Jorge Luis Borges : le test complet du DVD

Jorge Luis Borges, un des écrivains majeurs du XXe siècle interrogé en janvier 1972 par Jean José Marchand, critique d’art, de littérature et de cinéma. L’écrivain argentin s’exprime dans un français parfait, couramment parlé dans les milieux cultivés au XXe siècle.

Jorge Luis Borges passe son enfance à Buenos Aires où il naît en 1899, suit ses parents à Genève, en 1915, puis à Majorque, des études à Cambridge, avant un retour dans sa ville de naissance, en 1921. Il parle de ses ancêtres, rappelant son ascendance portugaise, espagnole et anglaise, en soulignant aussitôt qu’appartenir à un pays est un acte de foi et que le sang a peu d’importance.

Pendant tout l’entretien, l’écrivain est assis sur un canapé en cuir de Cordoue, devant des lambris de bois rouges, les mains appuyées sur le pommeau d’une canne. La caméra le filme, lui seul, sous le même angle, en plan plus ou moins serré.

Les bruits de circulation dans une rue voisine, sur laquelle une fenêtre est probablement ouverte, ne gênent pas l’écoute et ajoutent à la véracité de l’entretien, qui aurait risqué d’être plus figé dans un studio d’enregistrement.

Pendant près de huit heures, José Luis Borges parle de tout, plus des autres que de son oeuvre, sur laquelle il semble porter un regard assez circonspect : « Je ne sais pas si mes livres valent grand-chose ». Il nous donne, cependant, des clefs qui permettent de dissiper un peu des mystères de ce qu’il considère comme son meilleur conte, « peut-être le seul », Le Sud.

Il cite ses poètes français préférés : Verlaine, Hugo et… Paul-Jean Toulet ! Il soutient que les écrivains qui commencent à vous éblouir s’oublient vite. Tandis qu’un écrivain qui vous donne un plaisir plus serein a plus de chance de vous accompagner pendant toute la vie « . Il évoque Oscar Wilde, dont il traduit à, 9 ans, Le Prince heureux, et les philosophes, Schopenhauer pour une clarté d’écriture qui manque à beaucoup d’autres du XIXe siècle.

Jean José Marchand, disparu en 2011, sait relancer discrètement l’entretien, parfois après un long silence de l’auteur, perdu dans ses pensées ou à la recherche de ses souvenirs, tout en disant : « S’intéresser à son propre passé est maladif ».

Lui dont les oeuvres ont inspiré une quarantaine de scénarios de films tournées en Amérique Latine, mais aussi en Europe, nous dit aimer le cinéma. Le premier film cité est Le Grand jeu de Jacques Feyder, puis les films américains de Josef von Sternberg, ceux de Rouben Mamoulian, les Marx Brothers et Psychose d’Alfred Hitchcock.

Un document d’une grande richesse qui ouvre des portes sur la vision du monde, la littérature, la politique et nous autorise même à quelques regards intimes, avec un passage émouvant sur le regret de Jorge Luis Borges de n’avoir pas eu d’enfant. Un des titres de l’excellente Collection des archives du XXe siècle des Éditions Montparnasse, dont fait partie, le film d’Aleksandr Askoldov, La Commissaire, une rareté.

Test réalisé sur check discs.

Menu sans grande fantaisie, mais navigation sans problèmes.

Toutes les dix minutes environ, l’écran passe au noir, sans coupure du son, pour un clap avec l’annonce : « Monsieur Borgès, 12/1ère ». Après l’inquiétude sur la santé du projecteur, ça finit par ne plus faire peur.

Pas de suppléments, ce dont on ne tiendra pas grief à l’éditeur, les presque huit heures de tête à tête avec Jorge Luis Borges comblant notre désir d’en savoir plus sur lui.

L’image est très propre, avec quelques variations de luminosité, pas vraiment gênantes.

Le son mono (DD 2.0) est clair. La compréhension de certains noms propres est facilitée par leur inscription en sous-titres.