The Hunter (2010) : le test complet du DVD

Réalisé par Rafi Pitts
Avec Rafi Pitts, Mitra Hajjar et Malek Jahan Khazai

Édité par Blaq Out

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Le 31/05/2013
Critique

Téhéran 2009, Ali récemment libéré de prison est veilleur de nuit dans une usine. Il vit à contretemps de sa femme et sa fille. Lorsqu’elles disparaissent dans les émeutes qui secouent la ville, Ali devient le chasseur, poursuivant froidement de sa haine un ennemi insaisissable, caché au coeur des villes aussi bien qu’en lui même.

The Hunter est un film miraculeux. Tourné en Iran avec l’aval de la censure, pourtant extrêmement virulente dans le pays, le cinquième film réalisé par Rafi Pitts n’hésite pas à critiquer et à s’attaquer au régime politique en place avec une rare violence. Avant que les élections présidentielles de 2009  » remportées  » par Mahmoud Ahmadinejad s’accompagnent de troubles répercutés dans le monde entier, Rafi Pitts réalise le film le plus controversé dans son pays, une terre où 70 % de la population a moins de 30 ans, où la peine de mort est la plus appliquée au monde, où la presse et les réseaux internet sont les plus contrôlés.

C’est donc totalement ahurissant qu’une oeuvre aussi contestataire ait pu voir le jour, puisque le cinéma n’échappe généralement pas au contrôle des autorités. D’autant plus que la scène où Ali abat froidement deux policiers sur l’autoroute de Téhéran a dû en choquer plus d’un. Il aura donc fallu six mois de tractation entre le réalisateur et le bureau de censure pour obtenir l’autorisation de tourner dans son propre pays. Un combat auquel s’est livré Rafi Pitts dans le but de pouvoir montrer The Hunter en Iran.

Après la défection de l’acteur principal (par peur de représailles sans doute) le premier jour de tournage, Rafi Pitts remplace au pied levé son comédien, s’octroie malgré lui le premier rôle afin que le film puisse exister (car de nouvelles tractations auraient été obligatoires et la production reportée encore pendant des mois), avec les moyens du bord et une équipe technique soudée. Pour sa première fois devant la caméra, Rafi Pitts impose une véritable gueule de cinéma, un charisme confondant et magnétique, dans un Téhéran tentaculaire rappelant furieusement les dédales autoroutiers pollués de Los Angeles.

Au-delà de la superbe mise en scène renvoyant aux polars américains des années 70, de la magnifique photographie embrumée qui ne cesse de subjuguer, le cinéaste iranien livre une oeuvre authentique, troublante, oppressante et inquiétante, placée sous haute tension malgré la rareté des dialogues. Aujourd’hui, Rafi Pitts se trouve dans l’impossibilité de retourner dans son pays, continue la lutte et se bat pour la liberté d’expression en Iran.

Présentation - 4,0 / 5

La jaquette diffère de l’affiche du film, mais le visuel se révèle plus percutant et attractif. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 3,5 / 5

Outre un lot de bandes-annonces, le réalisateur, scénario et comédien Rafi Pitts est à l’honneur pendant 45 minutes. Dans un premier temps, le cinéaste revient (en français) sur la genèse de The Hunter, la censure, le premier jour de tournage, la politique de son pays. Durant cet entretien de 21 minutes, Rafi Pitts explique avoir voulu au préalable réaliser deux films à partir du scénario de The Hunter, l’un à Téhéran, l’autre à Los Angeles (appelé TéhérAngeles par les iraniens tant les deux villes se ressemblent), afin de confronter les deux versions du film le même jour, des deux côtés du monde, afin d’engager un possible dialogue. Cette idée utopique, poétique et politique n’a malheureusement pas intéressé les Etats-Unis. Ne manquez pas cette interview dense, posée et ultra-passionnante, surtout quand Rafi Pitts explique en détails sa confrontation avec la censure.

Rafi Pitts commente ensuite trois séquences du film (24’), dont le générique et le travail avec les acteurs non professionnels, tout en expliquant plus en détails la réalisation de la scène sur l’autoroute.

Image - 4,0 / 5

Le master est à la hauteur des volontés artistiques originales et les formidables partis-pris esthétiques sont excellemment rendus. Les teintes froides bleues-acier sont profondes, les contrastes denses, la profondeur de champ fort appréciable et le grain sensible flattent souvent les rétines. La copie est propre, immaculée, et la définition exemplaire.

Son - 4,0 / 5

Vous auriez tort de dénigrer le mixage persan Dolby Digital 5.1 ! En effet, Rafi Pitts use des effets et ambiances environnants tout au long du film, distillant certains extraits de discours à droite, protestations à gauche, sans oublier l’énorme trafic routier encerclant Téhéran et la pluie diluvienne de la dernière partie. Les enceintes latérales sont donc intelligemment mises à contribution, y compris la balance frontale et la centrale qui délivre ses dialogues sans esbroufe, mais avec suffisamment d’efficacité. De son côté, la piste Stéréo affiche également une belle puissance. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm