Réalisé par Abel Ferrara
Avec
James Russo, Richard Panebianco et Sari Chang
Édité par Opening
New York, années 80.
Une boîte de nuit fréquentée par des jeunes. Il suffit que
Tony Monte, livreur de pizza d’origine italienne, danse
quelques mesures avec Tye, d’origine chinoise, pour
déclencher l’hostilité d’une bande de jeunes chinois qui se
lancent aussitôt à sa poursuite, armés de chaînes et de
battes de base-ball ; il leur échappe de justesse en
traversant Canal Street, qui marque la frontière entre
Chinatown et Little Italy.
Non seulement la famille, mais encore les structures du crime
organisé des deux communautés, vont s’opposer à l’idylle des
deux jeunes amants et les conduire inexorablement vers une
fin dramatique.
Avant cette libre adaptation du thème des amours impossibles
à la Roméo et Juliette, moult fois repris au cinéma,
notamment par (Robert Wise, 1960),
Abel Ferrara avait réalisé quelques films de genre, à petit
budget, dont Driller Killer (1979), dégoulinant
d’hémoglobine, quelques épisodes de séries télévisées et même
un film pornographique au titre évocateur du genre (« Nine
Lives of a Wet Pussy », 1976). « China Girl » est sa première
réalisation dans la cadre de l’industrie du cinéma.
Le réalisateur y développe le thème, qui sera repris dans
beaucoup de ses films ultérieurs : celui de la violence
qu’est capable d’exercer la famille, ou plus largement la
communauté ethnique, à l’encontre de l’individu qui serait
tenté de défier ses valeurs de référence.
Les scènes de violence, nombreuses, sont parfaitement
chorégraphiées et filmées, avec des combats projetés en ombre
chinoise (n’était-ce pas l’occasion où jamais ?)
Transparaît dans cet essai toute la maîtrise d’un grand
cinéaste contestataire qui signera, trois ans après, son
premier grand film, The King of New York (1990), qui sera
suivi de beaucoup d’autres oeuvres marquantes, dont le
remarquable Nos funérailles (The Funeral, 1996). Un
manque à combler : « Bad Lieutenant » n’est toujours pas
disponible en Zone 2 !
Des atouts, avec une image et un son propres (pour la version
anglaise seulement ; voir plus loin).
Une faute rédhibitoire : le recadrage au format 4/3 qu’on
devrait bannir à tout jamais (Même Outre-Manche où, voilà
encore une dizaine d’années, on « retaillait » allègrement les
films en pour qu’ils remplissent chaque pouce de l’écran de
la télé, on est devenu respectueux du format original !).
La sérigraphie du disque reprend l’illustration du boîtier
keep case. Seul le menu principal est animé et sonorisé.
Choix entre deux versions : originale en anglais, ou doublée
en français, à éviter, non seulement pour le ridicule du
doublage, mais aussi pour l’épouvantable qualité du son.
Un bon point pour la possibilité de changer de version ou
d’afficher les sous-titres (non imposés) à la volée
(curieusement, le choix des sous-titres n’est pas offert dans
le menu).
Dans une intéressante interview (4/3, 6’23”), Nicole
Brenez, maître de conférence en Études cinématographiques à
Paris I, fait une rapide et intelligente analyse sociologique
du film qu’elle resitue dans la carrière du réalisateur ; ses
propos sont illustrés de quelques extraits de scènes du film.
La qualité du document est bien au-dessus des interviews
classiques souvent limités à un échange de congratulations
entre protagonistes du film. Ça aurait mérité un métrage plus
généreux !
La bande-annonce (VOST, 4/3, 1’22”) est suivie d’un
teaser étique (23”) : trois photos, chacune
accompagnée d’un court slogan !
La filmographie d’Abel Ferrara n’est guère plus
généreuse : elle tient sur une page et elle est incomplète,
bien que cela ne soit pas précisé ; de plus, personne ne
s’est donné la peine d’indiquer le titre original des films.
L’image, est propre, raisonnablement contrastée, bien que les
noirs tirent légèrement sur le gris.
Les scènes de nuit, nombreuses, sont, malgré cela, tout à
fait acceptables.
Un petit effort d’étalonnage des couleurs aurait dû être
entrepris, au moins pour corriger la forte dominante rouge
des visages, en particulier dans les scènes de jour.
Le son Dolby Digital 2.0 de la version originale est propre,
mais contenu dans un spectre étroit. Très honnête, cependant,
pour un film de genre qui a fêté ses 15 ans.
Les choses se gâtent pour la version doublée en français :
graves coupés et aigus saturés. Horrible ! Et la note s’en
ressent (le son de la VO aurait mérité un 4).
Une raison impérieuse, s’il en était besoin, de choisir la
version originale, agrémentée de sous-titres discrets, bien
que parfaitement lisibles.