Le Temps de l'aventure (2013) : le test complet du DVD

Une journée. Un train. Deux inconnus. Des échanges de regards, le coeur qui bat. Le regarder partir, le perdre à tout jamais ou s’offrir au temps de l’aventure ? Et si la vie d’Alix basculait…

Jérôme Bonnell est l’un de nos jeunes cinéastes les plus précieux. Révélé par Le Chignon d’Olga en 2002, le réalisateur aura ensuite très vite imposé son immense sensibilité avec Les Yeux clairs en 2005, J’attends quelqu’un en 2007 et La Dame de trèfle, injustement passé inaperçu en 2010.

Avec Le Temps de l’aventure, il signe son plus beau film, une magnifique et délicate histoire d’amour vraisemblablement inspirée du chef-d’oeuvre de David Lean, Brève rencontre. Jérôme Bonnell se penche sur la passion amoureuse à travers un pudique, émouvant, drôle, romanesque, burlesque et captivant portrait de femme, une comédienne de théâtre interprétée par Emmanuelle Devos pour qui le film a été écrit.

Le metteur en scène la filme sous tous les angles, capte ses sourires, sa tristesse, sa beauté, son corps en mouvement permanent, sa sensualité. Cet hymne à la femme et à l’actrice subjugue du début à la fin. Le spectateur est mis en position de témoin devant la naissance d’un amour, un coup de foudre immédiat entre Alix et un homme mystérieux qu’elle rencontre dans un train, incarné par Gabriel Byrne, et suit ces personnages pendant une seule journée, celle du premier jour de l’été, durant laquelle le temps semble suspendu.

Loin de leurs repères habituels, lui l’anglais loin de sa famille, elle de passage sur Paris pour voir son amant qui n’est pas chez lui, les deux personnages semblent finalement plus libres à se laisser porter par leurs sentiments immédiats, même s’ils ne peuvent retarder indéfiniment leurs trains. Avec sa mise en scène fragile, charnelle et libre, ses dialogues soignés, la pure alchimie de son couple principal à laquelle s’accordent les compositions de Vivaldi, Le Temps de l’aventure s’impose comme un grand, un très grand film porté par la grâce.

La jaquette restitue le visuel de l’affiche du film. Le menu principal reprend l’interface classique chère à France Télévisions. Animé et musical, l’ensemble demeure efficace.

Outre la bande-annonce, l’éditeur joint deux superbes interviews avec Jérôme Bonnell (13’) et Gabriel Byrne (12’). Le premier évoque posément sa collaboration avec Emmanuelle Devos, qu’il avait déjà dirigée dans J’attends quelqu’un et pour qui le rôle a été spécialement écrit dans Le Temps d’une aventure. Le réalisateur revient également sur l’entente entre les deux comédiens, le tout étant illustré par quelques images issues du tournage et des prises ratées.

Le comédien se souvient quant à lui de sa rencontre avec Emmanuelle Devos, qui comme dans le film s’est déroulée le premier jour de tournage comme le souhaitait l’acteur pour préserver le mystère. Gabriel Byrne dévoile ensuite comment il a créé son personnage, ainsi que son travail avec Jérôme Bonnell.

Le Temps de l’aventure jouit d’un superbe et éclatant master, le piqué est vif et acéré, la colorimétrie riche et les contrastes denses. Malgré de sensibles fourmillements, la définition demeure quasiment irréprochable y compris sur les mouvements vifs de la caméra, les noirs sont concis, la propreté est indéniable, les détails impressionnants sur les gros plans. En dépit de quelques séquences trop douces, nous n’hésitons pas à mettre un joli 4/5 en raison de la clarté d’ensemble, de la vivacité de la colorimétrie et du respect des volontés artistiques du chef opérateur Pascal Lagriffoul, collaborateur habituel de Jérôme Bonnell.

Les dialogues sur la piste DD 5.1 manquent quelques fois de punch mais l’environnement musical est plaisant et bien présent. Si le caisson de basses est aux abonnés absents, la spatialisation demeure concrète sur toutes les séquences en extérieur et le confort acoustique certain. Aucune trace de la piste Stéréo indiquée sur la jaquette.

Nous trouvons également une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Céline Nieszawer/Le Pacte