Les Chevaux de Dieu (2012) : le test complet du DVD

Réalisé par Nabil Ayouch
Avec Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid et Hamza Souidek

Édité par France.TV Distribution

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Le 22/10/2013
Critique

Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l’armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs « frères ». L’Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyrs…

Librement inspiré des 5 attentats terroristes survenus le 16 mai 2003 à Casablanca ayant fait plus de 40 morts et plus d’une centaine de blessés, Les Chevaux de Dieu du réalisateur franco-marocain Nabil Ayounch, se focalise tout d’abord sur l’enfance des kamikazes dans le bidonville local de Sidi Moumen (dont ils sont tous issus), puis sur leur adolescence, et enfin sur leur endoctrinement qui a fait d’eux des bombes humaines.

Le cinéaste livre son interprétation sur les vingt années d’engrenages qui ont mené à ces évènements tragiques, sur ce qui a pu pousser ces jeunes hommes désoeuvrés, en manque de repères et de figure paternelle, à donner leur vie pour cette idéologie que les intégristes radicaux, profitant de leurs fragilités, leur ont implantée dans le cerveau jusqu’à en faire des martyrs en leur promettant de se prélasser dans les délices des jardins d’Eden.

Nabil Ayounch ne juge ni ne condamne ses personnages, les victimes étant des deux côtés. Egalement adapté du livre de Mahi Binedine intitulé Les Etoiles de Sidi Moumen, Les Chevaux de Dieu a été tourné dans un véritable bidonville, loin de toute notion d’urbanisme - certains kamikazes âgés d’une vingtaine d’années n’avaient d’ailleurs jamais vu Casablanca - grâce à certains comédiens professionnels et directement avec les habitants.

Aussi puissant et complexe - mais toujours limpide - que La Désintégration de Philippe Faucon, sans concessions, avec ses dialogues percutants, une mise en scène constamment inspirée et même empreinte de lyrisme, une violence sèche, une interprétation sensationnelle de réalisme qui fait froid dans le dos jusqu’au dernier plan qui nous laisse pantois, l’oeuvre de Nabil Ayounch est essentielle, foudroyante et brûlante d’actualité.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,0 / 5

En plus de la bande-annonce, nous trouvons un excellent making of (30’) donnant principalement la parole au réalisateur Nabil Ayounch et constitué de multiples images de tournage. Posément, le metteur en scène aborde tous les aspects de son film : sa genèse, l’approche documentaire ayant conduit à l’approche fictionnelle, la découverte des bidonvilles, les partis pris formels et esthétiques, le travail avec les comédiens professionnels ou non, ses recherches auprès des victimes, des familles et des survivants des attentats de 2003, l’évolution du scénario. Un parfait complément après visionnage du film.

Image - 4,0 / 5

L’éditeur restitue parfaitement les volontés artistiques originales, à savoir une première partie marquée par une superbe luminosité, des couleurs chaudes, très saturées et colorées, qui s’éteignent progressivement à mesure que les années passent et que les personnages se rapprochent de la mort, jusqu’à des teintes ternes et neutres. L’encodage demeure solide et bétonne la mise en scène caméra à l’épaule, un léger grain se fait ressentir tout du long et les plans larges ne sont pas déplaisants. Seules les séquences sombres s’accompagnent de légers fourmillements.

Son - 4,0 / 5

Les versions française et originale sont disponibles en Dolby Digital 5.1. Le changement d’une piste à l’autre est impossible pendant le visionnage et les sous-titres français sont imposés. Le mixage 5.1 créé un espace d’écoute fort appréciable, restituant les nombreux dialogues avec clarté, des effets exsudés avec force par les frontales, tandis que les latérales soutiennent l’ensemble dans les moments opportuns. La spatialisation musicale est concrète et toutes les conditions sont remplies pour profiter pleinement du film. En revanche, la version française manque de naturel, tant au niveau du doublage que du point de vue technique avec des effets et voix qui semblent « rajoutés » sur les latérales.

Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme.

Crédits images : © FTD

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm