HeadHunters (2011) : le test complet du DVD

C’est sa petite taille qui a certainement conduit Roger à épouser une femme qui la dépasse d’une tête, à craindre qu’elle lui préfère un autre homme, cette jalousie sous-jacente allant jusqu’au refus d’avoir un enfant pour ne pas s’exposer au risque qu’un fils lui ravisse la primauté dans le coeur de son épouse. Pour garder son affection, il la couvre de cadeaux coûteux en arrondissant son salaire de chasseur de têtes pour un cabinet de recrutement par le vol de tableaux.

Jo Nesbø est l’auteur d’une collection de polars dont le personnage principal est Harry Hole, un policier accro à l’alcool et au tabac, à l’instar de son collègue suédois le commissaire Wallander dont les enquêtes ont été adaptées pour la télé dans deux séries, l’une suédoise, l’autre britannique.

HeadHunters (Hodejegerne en norvégien) est l’adaptation du roman éponyme, sans Harry Hole. Le scénario, fidèle au roman, exploite l’idée d’un engrenage qui entraîne « le héros malgré lui » de Charybde en Scylla, reprise par des films aussi différents que La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock ou After Hours de Martin Scorsese.

Dans son activité clandestine de voleur d’oeuvres d’art, Roger ne laisse rien au hasard : tout obéit à une dizaine de règles qui le mettent à l’abri d’être pris sur le fait. Cette obsession pour l’organisation, cachant bien entendu l’anxiété du personnage, est un des ressorts dramatiques du film qui le montre, scène après scène, de plus en plus accablé par une succession de circonstances fâcheuses. Un autre soutien de la tension du récit est le contraste entre la fragilité interne de Roger et la cruelle froideur de son antagoniste, Clas Greve, un ex-mercenaire, une vraie machine à tuer, incarné par Nikolaj Coster-Waldau, le Jaime Lannister de Game of Thrones.

HeadHunters, en donnant un portrait assez précis du personnage central favorise l’empathie du spectateur envers Roger Brown, brillamment interprété par Aksel Hennie (Max Manus : mission sabotage), présent dans tous les plans.

Le scénario, construit avec malice, égare habilement le spectateur sur la déloyauté des proches de Roger. L’alternance de l’atroce et du burlesque, un implacable enchaînement des péripéties qui ne laisse aucune place à l’ennui, crée un genre hybride où l’on retrouve les ingrédients du thriller, du film d’horreur assaisonnés d’un humour granguignolesque.

Une fois encore, ce film, soigneusement réalisé, démontre qu’on peut faire du bon cinéma avec un budget modeste.

Un menu original avec une séquence en noir et blanc où Roger, à l’oeuvre sous un masque, rappelle les règles essentiel du fric-frac réussi. Version originale en norvégien (avec sous-titres français imposés) et doublage français, les deux offrant le choix de format audio DD 5.1 ou DD 2.0. Sous-titres pour malentendants.

En supplément, un documentaire de tournage de 21’45” donne la parole aux principaux artisans du film et aux acteurs pour des considérations d’un intérêt moyen. Un moment fort avec le regard porté par Morten Tyldum sur le rôle du réalisateur : « Il ne fait rien ; on a des photographes, des acteurs, des scénographes, des acteurs qui font le boulot. Nous, on est là juste pour donner une direction, un objectif à atteindre et pour motiver l’équipe. » Le court métrage donne cependant un assez bon aperçu des effets spéciaux.

L’image, capturée par une caméra digitale, est précise, avec des noirs très denses, bien contrastée légèrement désaturée dans les scènes sombres. Difficile de faire mieux avec un DVD.

Le son, lui, est perfectible. Il produit une image un peu étriquée, essentiellement en raison d’un spectre sonore étroit, concentré sur le medium, trop pauvre aux extrémités sur spectre, particulièrement dans le grave. Léger manque de dynamisme et spatialisation trop discrète.

Crédits images : © TF1 Vidéo