Réalisé par Costa-Gavras
Avec
Ulrich Tukur, Mathieu Kassovitz et Ulrich Mühe
Édité par Pathé
Le lieutenant Kurt Gerstein (Ulrich Tukur), médecin, a passé
quelque temps en prison pour avoir affiché son opposition au
régime nazi. Avec le soutien de son père, il a cependant été
incorporé dans les Waffen SS, en qualité de spécialiste de la
désinfection des casernes. Au cours d’une mission en Pologne,
il découvre avec horreur l’extermination des Juifs, à l’aide
d’un des produits de désinfection qu’il a fait fabriquer. Pour
alerter l’opinion internationale, il demande à l’ambassade de
Suède une réaction officielle. En vain.
Il alerte alors le nonce du Vatican à Berlin, qui l’éconduit.
Mais, Riccardo Fontana (Mathieu Kassovitz), jeune jésuite
détaché à la nonciature, promet d’exhorter le Pape à dénoncer
le génocide. Mais n’y parviendra pas, même avec le témoignage
de Kurt. Riccardo, étoile jaune sur la soutane, embarque alors
dans un convoi de 1.000 déportés juifs romains ; son habit lui
épargne la mort : il est affecté aux fours crématoires.
Kurt rejoint les troupes françaises auxquelles il remet un
dossier contenant des preuves formelles de l’existence des
camps d’extermination et des statistiques mesurant leur
efficacité. Malgré cela, il sera incarcéré avec un lourd
dossier d’accusation, jusqu’à ce qu’il soit retrouvé pendu
dans sa cellule…
Le récit, un peu lent parfois, est sobre (rien n’est montré
des atrocités des camps), scandé par le passages des trains,
pleins à l’aller, vides au retour, et par une belle musique
originale, de facture classique, d’Armand Amar.
Après Z (1979) « L’aveu » (1970) et « État de siège »
(1973), Costa-Gavras signe là un autre « film réquisitoire »
dont il s’est fait une spécialité.
Bonne qualité de l’image et du son. Suppléments généreux (dont
deux passionnants) sur le deuxième DVD.
Le choix des options du menu principal n’est pas évident :
difficile, au premier contact, de savoir où la touche « entrée »
de votre télécommande va vous conduire !
Découpage en 25 chapitres (sur 7 pages), repérés par des
vignettes animées en noir et blanc et des intitulés.
Pour le film, choix entre deux versions audio (version
originale en anglais et version doublée en français) toutes
deux au format Dolby Digital 5.1. On ne peut pas changer de
version audio ou de sous-titres à la volée.
Les sous-titres français sont, fâcheusement, imposés
(Toutefois, si vous avez un lecteur Philips DVD 957, la
recette détaillée dans la rubrique Généralités de la critique
du film Bad Luck ! vous permettra de vous en
débarasser).
Les suppléments sont en version originale sous-titrée ou
commentés et traduits simultanément en français, sauf les
extraits de scènes du « Making of ».
DVD 1 :
Commentaires du réalisateur et du scénariste (Jean-
Claude Grumberg, également auteur du scénario du
Le Dernier métro de François Truffaut), en français, axés
le plus souvent sur le rappel de faits historiques.
Bande-annonce en anglais, sans sous-titres ; cette
absence n’est guère gênante vu la rareté des dialogues, et une
bande-annonce en français.
DVD 2 :
Une remarque préliminaire sur le temps d’accès au menu
principal des bonus : 70 secondes, pas une de moins ; c’est
bien long, en dépit de la qualité du fond musical !
Biographies succinctes de Costa-Gavras, Jean-Claude
Grumberg, Armand Amar (dont on nous dit qu’il a composé plus
de 50 pièces pour des chorégraphies contemporaines), Mathieu
Kassovitz, Ulrich Tukur, Ulrich Mühe, Michel Duchaussoy, Ion
Caramitru et Marcel Iures (interprète de Pie XII).
Making of (4/3, VOST, 35’, et non 45’ comme indiqué sur
la jaquette !) : scènes de tournage (en Roumanie, à partir de
janvier 2001), interviews de Ulrich Tukur (en anglais) et de
Mathieu Kassovitz et Jean-Claude Grumberg (en français) ; les
extraits de scènes sont présentés en anglais, sans sous-
titres.
Reportages :
1. de Kurt Gerstein à Ulrich Tukur (4/3, VOST, 16’55”) : le
personnage principal du film, le lieutenant des Waffen SS,
nous est présenté de manière émouvante par son interprète :
photos de famille, enregistrement de sa voix…
2. interview de Mathieu Kassovitz (4/3, VOST, 7’51”)
reprenant, malencontreusement, une séquence déjà utilisée dans
le « Making of ».
3. Témoignage chrétien : reproduction du dossier publié par
l’hebdomadaire le 23 février 2002, à l’occasion de la sortie
du film. Présenté sous forme de déroulants (pendant 22’) le
dossier contient des déclarations et témoignages à charge et à
décharge, dont l’appréciation, portée par l’historien François
Bédarida, du message de Noël 1942 de Pie XII, retransmis dans
le film : « la formulation en est si enveloppée que, mis à part
les dirigeants hitlériens, qui ont immédiatement décodé le
message et fait savoir leur mécontentement, le sens et la
portée du texte ont échappé à l’immense majorité ». Il faudra
attendre l’ouverture des archives du Vatican, en 2005, pour
connaître les raisons qui l’ont poussé à une telle réserve.
4. Pie XII, les Juifs et les nazis (4/3, 58’41”) Ce
remarquable documentaire de la BBC (commenté en français avec
traduction simultanée des interviews) s’ouvre sur la fumée
blanche qui annonce l’élection de Pie XII, 6 mois seulement
avant que la guerre n’éclate. Dans leurs déclarations, les
témoins de cette époque confirment que le Vatican était
parfaitement informé, par les nonciatures des pays d’Europe
centrale, des exactions commises par les forces hitlériennes
contre l’église catholique, notamment en Pologne, et de
l’extermination systématique des Juifs, hommes, femmes et
enfants.
Effets spéciaux : rien ou presque derrière ce titre
alléchant, si ce n’est quatre courtes séquences muettes, sur
fond musical et sans aucun commentaire ; le train (1’40”), les
camps (45”), intérieurs voitures (1’42”) et le Vatican
(1’57”).
L’image du film est remarquable avec un soin particulier porté
à l’étalonnage des couleurs, opposant les tons chauds des
scènes (prétendument) tournées au Vatican à la froideur glacée
des autres scènes.
Il faut toutefois fustiger la mauvaise qualité de reproduction
de certains des extraits du dossier de Témoignage chrétien.
Le son est clair avec beaucoup de relief, dans chacune des deux versions audio ; sa finesse valorise la musique originale.