Le Mystère d'Oberwald (1980) : le test complet du DVD

Mistero di Oberwald, Il

Réalisé par Michelangelo Antonioni
Avec Monica Vitti, Paolo Bonacelli et Franco Branciaroli

Édité par Carlotta Films

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Le 08/10/2013
Critique

Sébastien, un jeune poète révolutionnaire, s’introduit au château d’Oberwald pour commettre un attentat contre la reine du royaume. Blessé par les gardes, il s’évanouit aux pieds de celle-ci, qui le dissimule dans sa chambre. Vivant recluse depuis l’assassinat du roi, la reine ne demande qu’à connaître un sort similaire à celui de son mari. Elle propose alors un pacte au jeune homme : elle le gardera trois jours à son service, durée au cours de laquelle il devra la tuer, sans quoi elle le livrera au chef de la police, l’ignoble comte de Foehn. Ils tombent cependant rapidement sous le charme l’un de l’autre…

Blow-Up (1966), Zabriskie Point (1970), Chung Kuo, la Chine (1972) et Profession : reporter (1975) ayant été tournés en dehors de l’Italie, Michelangelo Antonioni fait son grand retour dans son pays natal par la petite lucarne en 1980 avec Le Mystère d’Oberwald. En effet, en compagnie de son fidèle collaborateur Tonino Guerra et sur une demande de Monica Vitti, il adapte L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau (1946), déjà transposé au cinéma par le réalisateur lui-même en 1948 avec Edwige Feuillère et Jean Marais. Si le cinéaste accepte de mettre en scène l’histoire classique du Mystère d’Oberwald c’est parce qu’il souhaite expérimenter le tournage en vidéo.

Armé d’une console qui lui permet d’agir directement sur la couleur, Michelangelo Antonioni nimbe ses personnages dans des atmosphères chromatiques spécifiques en fonction de leurs humeurs et de leurs sentiments, à l’instar du perfide chef de la police, le comte de Foehn, toujours plongé dans un halo bleu-violacé qui le suit en fonction de ses déplacements, reflétant ainsi ses malveillantes intentions. Les décors et les costumes sont volontairement dépouillés afin que les spectateurs se concentrent avant tout sur les enjeux dramatiques, les regards et les gestes des protagonistes, les dialogues, bien que chargés, sont également limpides, Monica Vitti est impériale.

Ici, l’unité de temps et de lieu tiennent une grande place dans l’intrigue, un conte quasi-onirique à travers lequel il n’est pas interdit de voir un reflet de l’Italie de la fin des années 1970, encore marquée par l’enlèvement puis l’assassinat d’Aldo Moro par le groupe terroriste d’extrême gauche des Brigades rouges deux ans auparavant… et bien avant l’attentat de la Piazza Fontana de Bologne.

Aujourd’hui, Le Mystère d’Oberwald demeure un objet de curiosité, le film le plus atypique et austère de son auteur, le moins aimé aussi peut-être, les deux heures peuvent paraître longues, mais cette oeuvre singulière reste également toujours aussi novatrice.

Présentation - 3,5 / 5

Le visuel de la jaquette est plutôt attractif et la sérigraphie du disque est dans le même ton. Le menu principal reprend la même photo de Monica Vitti et se révèle fixe et musical.

Bonus - 2,5 / 5

L’éditeur joint une excellente présentation du téléfilm de Michelangelo Antonioni par Aurore Renaut, enseignante en cinéma italien à l’Université de Paris VIII. Oberwald onirique (18’) s’attarde notamment sur la genèse du Mystère d’Oberwald, l’adaptation ou plutôt la transposition de la pièce de Jean Cocteau L’Aigle à deux têtes, ainsi que sur l’expérimentation du cinéaste sur la couleur et le support vidéo. Quelques photos de tournage dévoilent l’envers du décor.

Image - 2,0 / 5

Nous avons affaire à une image très particulière et difficile à critiquer. En effet, tourné pour la RAI, Le Mystère d’Oberwald a été filmé en vidéo puis transféré par technologie laser sur une pellicule 35 mm. En résulte une copie plutôt propre certes, mais souvent illisible durant la première partie du film où semblent s’agiter des ombres, la gestion du grain est complètement aléatoire, celle des contrastes est inexistante, les fourmillements sont légion, c’est trouble, c’est flou. Michelangelo Antonioni agissait sur le traitement des couleurs directement sur le plateau, au moment des prises de vues. Les gammes chromatiques bavent, dégoulinent même, les teintes rouges, bleues, vertes, violettes nous font pleurer des larmes bariolées. Vous êtes prévenus, c’est expérimental, cela fait souvent mal aux yeux, il y a de quoi être interloqué, mais c’est le prix à payer pour pouvoir dire après que vous avez vu cette oeuvre de Michelangelo Antonioni avec ses partis pris esthétiques originaux.

Son - 3,0 / 5

Seule la version originale sous-titrée en français est disponible. Le confort acoustique est probant avec une restitution somme toute agréable des dialogues. L’ensemble est propre, simple mais efficace, même si le volume tend à baisser au cours d’une même séquence.

Crédits images : © Carlotta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm