! ces casseroles, fours et poêles qui crépitent !) qui ravit les spectateurs du début à la fin grâce à un sens inné du gag, aux répliques savoureuses qui fusent à cent à l’heure, et aux grands numéros des magnifiques comédiens, chacun ayant sa petite partition à jouer dans cette magistrale symphonie tournée entre Londres, Venise et Paris.
On en ressort léger, les zygomatiques épuisés, avec des gargouillis à l’estomac et l’eau à la bouche en pensant à tous ces aliments concoctés par Paul Bocuse ! Passez le mot à vos amis, à votre famille, à vos collègues, La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs est une oeuvre d’utilité publique, un remède contre tous les maux. Pour terminer avec les jeux de mots, ce film est une bombe.
De la jaquette en passant par la sérigraphie du DVD, le menu (c’est le cas de le dire) principal, le chapitrage, Carlotta soigne une fois de plus l’objet qui rejoint fièrement toute collection qui se respecte.
Le cinéma gastronomique de Ted Kotcheff : les 100 recettes de La Grande cuisine : Installé dans le décor du tribunal qui sert à la série New York - Unité spéciale dont il est l’heureux producteur depuis l’an 2000, le cinéaste Ted Kotcheff revient pour Robert Fischer sur l’aventure de La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs. Pendant une heure, notre interlocuteur retrace son enfance (toute sa famille était dans la restauration), sa carrière éclectique (Rambo, Touche pas à mon gazon) et raconte, par le biais des différents lieux de tournage, la production de son film, de la préparation du menu du film (avec Paul Bocuse) au choix des comédiens et des restaurants pour les décors, de Londres en passant par Venise et Paris.
Sur un rythme effréné, avec humour et l’oeil pétillant quand il parle de la bonne chair, Ted Kotcheff se souvient des petits plats concoctés par sa mère cuisinière, de la difficulté de mettre en scène une comédie, les repérages pour le film (durant lesquels il a pris vingt kilos) et bien évidemment son amour pour la gastronomie, tout en rendant hommage à ses collaborateurs, son chef opérateur John Alcott (spécialisé dans les publicités alimentaires), son accessoiriste (qui a dérobé quelques couverts de chez Maxim’s et que l’on voit dans le générique), le compositeur Henry Mancini. Ne manquez pas non plus la partie où le cinéaste se remémore des longs repas gastronomiques qu’il partageait pendant des heures avec son ami Philippe Noiret.
Enfin, Ted Kotcheff parle du bon accueil du film par la critique à sa sortie et celui beaucoup plus frileux de la part des spectateurs. Le film était sans doute en avance dit le metteur en scène. L’ensemble est richement illustré par des photos de tournage. A ne pas rater !
Carlotta et le chef opérateur John Alcott (collaborateur de Stanley Kubrick) nous proposent un nouveau master SD restauré croustillant sur fond de contrastes vaporeux de La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs, saupoudré d’une clarté bienvenue. Le tout est arrosé d’un piqué demi-sec, un grain moelleux en bouche, les détails flattent les pupilles (ou papilles ?) gustatives et la profondeur de champ est offerte pour le dessert. En guise de digestif, nous admirerons le joli relief, la concision des noirs, la colorimétrie qui s’en sort avec les honneurs, la propreté de la copie ainsi que la stabilité. Notons tout de même que le format 1.85 n’est pas respecté, la copie proposée étant en 1.77. Nous notons quand même quatre étoiles sur le Guide Michelin-DVDFr.com.
Seule la version originale est disponible, mais qui s’en plaindra ? La piste Mono 2.0 instaure des conditions acoustiques efficaces. La restitution des dialogues et de la musique d’Henry Mancini est exemplaire, le mixage est ardent, limpide, propre et riche, et permet aux spectateurs de se plonger complètement dans l’ambiance survoltée du film de Ted Kotcheff. Le must demeure d’écouter Jean Rochefort, Jean-Pierre Cassel et Philippe Noiret s’exprimer en anglais.
Crédits images : © Carlotta Films