Odysseus, la vengeance d'Ulysse - Saison 1 (2013) : le test complet du DVD

Situation critique à Ithaque : voilà dix ans que la guerre de Troie est terminée et que tous les guerriers sont rentrés, tous sauf un, Ulysse, dont la rumeur dit qu’il s’est perdu en mer. Ithaque, privée de roi depuis trop longtemps, manque de tout, et le peuple commence à gronder. Pénélope préserve comme elle peut le trône de son mari et tient à bout de bras ce qui lui reste de pouvoir. Elle doit faire face chaque jour aux doutes de tous sur le retour d’Ulysse, et aux manigances de Léocrite, chef des guerriers prétendants au trône. Protégé et écarté par sa mère des jeux de pouvoir, Télémaque, jeune prince ni stratège ni guerrier, sera-t-il capable de défendre le trône de son père ? Et si, après 20 ans d’absence, Ulysse revenait ?

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… » Aurait-il pu voir la série Odysseus, Joachim Du Bellay aurait commencé autrement son poème. Dans l’histoire mise en images par les auteurs de la série (sous la houlette de son créateur Frédéric Azémar, un des auteurs de la série Un village français), le héros, fatigué et taciturne, soupçonne tous ses proches de trahison, allant même jusqu’à douter de la vertu de Pénélope, modèle universel de la fidélité conjugale ! En un mot, Ulysse est… malheureux !

La série commence à la fin de l’Odyssée, quand Ulysse est rejeté par une tempête sur les rivages d’Ithaque. Du périple antérieur, rien n’est montré ; tout juste sont furtivement évoqués le chant des sirènes et le charme qui l’a contraint de passer sept années aux côtés de la nymphe Calypso. Les auteurs font le choix de centrer le scénario sur quelques personnages, en étoffant au besoin leurs relations, en résistant à l’idée d’un film d’aventures à grand spectacle. Le scénario met l’accent sur les relations entre Ulysse et Télémaque, entre le père et le fils, entre le pouvoir absolu et l’ébauche d’une justice démocratique. Télémaque est mis en avant, obligé d’admettre que son père, idéalisé par les récits de son passé héroïque, n’est en réalité qu’un ombrageux tyran et que son amour pour Cléa, l’esclave troyenne, viole les tabous. Le déroulement du récit montre et justifie l’évolution du personnage, des élans entiers de la jeunesse à l’ouverture aux compromis capables de dénouer les conflits.

La primauté donnée à l’intimité des personnages souffre des exceptions quand la série tente d’évoquer, en quelques scènes, l’invasion de l’île par l’armée spartiate et, plus souvent, quand elle veut montrer le peuple d’Ithaque, assemblé sur l’agora. Ces ambitieuses tentatives font malheureusement ressentir le manque des moyens investis : la rareté des figurants réduit l’assemblée des hommes libres d’Ithaque ou la foule des « grands jeux » organisés pour relever le défi de Sparte à la taille d’une équipe de football. Les ficelles des effets spéciaux à bon marché sont visibles sans lunettes, par exemple pour la figuration de la flotte de Sparte ou de celle de Phéacie.

Il faut bien admettre que la barre a été mise très haute dans les évocations de l’antiquité par Rome, la coproduction BBC et Warner couronnée par sept Emmy Awards, dont un seul épisode a coûté presqu’aussi cher que l’ensemble des douze qui composent Odysseus. Commencée cinq ans après, la torride série américaine tournée en Nouvelle Zélande, Spartacus : Le sang des Gladiateurs, avec du sang dans l’arène et du sexe dans les palais, n’a pas lésiné non plus sur les moyens.

Il faut néanmoins saluer l’inventivité des décors et des costumes d’Odysseus, stylés à défaut d’être réalistes, mis en valeur par la photo de José Antonio Loureiro et la beauté des paysages (la série a été tournée au Portugal). Les rôles ont été bien distribués : Caterina Murino incarne une Pénélope hiératique, Bruno Todeschini réussit à rendre Léocrite très haïssable, Niels Schneider offre sa beauté de statue grecque à Télémaque et Karina Testa son charme juvénile à Cléa, fille d’un prince troyen réduite à l’esclavage. La série réussit à donner une certaine épaisseur aux personnages, filmés en plans de plus en plus serrés au fur et à mesure que l’intrigue progresse, en nous faisant entrer dans leur intimité.

Malgré quelques imperfections, on a plaisir à regarder Odysseus, servie par un scénario bien structuré, enchaînant les scènes à un rythme un peu lent mais toujours fluide. Un autre signe qui renforce la confiance en l’avenir des séries produites ou coproduites en France sous l’impulsion de Canal+, puis d’Arte.

Les quatre DVD, sobrement sérigraphiés, sont logés dans un digipack inséré dans un étui. Les beaux menus, accompagnés par l’élégante musique de Bernard Grimaldi, n’offrent qu’une interactivité limitée au choix de sous-titres français pour malentendants.

Une seule piste audio, la version française originale. La parfaite synchronisation du mouvement des lèvres de certains acteurs, comme Alessio Boni (Ulysse), montre que les dialogues ont été dits en français pendant le tournage.

Pas même la queue d’un supplément là où il aurait été utile d’évoquer, ne serait-ce que par un texte déroulant, Homère et son oeuvre majeure, L’Iliade et L’Odyssée.

L’image est magnifique, à la fois douce et piquée, avec des couleurs chaudes et bien étalonnées.

Pour le son, le caractère épique de la série aurait mérité le 5.1. Il faut cependant reconnaitre la qualité du format DD 2.0 stéréo qui restitue avec clarté les dialogues et donne une assez belle ampleur à la musique.

Crédits images : © ARTE France