The Outfit - Échec à l'organisation (1973) : le test complet du DVD

The Outfit

Édition Collector

Réalisé par John Flynn
Avec Robert Duvall, Karen Black et Joe Don Baker

Édité par Wild Side Video

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Le 25/11/2013
Critique

À sa sortie de prison où il était incarcéré pour vol, Earl Macklin apprend que son frère Ed a été assassiné : la banque qu’ils avaient braquée appartenait à la Mafia, et « l’Organisation » ne laisse pas ce genre d’affront impuni… Aidé par son ancien complice Cody, Earl décide de venger la mort de son frère, et se livre à une véritable guerre contre « l’Organisation » avec pour dessein de remonter jusqu’aux plus hauts responsables…

The Outfit - Echec à l’organisation est l’adaptation du roman éponyme de Richard Stark alias l’immense Donald Westlake. En 1966, Jean-Luc Godard avait déjà transposé sans autorisation - ce qui a entraîné quelques poursuites juridiques - un roman de l’écrivain avec Made in USA, hommage au film noir, mais la véritable référence en la matière demeure le chef d’oeuvre de John Boorman mis en scène en 1967, Point Blank, plus connu en France sous le titre Le Point de non retour avec Lee Marvin et Angie Dickinson. Toutefois, il faudra attendre 2012 pour que le personnage soit enfin appelé Parker dans le film du même nom réalisé par Taylor Hackford avec Jason Statham, excellente incarnation du personnage créé par Donald Westlake, Richard Stark pardon.

Ancien assistant de Robert Wise, John Flynn passe à la mise en scène en 1968 avec Le Sergent dans lequel il dirige Rod Steiger. Désireux d’adapter un roman de Richard Stark au cinéma, il voit son rêve se concrétiser grâce à la MGM et transpose The Outfit, troisième aventure de Parker publiée en 1963. Cette fois encore, suite à un refus systématique de l’écrivain, comme ce sera également le cas dans Payback de Brian Helgeland, le personnage ne se nomme pas Parker mais Earl Macklin et Robert Duvall, sortant de THX 1138 et du Parrain, obtient le rôle principal.

Aujourd’hui, que reste-t-il de The Outfit - Echec à l’organisation ? Un petit polar propre, bien mis en scène, photographié et mis en musique, mais complètement anecdotique et qui se rapproche aujourd’hui d’un simple téléfilm ou d’un épisode d’une série télévisée du genre Les Rues de San Francisco. Adepte du travail bien fait, John Flynn a toujours oeuvré en artisan, en bon technicien et directeur d’acteurs plutôt qu’en véritable cinéaste, même si ses films demeurent souvent divertissants à l’instar des excellents Légitime violence en 1977 et Haute sécurité avec Sylvester Stallone en 1989. Non, nous ne parlerons pas de Justice sauvage avec Steven Seagal.

Les amoureux des romans de Richard Stark risquent d’être franchement déçus. Robert Duvall n’a jamais brillé dans ce genre de rôle et ne correspond en rien au personnage de Parker, bien que le romancier s’avouait plutôt ravi de ce choix. Avec son scénario linéaire, son manque de rebondissements et son rythme parfois poussif, John Flynn ne restitue jamais ou presque l’ambiance des polars violents de l’écrivain américain disparu en 2008. Dans les romans, Parker est un cambrioleur froid, méthodique, implacable, respectueux d’une éthique irréprochable qui lui est propre et ne laisse rien au hasard en planifiant ses coups avec une minutie redoutable. Robert Duvall n’a absolument rien de taciturne ou de fermé. Pire, le comédien manque de crédibilité. De plus, John Flynn lui file une Karen Black inutile dans les pattes, invente un passé et même un frère à son personnage, une véritable contradiction avec la création de Stark.

Les amateurs de polars sympathiques, classiques et vintage - les seconds rôles sont d’ailleurs campés par d’anciennes gloires du film noir - en auront peut-être pour leur argent et se rueront sur cette curiosité, mais les aficionados risquent de crier au scandale puisqu’ils ne retrouveront pas l’irréprochable et merveilleuse mécanique de Westlake. Le rêve aurait été de retrouver Don Siegel derrière la caméra avec Robert De Niro ou Jack Nicholson (envisagé pour The Outfit) dans le rôle de Parker. Quel fantasme…

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. La collection Classics Confidential fait partie des plus belles disponibles sur le marché français. L’objet mariant le livre, le cinéma et le DVD est sublime, les visuels sont raffinés et très attractifs. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

L’éditeur joint tout d’abord le livre inédit exclusif de 120 pages, du journaliste et historien du cinéma Philippe Garnier, intitulé Artisan du crime, dans lequel vous retrouverez l’histoire et l’analyse de The Outfit - Echec à l’organisation, l’adaptation du roman de Richard Stark, l’histoire du tournage du film et la carrière du réalisateur John Flynn, le tout étant richement illustré de photos (tournage, production), d’affiches et de documents d’archives rares à l’instar de sublimes planches du storyboard original.

Outre la bande-annonce, nous trouvons un entretien avec le scénariste et réalisateur Walter Hill (13’), qui dresse un superbe portrait de son ami John Flynn (1932-2007) en revenant tout d’abord sur les débuts de ce dernier en tant qu’assistant de Robert Wise, puis sur ses premières mises en scène, pour en venir enfin à The Outfit - Echec à l’organisation, l’adaptation du roman de Richard Stark, son hommage au film noir, le casting, l’accueil du film et la fin originale rejetée par la MGM qui montrait la mort de Cody et l’agonie de Macklin.

Image - 4,0 / 5

Ce n’est pas vraiment une surprise, l’éditeur a mis le paquet concernant la restauration du film. La copie, présentée dans son format original 1.85, est quasi-immaculée, dépourvue de scories, de poussières, de fils, de tâches, de points, de griffures. Les couleurs sont ravivées mais conservent leurs teintes seventies, le piqué est très agréable, le grain cinéma respecté et les contrastes solides. Notons tout de même quelques effets de saccades, de légères pertes de la définition et un bruit vidéo.

Son - 4,0 / 5

La version originale dispose d’une piste Mono de fort bon aloi, propre et suffisamment dynamique aux moments opportuns. Le doublage français est réussi mais la piste se révèle parfois trop axée sur les dialogues au détriment de certains effets. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible pendant le visionnage implique le retour au menu. Dans les deux cas, le confort acoustique est plaisant et aucune saturation n’est constatée.

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm