Réalisé par Cédric Klapisch
Avec
Fabrice Luchini, Daniel Berlioux et Marc Berman
Édité par MK2
C’est le premier long métrage de Cédric Klapisch, qui n’avait
jusque-là réalisé que deux courts métrages (généreusement
offerts sur de DVD) : « In transit », en 1986, et « Ce qui me
meut », en 1989.
Il a choisi un thème dans l’air du temps, souvent exploité
pour le grand écran et la télévision : un grand magasin
parisien n’est plus assez rentable. Lepetit, jeune cadre
dynamique, convaincu que la réussite d’une entreprise passe
une bonne communication avec le personnel, est nommé à la tête
du magasin, avec un an pour redresser la situation. Séances
s’apparentant à une thérapie de groupe, chant choral pour
trouver l’unisson et… saut à l’élastique (!), tout est mis
en oeuvre pour favoriser une bonne communication interne. Ça
marche, en dépit de la résistance de quelques frondeurs. A
l’échéance, la démonstration est faite : l’amélioration des
résultats est spectaculaire ! Le personnel sera malgré tout
licencié : le conseil d’administration du groupe avait décidé
de fermer le magasin… dès avant la mutation de Lepetit.
La parodie, jamais grossière, fustige certaines méthodes de
management. Cela reste bien une comédie dont les dialogues,
vifs et sans prétentions (dus à Cédric Klapisch, aussi
l’auteur du scénario, et à Jackie Berroyer) constituent un des
atouts du film. A titre d’exemple « - Quand on voit ça (le ciel
étoilé), on s’dit qu’on n’est pas grand-chose. - Pas besoin de
regarder les étoiles pour savoir que tu n’es pas grand-
chose ! ». Ou encore : « Aujourd’hui, il faut faire beaucoup
d’efforts pour ne pas se retrouver à ne rien faire ! ».
Le comique de situation est souvent bien exploité, comme dans
la scène cocasse où deux employés du magasin, l’un ayant une
tête de plus que l’autre, dansent le sirtaki en se tenant pas
l’épaule, déguisés en… evzones, jupettes au vent !
Une sérigraphie spartiate : c’est le logo de l’éditeur « MK2, Découvertes ». Toutes les informations utiles figurent au dos de la jaquette. Le menu principal, sans animation et sans grande originalité, est « fonctionnel ». Le film est découpé en dix chapitres, dont le titre apparaît en sur-impression lorsque l’on pointe sur chaque image.
Quelle bonne idée de nous offrir, dans les suppléments, les
deux premiers essais de Cédric Klapisch derrière une caméra,
révélateurs de son humour pince sans rire !
Bande-annonce du film.
Courts métrages :
In transit (15’03” - VOST)
Dans ce court métrage (noir et blanc, format d’image 4/3, en
anglais avec sous-titres français), Léopold Pavlovsky arrive à
« New York Airport », où il doit changer d’avion pour aller à
« Nowa Huta ». Son projet est contrarié par la faillite du
transporteur aérien. Il attendra, aux frais de l’aéroport,
dans un « hôtel de luxe ».
Cette pause lui laisse le temps de visiter un New York quasi-
désert, où les tours jumelles du World Trade Center dominent -
ironie du sort des quartiers entièrement rasés. Léopold tombe
amoureux d’une femme de chambre de l’hôtel, au moment où les
vols reprennent…
Le tout premier film de Cédric Klapisch reprend un peu le
style surréaliste des courts-métrages de jeunesse de Roman
Polanski, avec une fin ouverte comme on les aime : la jolie
femme de chambre est-elle partie avec Léopold ?
Ce qui me meut (23’)
Deuxième court métrage de Cédric Klapisch (noir et blanc,
4/3). Un canular : en 1987, Cédric Klapisch a retrouvé, puis
restauré le film projeté en 1930 devant l’Académie des
sciences pour le centième anniversaire de la naissance
d’Etienne-Jules Marey, inventeur de la chronophotographie, qui
a permis l’analyse du mouvement. C’est grâce à cette invention
qu’on a pu « prouver que le cheval au galop n’a aucune patte au
sol ». Il faut remettre les pendules à l’heure : la première
scène jamais filmée n’était pas une banale sortie d’usine,
mais celle tournée, bien avant et en couleurs, s’il vous
plaît, sur l’essai du « voliplane à double tenture », inventé
par le même Etienne-Jules.
La brève interview de Cédric Klapisch à la fin du court-
métrage dissipe les doutes sur l’authenticité de sa
restauration : « Le film n’est ni vrai, ni faux… bien au
contraire ! ».
Leçon de cinéma (51’56”)
Onze ans après le tournage du film, Cédric Klapisch rappelle
que le thème central de « Riens du tout » l’individu et le
groupe a continué d’être le leitmotiv des films qui ont suivi
(Le péril jeune, 1994, Chacun cherche son chat, 1996,
Un Air de famille, 1996, Peut-être, 1999, etc.).
Le réalisme des décors (un véritable grand magasin, les
transports parisiens…) sert le parti pris d’essayer de
filmer le quotidien, derrière la stylisation inévitable de la
mise en scène.
Les commentaires intelligents du réalisateur sont complétés
par les réflexions et les anecdotes de Jackie Berroyer, co-
signataire de l’adaptation et les dialogues.
Collection MK2 Découvertes
Bandes-annonces de 11 films de la collection (voir liste sur
notre fiche du DVD).
Une compression sans grand reproche : l’image est propre, avec, toutefois, un très léger fourmillement, à peine discernable. Les couleurs sont flatteuses.
La bande son est claire, dans l’ensemble. Le niveau parfois trop élevé des bruits d’ambiance rend assez difficile la compréhension de certains dialogues. La spatialisation manque également de cohérence. Mais, rassurez-vous, rien de vraiment gênant.