Réalisé par Ingmar Bergman
Avec
Max von Sydow, Birgitta Valberg et Gunnel Lindblom
Édité par Studiocanal
Une grande ferme isolée, en Suède, au début du XIVe siècle. Karin, une jeune femme, presque encore une enfant, la fille du propriétaire, est chargée d’aller porter des cierges à une lointaine église. En pleine forêt, elle croise deux chevriers qui la violent, la tuent et lui dérobent ses vêtements…
L’écrivain Ulla Izaksson a tiré le scénario de La Source d’une ancienne légende selon laquelle une source aurait surgi de l’endroit où une jeune fille aurait été violée et assassinée. La simplicité du récit, chronologique et inscrit dans un court espace de temps, tranche avec la sophistication habituelle du cinéma bergmanien.
La caméra reste extérieure, sorte de témoin froid qui ne cherche pas à pénétrer l’intimité des personnages, leurs angoisses, leurs doutes. Peu de dialogues, juste un compte-rendu objectif des faits dramatiques.
Cette distance n’empêche pas que l’on retrouve dans La Source les obsessions du cinéaste, l’opposition du bien et du mal, de la perfidie et de l’innocence, fil conducteur de . Ici l’opposition de la sauvagerie des deux chevriers et de l’innocence de Karin : confiante au point de partager son pain avec eux, elle semble incapable de réaliser ce qui lui est arrivé ; désorientée, le regard perdu, elle ne peut que gémir comme un animal blessé.
La culpabilité, autre thème qui hante pratiquement tout l’oeuvre de Bergman, ronge trois personnages : Ingeri, la servante qui accompagnait Karin et n’est pas venue à son secours, Märeta, la mère de Karin, pour des raisons plus obscures, et Töre, son père, en expiation du besoin de vengeance que des tabous religieux n’ont pas réussi à contenir.
Le soin apporté par Bergman à la composition des cadres, à l’éclairage des scènes, à la photo de Sven Nykvist et à la direction des acteurs fait de La Source, une oeuvre très épurée, un des grands films d’Ingmar Bergman. Dominent la distribution, deux figures bergmaniennes, Max von Sydow, hiératique, et Gunnel Lindblom dans une incarnation animale de la servante Ingeri.
Test effectué sur check disc.
Le film est vendu dans un boîtier keep case accompagné d’un livret de 20 pages qui ne nous a pas été communiqué.
Le menu, fixe et muet, propose le choix entre la version originale ou un doublage en français, les deux au format DD 1.0.
Un supplément vidéo de taille, mais qui n’a aucun lien avec le film : le documentaire Fårö dokument filmé en 1969 par Ingmar Bergman sur la petite l’île de Fårö, longue d’une dizaine de kilomètres, ancrée au milieu de la mer Baltique à la pointe septentrionale de l’île de Gotland, battue par les vents et le blizzard en hiver, souvent noyée dans la brume. En dehors de la saison estivale déversant son flot de touristes, l’île est très isolée le reste du temps. L’ennui et la pénurie d’emploi poussent les jeunes à s’exiler. Cette île, sur laquelle il tournera, dix ans plus tard Fårö-dokument 1979, Ingmar Bergman la connaît bien pour avoir choisi de s’y établir et d’y tourner six films : A travers le miroir (1961), Persona (1966), L’Heure du loup (1968), La Honte (1968), Une passion (1969) et Scènes de la vie conjugale (1972). C’est là qu’il mourra le 30 juillet 2007.
L’image de La Source est propre, sans taches ni fourmillement, avec une résolution qui donne une profondeur de champ. De fermes contrastes et des noirs denses mettent en valeur les clairs-obscurs des scènes d’intérieur. Un seul petit reproche pour les blancs très légèrement brûlés dans les scènes les plus éclairées. La première séquence, celle où Ingeri éclaire la pièce au petit matin en ravivant le feu, permet d’apprécier le progrès sur la, pourtant, honorable édition Opening de 2001.
En revanche, l’image du documentaire sur l’île de Fårö n’est pas de la même eau : si les couleurs sont restées assez vives, elle souffre d’une définition insuffisante qui affecte la lisibilité des arrière-plans, ce qu’aggravent un fourmillement incessant et une tendance des noirs à se boucher. Mais de magnifiques gros plans sur les visages burinés et les mains calleuses de paysans dans la cérémonie d’abatage et du dépeçage d’un cochon font vite oublier ces défauts.
Le son mono (DD 1.0) assure une bonne restitution des dialogues. Le spectre ouvert et la quasi-absence de saturations profitent à l’accompagnement musical d’Erik Nordgren (Le Septième sceau et 16 autres films de Bergman). Pas vraiment gênant, un léger souffle ne se fait entendre que dans les moments de silence. La mono s’avère être une meilleure option que celle du remixage Arkamys 5.0 de la version originale de l’édition Opening.
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